Le retraité Elmar Greif roulait vite. A tel point qu’il s'est fait flasher quatre fois par les radars la même journée. «Pourtant, je ne suis pas un chauffard», assure l'Autrichien d'origine à Blick.
Il avoue toutefois: «Ce samedi de juin, j’étais légèrement en retard à tous mes rendez-vous.» Par rendez-vous, le retraité entend le transport de personnes en situation de handicap. «Je suis chauffeur chez Tixi Zurich, le service de transport pour les personnes à mobilité réduite.» Et bénévolement, souligne le retraité. «Je vais très bien, je suis en forme. Alors je veux rendre service à ceux qui ne vont pas aussi bien.»
Le bien-être de ses clients est une priorité absolue du conducteur bénévole. «Cela me bouleverse quand je pense à une personne en fauteuil roulant qui est déjà prête et qui ne sait pas si son chauffeur va venir ou non.»
Deux flashs en moins d’une minute et demie
Pour éviter ces moments difficiles à supporter, le chauffeur se rend chez une cliente avec sa voiture Tixi le samedi en question. En chemin, il se fait flasher deux fois dans la rue Wolfswinkel à Zurich-Affoltern.
Il se souvient: «J’ai raté une bifurcation. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai fait demi-tour», explique le natif du Vorarlberg autrichien. «Ce n’est qu’à cause de cette manœuvre que j’ai pu être détecté deux fois par le radar dans la même rue en moins d’une minute et demie: à l’aller et au retour.» La vitesse autorisée y est de 30 km/h. Les deux fois, le retraité roulait plus vite.
Elmar Greif n’était pas au bout de ses peines: le même jour il se refait flasher deux fois. Repenti, il admet: «J’aurais dû regarder davantage le compteur de vitesse.»
Son chef, Daniel Stutz, responsable du service des transports chez Tixi Zurich, ne se montre pas trop sévère envers son employé. Il sait que la mobilité est la chose la plus importante pour les clients de Tixi. «Ce sont des personnes qui sont durablement immobiles et qui ne pourront jamais se déplacer dans les transports publics normaux.»
«Si un chauffeur, pour quelque raison que ce soit, n’arrive pas à faire son trajet, objecte le directeur, nous pouvons supprimer une course et la donner à un autre conducteur. Ainsi, le chauffeur en question est déchargé.»
«Les chauffeurs sont aussi des accompagnateurs»
Daniel Stutz souligne: «En tant que chauffeur, on ne doit tout simplement pas se laisser déstabiliser.» Il est toutefois conscient que pour les chauffeurs Tixi, transporter des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental est un grand défi. «Les chauffeurs sont en même temps des accompagnateurs.»
Concernant les incidents de son employé, Daniel Stutz estime qu’il s’agit d'«un malheureux concours de circonstances.» Le chef du service des transports précise: «Qu’un de nos chauffeurs se fasse prendre quatre fois au radar en un jour, je n’ai encore jamais vu cela en dix ans chez Tixi. Nous regrettons beaucoup cet incident.»
Le retraité regrette d’avoir appuyé trop fort sur la pédale. Entre-temps, il a payé les quatre amendes. Trois fois 40 francs et une fois 120 francs. «Je sais que j’ai commis une erreur, assume-t-il, mais j’aurais tout de même souhaité que la police vienne à ma rencontre et fasse preuve de clémence avant de faire passer le droit.»
Contacté par Blick, Marc Surber, de la police municipale de Zurich, objecte qu’il n’est pas possible de tenir compte de la situation qui a conduit au non-respect du Code de la route. «La police ne dispose d’aucune marge d’appréciation à cet égard», explique le porte-parole.
«Un connard égoïste, ignorant et sans scrupule»
Les autorités ont également été sans pitié pour une infraction plus ancienne commise par Elmar Greif. Le retraité raconte: «Une voiture m’a poussé sur l’autoroute. J’ai noté la plaque d’immatriculation. Puis j’ai écrit une lettre anonyme.»
Dans cette lettre, il s’en prend verbalement au chauffard: «Vous, ou celui qui a conduit votre voiture le 14 septembre, êtes un connard imprudent, ignorant et égoïste. La revanche pour le dommage qui m’a été causé se fera tôt ou tard.»
Pour les autorités, il n’en fallait pas plus pour stipuler qu’il s’agissait de menaces! Bien qu’Elmar Greif ait rédigé la lettre de manière anonyme, la police retrouve l’homme. «Ils sont venus me chercher chez moi à 6h45 et ont perquisitionné mon bureau», se souvient le retraité. Ce dernier a été condamné. «Mais je n’étais pas conscient que mes paroles seraient considérées comme des menaces», se défend l’homme de 78 ans.