Les habitants à bout
A cause d'une épicerie à l'abandon, cette ville suisse empeste

Une épicerie à l'abandon provoque l'ire des habitants de Suhr, en Argovie. De la marchandise avariée est visible à travers les vitrines. Le gérant du magasin est, lui, actuellement en prison. Indisposés par la puanteur, les riverains dénoncent l'inaction des autorités.
Publié: 10:23 heures
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Dernière mise à jour: 13:45 heures
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«C'est le bordel», s'insurgent les riverains. Blick a reçu plusieurs photos de lecteurs semblables. Elles ont été prises de l'extérieur du magasin, à travers les vitrines.
Photo: Leserreporter
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Ralph Donghi

Aux abords de la rue de la are à Suhr, en Argovie, de nombreux commerçants, riverains et passants se pincent le nez. En cause, des produits avariés qui s'accumulent au sein d'une petite épicerie visiblement abandonnée. Et comme les vitres du magasin n'ont pas été recouvertes, le chaos qui règne dans l'échoppe apparait aux yeux de tous.

«C'est dégoûtant. C'est une honte pour cette belle rue», s'agacent les habitants, lorsque Blick se rend sur place après avoir reçu diverses photos de l'épicerie de la part de lecteurs. «Ça sentait parfois tellement fort ici que je ne pouvais même pas allumer la ventilation», déclare un voisin, atterré.

Le responsable du magasin arrêté

Blick apprend que le gérant, Ahmet T.*, aurait été arrêté le 29 janvier 2025 dans son magasin. Peu après, des inconnus auraient vidé les lieux de tous les objets de valeur. Les raisons de cette arrestation? A la rue de la Gare, personne ne le sait. Interrogée par Blick, son épouse confirme l’arrestation, mais refuse d’en dire davantage.

Le Ministère public argovien précise: «L’intervention observée se réfère à une demande d’entraide judiciaire des autorités de poursuite pénale du canton de Berne. » Autrement dit, la compétence et la communication sur cette affaire relèvent des autorités bernoises. Problème: la police cantonale bernoise refuse de s’exprimer sur le cas d’Ahmet T., invoquant « des raisons de protection de la personnalité et des données ».

L'enquête se poursuit

D'autres recherches menées par Blick révèlent qu'Ahmet T. a été interpellé à la demande du Ministère public chargé de tâches spéciales du canton de Berne. L'homme est visé par une procédure en cours pour infraction à la loi fédérale sur les jeux d'argent et se trouve actuellement en détention préventive. L'enquête est toujours en cours.

Et le magasin délabré ? «Nous ne comprenons pas pourquoi il n’a toujours pas été vidé», s’indignent plusieurs personnes sur place. Toutes préfèrent garder l’anonymat.

Portes closes

Il y a quelques semaines, l’Office de la protection des consommateurs du canton d’Argovie a tenté un contrôle de routine dans l’échoppe. Mais face à des portes closes, il n’a pas pu aller au bout de sa mission. Depuis, il a cherché à joindre l’exploitant à plusieurs reprises, sans qu’il soit possible de savoir si un contact a finalement été établi.

«L’office contrôle régulièrement les entreprises alimentaires en activité », indique à Blick le Département de la santé et des affaires sociales du canton d’Argovie. Les mesures prises varient selon la gravité des manquements et le risque pour la population. 

Dans des cas exceptionnels, il peut aussi inspecter un établissement déjà fermé, en cas de danger potentiel, et avec l’appui de la police. «Dans le cas présent, il n’y a pas de danger actuel», estime le département de la Santé.

Un constat que les riverains de l’épicerie laissée à l’abandon contestent vivement: « Pour nous, ici, c’est le bordel. Et personne ne fait rien!»

Des mesures prises

Le propriétaire de l'immeuble ou la gérance compétente pourraient également prendre des mesures. «Pour des raisons de protection des données, nous ne pouvons pas donner d'informations sur les questions de droit de location. Il en va de même pour ce cas précis», déclare la gérante des lieux. Elle laisse tout de même entendre que les mesures nécessaires ont été prises afin de résoudre cette situation.

Mercredi 13 mars au soir, le magasin était toujours à l'abandon. Ahmet T. bénéficie quant à lui de la présomption d'innocence.

* Nom modifié

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