C'est le pire cauchemar de tous les propriétaires de chiens: attacher son animal devant l'entrée d'un magasin, revenir, et constater qu'il a disparu. En réalité, les animaux domestiques sont dans le viseur des voleurs en Suisse, notamment parce que certaines races ont une grande valeur, ou pour exploiter la relation émotionnelle entre le chien et son maître à des fins lucratives.
Il y a quelques jours, le vol d'un chien devant une Migros à Romanshorn, dans le canton de Thurgovie, a été évité de justesse.
«J'étais horrifiée»
«Le vol de chiens est un problème croissant», déclare l'organisation de protection des animaux Quatre pattes. Sur son site Internet, l'association donne des conseils sur la manière de veiller à la sécurité de son animal, et à raison, car les propriétaires de chiens suisses sont inquiets. A l'instar de Christina Schmid, une retraitée d'Erlinsbach, dans le canton d'Argovie: «Lors de mes courses, je reste très vigilante quand j'attache ma chienne Podengo (une race de chien portugaise) à l'extérieur. Mais jusqu'ici, je n'ai rien remarqué de suspect.»
Pour Sophia Siegenthaler, de Biberstein (AG), ce qui compte avant tout, c'est «qu'on ne laisse pas le chien sans surveillance». Cette propriétaire insiste également sur le fait de ne pas le laisser seul devant un centre commercial, ni dans le jardin lorsque personne n'est à la maison. «Ces vols sont une honte», complète Ursula Brenneisen, qui possède trois chiens, dont un shih tzu et un caniche géant. «C'est horrible de ne pas savoir ce qu'il est advenu de son animal après un vol». Elle préconise donc d'aller faire les courses sans eux, même si cela reste une occasion de les sortir.
Claudia Podaril, qui sort tous les jours son teckel est également choquée par ces incidents. «J'étais horrifiée en apprenant ces nouvelles. Par précaution, je n'attacherai plus jamais mon chien nulle part». Et d'ajouter: «Je ne peux même pas dire ce que je ferais ou dirais si je rencontrais l'un de ces voleurs.»
La peur grandit aussi dans la profession
Même les professionnels sont inquiets. C'est notamment le cas de Manuela Del Medico, éleveuse de Saint-Bernard à Gontenschwil (AG). «De nos jours, le risque que cela se produise est énorme.» Ses animaux courent un peu moins de danger puisqu'ils ont l'avantage de la taille. «On ne peut pas les attraper sous le bras et s'enfuir avec», dit-elle.
En revanche, pour les chiots qui passent leurs journées dans son grand jardin, et qui coûtent chacun un peu plus de 2'500 francs, le risque de vol est plus élevé. C'est pourquoi elle a pris des mesures de précaution: le jardin se trouve à l'arrière de la maison et personne ne peut y accéder facilement. Il y a aussi des caméras et plusieurs protecteurs veillent au grain: «Il y a toujours mes cinq grands chiens qui assurent la garde. »
Elle aussi déconseille d'attacher les chiens devant les magasins. «Ce n'est plus possible de nos jours, parce que le respect envers les animaux s'est considérablement détérioré dans notre société.»