Erreur médicale et rapports sexuels
Un chirurgien genevois a-t-il abusé de sa patiente?

Un chirurgien genevois aurait non seulement mal soigné une patiente, mais aussi profité de son statut pour avoir des rapports sexuels avec elle. Il fait désormais l'objet d'une enquête pour soupçons d'erreur médicale et abus de détresse.
Publié: 03.04.2024 à 18:32 heures
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Un chirurgien genevois est accusé d'avoir opéré une patiente inutilement.
Photo: KEYSTONE/GAETAN BALLY
Natalie Zumkeller

Tout a commencé par une chute apparemment anodine: lorsqu'une dame âgée a bousculé Jacqueline N.*, avec son caddie, faisant tomber la femme de 37 ans. Alors que Jacqueline se sentait bien en se relevant, elle a rapidement remarqué des douleurs de plus en plus fortes au niveau des hanches. Son médecin l'a donc envoyée chez un chirurgien. Jacqueline explique à la «Tribune de Genève», qui a révélé l'information, qu'une «intimité romantique» s'est développée entre elle et le chirurgien – ce qui a compliqué la situation.

Mais comme son état ne s'améliorait pas malgré la physiothérapie et d'autres traitements, son chirurgien lui a conseillé de se faire opérer fin 2021. A-t-elle été informée des risques d'une telle intervention? Le manque de réponse à cette question révèle un autre point litigieux. 

L'opération a néanmoins eu lieu en novembre 2021. Alors que Jacqueline se remettait de l'intervention, la patiente et son médecin se sont de plus en plus rapprochés. «La frontière était floue parce que j'avais toujours besoin de lui comme médecin», a expliqué l'intéressée. C'est ainsi qu'en décembre 2021, ils ont d'abord eu des rapports oraux, puis des rapports sexuels.

«J'étais à sa merci»

La victime raconte qu'elle exclut la thèse du viol, mais qu'elle se sentait comme une «poupée sexuelle», car elle souffrait toujours de fortes douleurs et ne pouvait se déplacer que de manière très limitée. Le chirurgien aurait été surpris par la persistance de ses douleurs au lieu de les prendre au sérieux. Il lui aurait cependant conseillé de s'armer de patience puisque l'opération était d'après lui à 100% «la solution». Il lui aurait assuré qu'elle serait complètement guérie en deux mois... mais Jacqueline souffrait de plus en plus.

Ce n'est que lorsque son os de la hanche s'est brisé à la mi-février 2022 que leur relation a pris fin. Auparavant, elle ne pouvait pas se séparer de lui. «Il était conscient qu'en raison de mon état de santé, je n'étais pas en mesure de sortir de cette relation», a-t-elle expliqué à la police. «J'étais à sa merci», appuie-t-elle. Alors qu'elle se sentait «laide, handicapée et faible», il lui donnait le sentiment d'être désirée. Selon Jacqueline, il a profité sans vergogne de sa situation de détresse.

Une enquête est en cours

Le parquet enquête à présent sur des soupçons d'erreur médicale et d'abus de détresse. L'avocat responsable accuse le chirurgien d'avoir pratiqué sur Jacqueline «une intervention sur la hanche qui n'était pas médicalement nécessaire». L'affaire a été découverte en novembre 2023 par le psychiatre de Jacqueline. Après que la patiente a évoqué un «abus d'autorité», il a écrit une lettre aux autorités compétentes. Jacqueline souffre de stress post-traumatique, d'une immense souffrance physique et psychique et de pensées suicidaires. Alors que le chirurgien admet la relation, il nie toute forme de contrainte, comme tout le reste des accusations.

Les dommages causés par l'opération inappropriée étant irréversibles, Jacqueline doit à présent se soumettre à une opération de remplacement de la hanche. La date du procès n'est pas encore connue.

*Nom modifié

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