Des chats qui sont négligés, des vaches qui ne reçoivent pas assez de nourriture ou encore des chiens qui sont maltraités: dans de tels cas, l'Office vétérinaire intervient. Et souvent, l'aide décisive vient de la population, grâce à des informations qui mettent en lumière des abus.
Mais ces signalements sont controversés, surtout lorsqu'ils sont reçus sans connaître l'identité du dénonciateur. Certains cantons acceptent désormais les informations anonymes et en font même la publicité. Pour ce faire, les offices vétérinaires misent sur des portails d'annonce qui permettent des signalements sans indiquer son nom.
Alors que d'autres cantons renoncent délibérément aux panneaux d'affichage pour la protection des animaux. Leur devise est simple: pas de signalement sans expéditeur! La crainte principale est que l'anonymat ouvre la porte à d'innombrables dénonciateurs. Les messages seraient alors plus difficiles à vérifier et les fausses accusations pourraient rester sans conséquence lorsqu'elles touchent les propriétaires d'animaux qui doivent se défendre contre des accusations sans fondement.
Un politicien UDC critique le bureau d'annonce bernois
Mais la frontière est mince entre les débordements et la nécessité de signaler est mince. L'Etat déroule-t-il le tapis rouge aux délateurs? Les portails de signalement incitent-ils les citoyens à dénoncer leurs semblables? Ou un signalement anonyme est-il toujours préférable à la souffrance d'animaux qui ne sont pas découverts?
A Berne, cette question suscite la controverse. Le député UDC Samuel Krähenbühl critique le fait que dans son canton, les signalements peuvent être anonymes. Il met en garde: les dénonciateurs pourraient dénoncer les éleveurs pour des «motifs personnels bas». Samuel Krähenbühl rapporte à Blick un cas de son entourage. «Une famille de paysans a été dénoncée anonymement, probablement par une randonneuse. Lorsque l'office vétérinaire s'est présenté pour un contrôle, les accusations se sont révélées totalement infondées», dit-il.
C'est pourquoi Samuel Krähenbühl a adressé une demande au Conseil d'Etat bernois. Celui-ci ne veut toutefois pas renoncer aux déclarations anonymes car ce système correspond à «l'attente de la population pour que les manquements à la protection des animaux puissent être signalés de manière simple».
Une solution pratique pour les proches
Les annonces anonymes permettent également à des personnes proches d'un détenteur d'animaux de signaler des manquements. «Les fausses annonces conscientes ne sont pas fréquentes et peuvent souvent être détectées sur la base des informations contenues dans le formulaire d'annonce», souligne le gouvernement dans sa prise de position. A Berne, en 2023, environ la moitié des annonces concernant les animaux de compagnie ont été faites de manière anonyme, contre un tiers pour les animaux de rente.
A Soleure aussi, les dénonciations sont encouragées. Les autorités font de la publicité auprès de leur service d'annonce: «Une annonce peut aussi être faite de manière anonyme.» De telles annonces sont examinées avec autant de soin que les autres, a déclaré l'année dernière la vétérinaire cantonale Chantal Ritter au «Solothurner Zeitung». «Chaque indication et chaque supposition sont examinées avec le discernement qui s'impose.» Parmi les autres offices vétérinaires qui acceptent les annonces anonymes, on trouve notamment Lucerne et Vaud.
L'anonymat n'est pas souhaité... vraiment?
Ce qui est étonnant, c'est que le canton de Zurich s'écarte de sa propre ligne de conduite. «Les annonces anonymes ne sont pas traitées», peut-on lire sur le formulaire d'annonce du service vétérinaire.
«Le service vétérinaire du canton de Zurich communique certes vers l'extérieur que les annonces anonymes ne sont pas traitées», écrit le gouvernement bernois dans sa prise de position. Les annonces sont néanmoins examinées. En cas de «risque présumé pour le bien-être des animaux», des contrôles sont effectués.
Le service vétérinaire zurichois l'a confirmé. S'il existe des indices d'un risque important, on intervient. «La pratique montre que l'examen d'annonces anonymes permet toujours de libérer des animaux de situations qui menacent leur bien-être», explique une porte-parole.
Le seuil d'inhibition est plus bas pour les signalements anonymes, notamment lorsque la propre famille ou les voisins sont concernés. Toutefois, «l'absence de possibilité de demander des précisions entraîne un taux d'action plus faible pour les signalements anonymes que pour les signalements nominatifs.»
Ils disent non aux signalements anonymes
Les Grisons, en revanche, sont unanimes. L'office compétent précise qu'il «n'entre en principe pas en matière sur les signalements anonymes». En effet, les données de l'auteur de l'annonce font partie de la procédure et il doit être joignable pour d'éventuelles questions. Les autorités assurent toutefois que les données seront traitées de manière aussi confidentielle que possible.
D'autres cantons refusent également explicitement les signalements anonymes, notamment Bâle-Ville, Thurgovie et Appenzell Rhodes-Extérieures. En effet, les informations sans expéditeur sont considérées comme délicates du point de vue de l'État de droit. Ils limitent le droit d'être entendu. Les personnes concernées devraient aussi pouvoir s'exprimer sur le lanceur d'alerte dans le cadre d'une procédure équitable, en particulier après de fausses accusations.