En 2020, la statistique policière de la criminalité recensait 1435 infractions de harcèlement sexuel. Un chiffre qui a augmenté de près de 19%, quoique de façon non linéaire, depuis 2009. La victime était une femme dans neuf cas sur dix, et les prévenus étaient quasiment tous des hommes (95%).
Plus de 73% des harcèlements ont par ailleurs eu lieu dans l'espace public. Dans près de 40% des cas, la victime ne connaissait pas son agresseur. Ces deux chiffres sont également en augmentation depuis 2014. Une infraction sur trois n'a pas pu être élucidée. Le harceleur était une connaissance ou un voisin dans un cas sur dix, et une relation professionnelle dans 5%.
Trois formes de harcèlement
Les trois formes les plus fréquentes de harcèlement étaient les attouchements physiques (37%), le harcèlement verbal (22%) et la confrontation avec une personne se masturbant (14%). Les autres formes, comme le strip-tease de l'agresseur, les baisers ou les menaces verbales, étaient moins fréquentes. Frapper sa victime, la filmer, la traquer ou lui montrer du matériel pornographique étaient encore moins répandus.
Parallèlement, plusieurs études ont été menées. Elles sont difficiles à comparer en raison de définitions ou périodes d'enquête différentes. Plusieurs généralités peuvent toutefois être retirées.
Les femmes ont entre deux et dix fois plus de risques d'être victime de harcèlement sexuel que les hommes. Les personnes LGBTIQ+, en particulier les gays, et les handicapés sont particulièrement exposés. Les enfants et les jeunes sont quant à eux davantage confrontés au harcèlement sexuel en ligne.
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Problèmes de définitions et de recensement
Ces données sont toutefois à prendre avec des pincettes, car elles sont insuffisantes, pointent les auteurs du rapport. Deux raisons principales sont avancées: les définitions sont différentes d'une enquête à l'autre et la statistique policière de la criminalité ne recense que les incidents signalés.
Or le taux de dénonciations est faible, rappellent-ils. Il s'élève à moins de 20% des cas. Police et autorités de poursuite pénale manquent de sensibilité face à la question. Les employés dénoncent en outre rarement un harcèlement subi sur leur lieu de travail, ou alors seulement après avoir démissionné ou être mis en congé maladie.
Conscient du problème, le Conseil fédéral soutient une amélioration des données statistiques. Une enquête sur les expériences de la population devrait être menée. Cantons et Confédération entendent également mettre en place un numéro de téléphone central pour les victimes d'infractions. Et Berne envisage de ratifier la convention de l'Organisation internationale du travail sur l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail.
Le gouvernement rappelle encore l'obligation de l'employeur de protéger son personnel. Les efforts devraient être intensifiés, avec notamment la mise en place de directives contre le harcèlement sexuel, des formations pour les cadres, des informations à l'intention des collaborateurs et des services de plainte et de médiation externes.
(ATS)