Elle ne va pas avec le paysage
Cet agriculteur doit payer 10'000 francs pour détruire sa clôture

A Gachnang (TG), un litige a pris des dimensions absurdes. La démolition d'une «clôture gênante», qui n'a dérangé personne pendant près de 30 ans, coûte désormais plus de 10'000 francs à un agriculteur. La fin du litige avec les autorités ne semble toujours pas prévue.
Publié: 16.11.2022 à 22:04 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2022 à 12:02 heures
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Jürg et Cornelia Leuzinger se tiennent devant la clôture jugée problématique.
Photo: Sandro Zulian
Sandro Zulian

«Je dois payer 10’374.55 francs!», s’insurge l’agriculteur Jürg Leuzinger. La raison en est une clôture de plus de 20 mètres de long faite d’anciennes glissières de sécurité autoroutières. Bien qu’elle soit en place depuis 1991, elle doit maintenant être enlevée. Dans les années 90, le père de Jürg, l’ancien propriétaire, a fait agrandir l’espace derrière sa ferme à Gachnang dans le canton de Thurgovie et y a installé un tas de fumier. Pour sécuriser le tout, il a construit une clôture avec d’anciennes glissières de sécurité d’autoroute. Du recyclage, pour ainsi dire.

La clôture a été livrée par le canton, des représentants de la commune se sont même rendus sur place et ont approuvé la construction. L’administration avait alors déclaré qu’aucun permis de construire n’était nécessaire.

Une avalanche d’oppositions

C'était sans compter sur la voisine. En 2018, une habitante du village a informé la commune de la présence d’une clôture qu’elle jugeait gênante. «Depuis quatre ans, je suis en guerre avec les autorités», raconte Jürg Leuzinger.

Les principaux acteurs de cette histoire sont, outre l’agriculteur et la citoyenne, la commune de Gachnang, le département des constructions et de l’environnement du canton de Thurgovie, l’office du développement territorial et l’office de l’agriculture. Ils ont tous quelque chose à dire sur la clôture de Jürg Leuzinger. Le reproche principal? La barrière serait trop brillante.

Toutes les parties impliquées se sont même déjà rendues sur place en 2020 pour examiner personnellement le mur jugé gênant. A l’époque, selon le procès-verbal du canton, la conversation suivante s’est déroulée depuis la propriété de la villageoise.

  • Jürg Leuzinger: «Je constate que le mur en tôle ondulée ne brille pas du tout.»
  • Représentant de la commune: aucune remarque.
  • Représentant de l’Office du développement territorial: aucune remarque.
  • Représentant de l’Office du développement territorial: aucune remarque.
  • Représentant de l’Office de l’agriculture: aucune remarque.
  • Habitante: «De cet endroit, le mur en tôle est facilement visible. Il ne s’intègre pas du tout dans le paysage.»

Suite à cela, même l’exposition au soleil a été examinée de près par les autorités.

Clôture métallique non, mur en bois non plus

L’Office du développement territorial, division Nature et paysage, a constaté dans un rapport que la clôture ne s’intégrait effectivement pas bien aux paysages de la commune. Les autorités ont, en effet, précisé qu’elles «n’auraient rien à redire à la construction d’un mur en bois ou en béton».

Aussitôt dit, aussitôt fait: Jürg Leuzinger a donc fait disparaître la clôture métallique derrière un mur en bois. Selon lui, il s’intègre mieux dans le paysage, mais aussi, il sécurise la haie en bois qui se trouve derrière.

Tout doit disparaître

Mais une fois de plus, la villageoise a fait appel de cette décision, suite à quoi la commune a envoyé à l’homme de 62 ans une décision d’exécution en septembre de cette année. Tant le mur en bois que la glissière doivent disparaître. Coût de l’opération: 10’374,55 francs.

Mais ce n’est pas tout. Pour le travail bureaucratique que la commune a dû fournir à cause de la clôture, on lui impose encore 2000 francs de frais. L’agriculteur lui-même n’est malheureusement pas tout à fait innocent. En effet, il n’a pas fait appel dans les délais contre une décision datant de 2021, selon laquelle la clôture devrait être définitivement retirée.

«S’il avait fait appel à l’époque, il aurait probablement eu des chances», déclare le maire de la commune de Gachnang, Roger Jung. Avant d’ajouter: «Nous avons des règles auxquelles nous devons nous tenir.»

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