En 2016, le Revenu de base n'avait eu aucune chance sur le plan fédéral. Soutenu uniquement par les Verts, cet instrument révolutionnaire n'avait séduit qu'une très maigre minorité (23%) des Suisses.
Un salaire sans avoir besoin de travailler? L'idée pourrait tout de même devenir réalité pour quelques centaines de Zurichoises et de Zurichois. Car les partisans du RBI ne veulent pas lâcher le morceau et tentent de faire passer un projet pilote dans la plus grande ville du pays.
Concrètement, si la population de Zurich dit «oui» le 25 septembre, 500 habitants au minimum recevraient un RBI durant une durée pilote de trois ans. Le montant exact doit encore être déterminé, mais le texte de l'initiative stipule qu'il doit correspondre au moins au minimum social d'existence.
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À Zurich, cela signifie au moins 2500 francs, et peut-être davantage. Contrairement à ce qui avait été imaginé sur le plan fédéral, la part versée par l'État varie en fonction du revenu du travail. Ainsi, ce n'est pas un coup de pouce universel mais une sorte de filet de sécurité.
Pas comme l'aide sociale
«Nous ne voulons pas introduire un revenu de base si personne n'en veut. Il s'agit pour nous de faire des essais», avoue Silvan Groher, directeur de l'association Grundeinkommen. Les interrogations sont nombreuses, selon l'Alémanique de 47 ans: les gens deviendront-ils paresseux s'ils reçoivent un revenu de base? Quel est le montant idéal? Combien cela coûterait-il à la collectivité? Le projet-pilote doit répondre à toutes ces questions.
Pour Silvan Groher, il est clair que le système social actuel devra tôt ou tard être fondamentalement remanié. Un revenu de base se situe certes au même niveau que l'aide sociale, mais il s'agit de deux concepts très différents. «L'aide sociale n'intervient que lorsque l'on a presque entièrement utilisé ses économies. De plus, il faut la rembourser», souligne-t-il.
À première vue, l'association Grundeinkommen semble nager à contre-courant. Parce qu'en plus du refus fédéral, de telles initiatives ont déjà échoué dans deux villes alémaniques d'importance, à Berne et à Lucerne. À Rheinau, petite commune du canton de Zurich, le projet a échoué lors de la phase de financement participatif (crowdfunding).
Mais il y a tout de même des raisons d'espérer pour les partisans du projet. Car Zurich est très à gauche et le PS, les Verts et la Liste alternative (AL, l'extrême-gauche) recommandent d'accepter l'initiative. De plus, tant Le Centre que le Parti vert'libéral laissent la liberté de vote. Il n'y a que le camp bourgeois, minoritaire, pour prôner le «non».
Un «RBI 2.0» au niveau fédéral
Et la partie n'est pas encore jouée au niveau national non plus, malgré le refus très net essuyé en 2016. Un comité réuni autour d'Oswald Sigg, ancien porte-parole du Conseil fédéral veut faire renaître cette idée. L'ancien journaliste zurichois, 78 ans, était déjà co-initiant lors de la première tentative, mais il est persuadé que le projet n'était alors pas assez abouti.
Point majeur: contrairement à la première mouture, ce «RBI 2.0» définit le financement, explique Raffael Wüthrich, porte-parole du comité d'initiative. Ce sont des impôts sur les transactions financières et sur le chiffre d'affaires des entreprises technologiques ainsi les revenus du capital — bénéfices issus des dividendes et des transactions boursières — qui doivent en assurer la pérennité.
Voilà qui est efficace sur le papier, un peu moins dans la rue: jusqu'ici, la collecte de signatures n'a pas été très fructueuse. Il y a quelques semaines, le comité d'initiative a failli jeter l'éponge... avant de décider de mettre les bouchées doubles. «Nous avons remarqué que la demande est extrêmement bien accueillie par les gens, mais que nous avons simplement de la peine à faire connaître le texte», explique Raffael Wüthrich.
Zurich, une prise de température
Cet élu local des Verts argoviens estime que cet accueil doit justifier de poursuivre les efforts. «Nous devons continuer à nous battre, sinon le mouvement pour un Revenu de base perdrait de précieuses années.»
La votation à Zurich représente une prise de température importante pour les activistes au niveau fédéral. C'est pourquoi les deux comités s'associent et lanceront cette semaine une campagne de vote commune.
Si la ville de Zurich dit oui à l'expérience pilote, celle-ci pourrait éventuellement donner de nouvelles impulsions au débat national. Dans le cas contraire, à savoir si même la ville la plus à gauche du pays refuse le texte, le rêve d'un revenu de base sera probablement réduit à un vœu pieux.