«Cela montre que la Suisse a réagi, ce qui est déjà une bonne chose, glisse à Blick Nicolas Walder. Mais est-ce suffisant? Il va falloir creuser.» Lundi, le conseiller national vert genevois interrogeait le Conseil fédéral concernant le groupe Wagner. Le gouvernement entend-il adopter des sanctions à l’égard du bras armé officieux du président russe et de son supposé financeur, l’oligarque Evgueni Prigojine?
La réponse écrite du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) n’est qu’une demi-surprise. Il annonce, ce lundi après-midi, qu’Evgueni Prigojine (listé sous: Prigozhin Yevgeniy Viktorovich) a été sanctionné le 14 octobre 2020 par l’Union européenne (UE) dans le cadre des sanctions à l’encontre de la Libye.
En Suisse, le listing a été repris le 28 octobre 2020. Et, depuis ce jour, celui qui est surnommé le «cuisinier de Poutine» est donc soumis aux sanctions financières et aux sanctions de voyage.
Le DEFR rappelle que l’UE a soumis directement le groupe Wagner aux restrictions financières, le 13 décembre 2021. Dans la foulée, l’UE a également sanctionné huit individus et trois entités de plus, en lien avec la société paramilitaire fantomatique, accusée de graves crimes par l’ONU, au sein de quatre régimes de sanctions différents: Libye, Syrie, Russie et droits de l’homme.
Quid de la Suisse?
Et en Suisse? Un mois plus tard, le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche a modifié les annexes de trois ordonnances: l’ordonnance Syrie, l’ordonnance Libye et l’ordonnance instituant des mesures en lien avec la situation en Ukraine. «La Suisse a donc repris une grande partie des sanctions de l’UE à l’encontre des hauts membres du groupe Wagner», souligne-t-il.
Nicolas Walder aurait aimé que le gouvernement se mouille encore davantage contre les mercenaires, qui seraient commandés par Dimitri Outkine, adorateur du IIIe Reich et ancien officier du service de renseignement militaire russe, décoré par Vladimir Poutine en personne.
«À mon avis, la Suisse pourrait encore reprendre les sanctions liées aux droits humains, relève Nicolas Walder. C’est d’ailleurs notamment ce que je demande dans une interpellation déposée la semaine dernière: le Conseil fédéral peut-il confirmer qu’il pourrait légalement adopter des sanctions décrétées unilatéralement par d’autres partenaires économiques importants, tels les États-Unis ou le Royaume-Uni?»
Il rebondit: «Cela n’a encore jamais été fait mais cela s’avère nécessaire, car ce genre de sanctions vise beaucoup plus largement.» Sera-t-il entendu? Affaire à suivre...