C'est justement au début des vacances sportives que la vague Omicron aura pris de l'ampleur dans le pays: fin janvier, selon les calculs de la Task Force, jusqu'à 30% de la population sera contaminée par le variant. Cela n'entame apparemment pas l'envie des Suisses de pratiquer les sports d'hiver: selon Hotelleriesuisse, l'état des réservations dans les régions de montagne est prometteur. D'après une enquête menée auprès des hôteliers, les réservations sont largement supérieures à celles de l'année précédente.
Pendant les fêtes de fin d'année, les affaires ont déjà été exceptionnellement bonnes. Hôtels, restaurants de montagne, écoles de ski: tous complets! Sauf à Pontresina, dans les Grisons: l'école de ski de Corvatsch-Pontresina a dû annuler tous les cours de ski pour enfants pendant la période la plus lucrative, entre Noël et Nouvel An. En cause, une contagion massive au Covid parmi les moniteurs de ski de l'Engadine. Pas moins de 27 employés sur 100 ont été infectés lors d'un week-end de formation, peu avant Noël. «Et cela, bien que nous ayons strictement appliqué notre concept de protection», souligne Stephan Müller, directeur de l'école de ski concernée.
Cent cinquante enfants ont été concernés par la fermeture. Ils ont été en partie transférés dans la filiale de Silvaplana, située non loin de là. «Et une partie des parents ont ensuite emmené eux-mêmes leurs enfants skier», explique Stephan Müller.
Un risque d'infection plus faible à l'air libre
L'épidémie massive en Engadine rappelle un cas survenu au Tyrol (Autriche). Là-bas, une centaine de professeurs de différentes écoles de ski ont été contaminés en très peu de temps. Les écoles de ski risquent-elles de devenir les nouveaux super-diffuseurs d'Omicron pendant les relâches? Pas du tout, argumente Stéphane Cattin, directeur de l'association des moniteurs de ski Swiss Snowsports: «Nous sommes à l'air libre, le risque d'infection est donc moindre qu'au restaurant par exemple.»
De plus, les écoles de ski édictent de leur propre chef des concepts de protection, et beaucoup misent sur la 3G pour leur personnel. L'école de ski de Corvatsch-Pontresina applique même la 2G parmi ses employés. Pourtant, l'épidémie s'est produite au plus mauvais moment. «Là où les gens se côtoient, les infections ne peuvent malheureusement jamais être totalement évitées. Même les stations de recherche du pôle Sud ont connu une flambée de Covid», explique le directeur.
Si les écoles de ski sont particulièrement touchées, c'est aussi parce que de nombreux moniteurs viennent en montagne en tant que saisonniers, dit-on dans la branche. Ils n'ont pas de logement propre, sont hébergés par des amis et dorment parfois à deux dans une chambre. Et qui ne connaît pas le préjugé selon lequel les moniteurs sont toujours ceux qui fréquentent le plus longtemps les établissements d'après-ski? «Les concepts de protection ne sont valables que pour le temps de travail, explique Stéphane Cattin. Si les moniteurs de ski font la fête ensemble en privé, nous n'avons aucun contrôle là-dessus. Ils sont toutefois conscients de la problématique et nous comptons sur leur responsabilité individuelle.»
«Nous nous en sortons avec les honneurs»
Les parents qui envoient leurs enfants à l'école de ski n'ont pas à s'inquiéter, assurent les responsables. En raison de la pandémie, les écoles de ski renoncent par exemple aux grands rassemblements le matin. «Nous maintenons les groupes aussi petits que possible et évitons les mélanges. Et nous faisons attention à la distance», poursuit Stéphane Cattin. La plupart des clients sont toutefois des enfants. «Dans ce cas, il n'est pas toujours facile de garder ses distances», admet le moniteur de ski en chef. Dans les remontées mécaniques ou lors du déjeuner au restaurant, les concepts de protection habituels avec masques et certificat obligatoire s'appliquent. Alors que les moniteurs ont besoin d'un certificat 3G ou même 2G dans de nombreux endroits, ce n'est pas le cas pour les clients. Même les personnes non vaccinées peuvent venir à une leçon de ski sans test. A moins que l'école ne prescrive explicitement un certificat.
Jusqu'à présent, la vague Omicron n'a en tout cas pas entamé les réservations, les parents semblent faire confiance aux concepts de protection mis en place. «Tant que les domaines skiables restent ouverts et que nous pouvons travailler, nous comptons sur une saison relativement bonne», déclare Stéphane Cattin, plein d'espoir. Certes, de nombreux clients internationaux resteront absents. Mais en temps normal, les écoles de ski accueillent de toute façon 80% d'enfants suisses. «Nous nous en sortons avec un œil au beurre noir», image-t-il.
En revanche, l'école de ski de Corvatsch-Pontresina s'en tire avec plus qu'un léger coquard après l'arrêt de l'activité pendant les fêtes. La structure n'est pas encore en mesure de chiffrer le montant des dommages financiers. «Nous estimons le montant à cinq chiffres», déclare le directeur, Stephan Müller. Une chose est sûre: les moniteurs de ski de l'Engadine ne pourront pas rattraper cette perte. «Les prestataires touristiques sont comme les fleuristes: ce qu'ils ne vendent pas aujourd'hui se gâte et ne revient pas», regrette le directeur. Tous les espoirs de reprise sont désormais tournés vers les relâches de février...
(Adaptation par Yvan Mulone)