Elle avait tiré sur une image religieuse
Sanija Ameti rompt le silence et revient sur ses actes

Sanija Ameti revient sur le scandale qui a secoué la Suisse. La coprésidente de l'Opération Libero explique son geste impulsif et ses conséquences. Elle affirme vouloir continuer son engagement politique malgré les critiques.
Publié: 14.12.2024 à 10:32 heures
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Dernière mise à jour: 14.12.2024 à 11:25 heures
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Sanija Ameti prévoit de faire son retour en politique. L'éminente Vert'libérale siège au parlement de la ville de Zurich.
Photo: Keystone
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Sven Altermatt

Après des mois de silence, elle fait son retour: la politicienne Sanija Ameti s'exprime pour la première fois en détail sur les événements qui ont déclenché une tempête médiatique national en septembre. Sanija Ameti avait alors tiré des coups de feu sur une image de Marie et de Jésus.

«Fatiguée et surmenée»

Elle était surmenée et fatiguée ce soir-là, le tir sportif l'aide dans de telles situations, explique Sanija Ameti dans une interview avec CH Media. «Je suis donc descendue à la cave. Devant la porte se trouvait une pile de vieux papiers, tout en haut le catalogue de la maison de vente aux enchères Koller. J'ai arraché n'importe quelle page, je l'ai épinglée au mur, sans réfléchir.»

«
J'ai honte de cette erreur
Sanija Ameti
»

La parlementaire de la ville de Zurich et coprésidente de l'Opération Libero aurait alors pensé à son frère, assassiné avant que la famille ne quitte l'ex-Yougoslavie. «En regardant la photo sur le mur, je ne voyais rien du tout. Je ne ressentais qu'une douleur.»

«J'avais refoulé tout cela, et à ce moment-là, ça a éclaté comme un volcan. Je ne pouvais pas porter cette douleur toute seule et je voulais qu'elle s'arrête. Apparemment, je ne savais pas quoi faire d'autre avec ça que de le poster.» Le téléphone portable se trouvant à proximité, elle a spontanément partagé la photo sur Instagram. «C'était impulsif et irréfléchi», poursuit Sanija Ameti. Selon elle, il ne s'agissait pas d'une provocation, mais d'une erreur. «J'ai honte de cette erreur.»

Un chien l'aide à quitter la maison

Suite à ça, la politicienne a dû supporter un violent scandale médiatique. Aujourd'hui, elle va mieux, compte tenu des circonstances, poursuit-elle dans son interview avec CH Media. «Pendant longtemps, je n'ai pas osé quitter la maison». Aujourd'hui, elle le fait à nouveau, mais au prix de gros efforts. Une aide précieuse: son chien. «Quand il hurle, je n'ai pas d'autre choix que de sortir avec lui.»

La politicienne dit avoir regardé tout ce qui a été écrit sur elle dans les médias. «J'ai des gens dans mon entourage qui voulaient me retirer mon téléphone portable», dit-elle. «Mais je m'y suis opposée». Ce qui a le plus surpris Sanija Ameti: le fait que ce soit justement l'Eglise catholique qui se soit montrée la plus conciliante après l'incident. «C'est justement auprès de l'Église catholique que j'ai trouvé un humanisme qui m'a manqué ailleurs.»

«L'engagement est une partie centrale de mon identité»

Sanija Ameti confirme son intention de revenir à la politique. Elle devrait participer à la séance du conseil municipal de Zurich du 18 décembre, comme montré par les recherches du Blick menées depuis le week-end dernier. Cette annonce a suscité une large incompréhension dans les rangs du parti, du moins en coulisses.

À l'avenir, la politicienne de 32 ans veut établir des limites plus strictes entre sa vie privée et les réseaux sociaux. Elle explique toutefois vouloir rester active sur le plan politique: «Mon engagement est une partie centrale de mon identité». Sanija Ameti précise dans l'interview qu'elle ne veut se retirer ni du parti ni de la politique: «En tant que conseillère municipale élue et coprésidente de l'Opération Libero, je veux remplir mes obligations». À la question de savoir où elle irait si elle était exclue du parti, elle répond: «Je suis verte-libérale et je resterai verte-libérale».

Les relations sont complètement rompues

En septembre, Sanija Ameti avait publié sur Instagram des photos la montrant en train de s'entraîner au tir au pistolet – ainsi qu'une photo de Marie et de Jésus criblée de nombreux coups de feu. Suite à une demande de Blick, elle a supprimé le post et s'est excusée pour son erreur. Mais les médias sociaux se sont enflammés.

Pour la direction du Parti Vert'libéral Suisse, il a été rapidement clair que le maintien de Sanija Ameti nuirait à sa réputation. Le chef du parti Jürg Grossen a exigé son départ. Il a qualifié son action d'«énorme bêtise qui n'est pas excusable».

Protection policière mise en place

Selon des sources bien informées, Jürg Grossen et d'autres cadres du parti ont cherché à discuter avec Sanija Ameti suffisamment tôt et à plusieurs reprises. Mais la Zurichoise aurait refusé de chercher une solution et la situation aurait alors dégénéré. Dans la foulée, elle a perdu son emploi dans une agence de relations publiques et a démissionné de la direction des Verts libéraux zurichois. Suite à des hostilités et des menaces, la politicienne a été temporairement sous protection policière. Elle a conservé son siège au parlement de la ville de Zurich, mais n'a plus participé aux réunions du conseil pendant des mois.

Dans un communiqué, l'Opération Libero a soutenu sa coprésidente. «Sanija porte la responsabilité de ses actes, mais pas de qui elle est», peut-on y lire, «nous avons une responsabilité envers Sanija». L'organisation ajoute qu'elle l'a toujours soutenu et que son état s'est amélioré petit à petit. «Elle a recommencé à manger. Elle a recommencé à sortir dans la rue. Et elle a participé ponctuellement à nos réunions. Nous lui avons laissé du temps et avons protégé son intégrité physique et psychique.»

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