En octobre dernier, Blick publiait un article sur l'entrepreneur de 45 ans Julian M.* et sa femme de 52 ans Johanna M.*, qui vivaient à Meilen (ZH) depuis 2020. En Suisse, les deux Autrichiens avaient laissé derrière eux des collaborateurs déçus, des fournisseurs escroqués et des dettes fiscales de plus de 670'000 francs.
Aujourd'hui, le couple d'entrepreneurs vit à Dubaï. Julian M. s'y présente toujours comme le chef d'un grand conglomérat – le groupe NCDH – qui vend des produits alimentaires, du vin, de la fabrication de machines et du désherbage écologique. A Dubaï, l'homme a fait enregistrer des sociétés nommées Framdita et Coomuno.
On ne sait pas si ces entreprises réalisent actuellement un chiffre d'affaires dans le Golfe Persique. Ce qui est sûr, c'est qu'elles continuent à annoncer de grands projets... et que des problèmes surviennent lors de leur mise en œuvre. Là aussi, des entreprises de sous-traitance auraient été tenues en haleine par de fausses promesses.
Transfert de son siège de la Suisse à Dubaï
Un expatrié européen, qui vit depuis plusieurs années à Dubaï, a travaillé quelque temps pour Julian M. l'année passée. «Il avait plein de grands projets», raconte l'intéressé. Il s'agissait entre autres de transférer le siège du groupe NCDH de la Suisse à Dubaï.
Sur les lieux de l'exposition universelle «Expo 2020», l'entrepreneur voulait louer plus de 14'000 mètres carrés pour y installer des locaux commerciaux pour des représentants. Il aurait élaboré des plans avec des architectes pour la réaffectation, mais le contrat n'aurait finalement jamais été conclu. Pourtant, l'adresse du «District de la durabilité» de l'Expo City de Dubaï figurait jusqu'à il y a quelques jours sur le site Internet de la société Coomuno.
«Il a refusé de me donner les identifiants de connexion»
L'expatrié a rapidement fait des constats sur son nouveau patron: «Il est très taiseux sur ses documents.» Julian M. s'occupait personnellement de la comptabilité et ne donnait aucun accès aux chiffres de l'entreprise. Même sur son propre ordinateur portable professionnel, l'employé n'avait que des droits limités: «Il me donnait à chaque fois un ordinateur déverrouillé, mais refusait de me donner les identifiants pour me connecter.»
Lors d'une conversation avec un employé en Suisse, il a été demandé à l'expatrié si Julian M. avait réellement déjà 100 collaborateurs à Dubaï. Un chiffre très éloigné de la vérité. C'est à ce moment-là que l'employé aurait compris que son patron n'était pas très net. Plus tard, la personne aurait vu Julian M. rédiger des e-mails en signant du nom d'un avocat fictif. Bien que cela ne soit pas habituel à Dubaï, l'employé aurait été payé en espèces. Très vite, il ne reçoit plus son salaire dans les temps. Même après son licenciement, il lui manque encore plusieurs milliers de francs de salaire.
«Il promet beaucoup et ne respecte rien!»
Un autre expatrié européen a quitté son précédent emploi à Dubaï pour travailler chez Julian M. Il devait développer le commerce du vin au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Finalement, le contrat n'a pas été conclu. «Il promet beaucoup et ne respecte rien!», s'insurge l'Européen.
Il aurait rencontré Julian M. à plusieurs reprises à partir de novembre 2023 pour discuter stratégie. L'expert en vin s'est montré critique à l'égard des prix que Julian M. voulait obtenir avec son vin. «Il pense qu'il peut vendre son vin plus cher que tous les autres», glisse l'homme. En fin de compte, Julian M. ne disposerait ni des licences nécessaires pour le commerce d'alcool ni d'une logistique permettant d'acheminer du vin d'Europe vers le Golfe Persique. «Je n'ai rien de bon à dire à son sujet, poursuit l'expatrié. Mais je me sens stupide, car j'aurais dû le voir venir.» Comme il avait déjà quitté son précédent emploi, cette histoire a également failli lui coûter son visa pour Dubaï.
Des dettes qui «suscitent la curiosité sur les dessous de l'affaire»
Mais Julian M. aurait aussi laissé des traces dans son pays d'origine, l'Autriche. En décembre dernier, «Vorarlberg Online» rapportait la faillite d'une entreprise de Bregenz: la société AV Wine GmbH – dont le directeur est Julian M. et qui fait également partie du réseau NCDH – a fait banqueroute en 2020 avec 970'000 euros de dettes. Dix-sept créanciers étaient concernés. L'article précise: «Des dettes d'un tel montant pour une petite entreprise sans nom, qui indique comme branche d'activité la gestion d'un domaine viticole et le commerce de vins, suscitent la curiosité sur les dessous de l'affaire.»
De son côté, l'Office des faillites du district de Zurich a ouvert la faillite de NCDH Group AG le 15 mars 2024 tout en suspendant la procédure, faute d'actifs. Sept mois plus tard, la commune de Meilen continue, elle aussi, d'attendre l'argent de ses impôts. Blick a confronté Julian M. à ces accusations. L'Autrichien n'a toutefois pas souhaité prendre position à ce sujet.
*Noms modifiés