L'histoire du 8 mars
Tout ce qu'il faut savoir sur la Journée des droits des femmes

La Journée internationale des droits des femmes existe depuis plus de 100 ans. À cette occasion, Blick a décidé de revenir aux racines de cet événement et s'est plongé sur quelques dates clés. Petit tour d'horizon.
Publié: 04.03.2022 à 06:10 heures
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Dernière mise à jour: 07.03.2023 à 17:06 heures
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Une étude récente montre que la proportion de femmes dans les directions d'entreprise a de nouveau baissé depuis l'année dernière. La protestation reste donc de mise, ici sous forme de tricot.
Photo: Marcel Bieri
Christiane Binder, Larissa Jurczek et Elisabeth Zirk

Les premières Journées des droits des femmes – il y a de cela plus de 100 ans – étaient des journées de lutte révolutionnaire de gauche pour le droit de vote des femmes et l’égalité des droits dans son ensemble. Malheureusement, ces féministes de l’époque n’étaient que très rarement soutenues par la gent masculine ainsi que par les femme des classes bourgeoises. Ces dernières considéraient qu’il n’était pas admissible que d’autres femmes défilent dans les rues et manifestent.

Aujourd’hui, les femmes descendent dans la rue pour dénoncer les violences domestiques, les injustices en matière de salaire ou le fait que ce sont généralement elles qui effectuent des travaux non-rémunérés au sein du ménage.

Un peu d’histoire

Si on célèbre aujourd’hui la Journée internationale des droits des femmes, c’est grâce à la socialiste allemande Clara Zetkin (1857-1933). En 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, la militante féministe propose de mobiliser les femmes, partout dans le monde à une date précise, histoire de sensibiliser le public à la cause des travailleuses. Sa proposition est adoptée et c’est le 19 mars 1911 que la journée est célébrée pour la première fois.

Mais alors, pourquoi le 8 mars? Eh bien, la date fait référence au 8 mars 1917, lorsque des ouvrières, des épouses de soldats et des paysannes sont descendues dans les rues de Saint-Pétersbourg pour réclamer du pain et le retour de leurs maris partis au front. C’est le premier jour de la révolution de Février, qui précéda celle d'Octobre.

Clara Zetkin, initiatrice de la Journée internationale des droits des femmes
Photo: Topical Press Agency

Le 8 mars a été officiellement institué comme journée internationale de commémoration lors de la deuxième conférence internationale des femmes communistes, en 1921 à Moscou. Auparavant, la Journée des droits des femmes avait lieu à d’autres dates comme le 5 mai 1918, le jour du centenaire de Karl Marx.

En Europe, la journée dédiée aux femmes s’est tenue le 19 mars 1911 en Allemagne, au Danemark, en Autriche-Hongrie et en Suisse, en souvenir du 18 mars, jour de commémoration de la révolution de mars 1848.

Le 3 mars à travers le monde

Le 8 mars est un jour férié dans bien des pays, comme en Angola, en Arménie, en Azerbaïdjan, au Burkina Faso, en Érythrée, en Géorgie, en Guinée-Bissau, au Kazakhstan, au Cambodge, au Kirghizistan, au Laos, à Madagascar, en Moldavie, en Mongolie, au Népal, en Russie, en Zambie, en Serbie, au Tadjikistan, au Turkménistan, en Ouganda, en Ukraine, en Ouzbékistan, au Vietnam et en Biélorussie. Toutefois, il s’agit là-bas d’une sorte de fête des mères, où les femmes reçoivent des fleurs et où on les remercie pour leur dévouement tout au long de l’année.

En Italie, le 8 mars, les femmes reçoivent un mimosa jaune, symbole des résistantes durant la période fasciste. En Chine, les femmes obtiennent une demi-journée de congé ou reçoivent de petits cadeaux de la part de leur entreprise. En Suisse, certains restaurants et boutiques distribuent ce jour-là des fleurs aux clientes. L’attention est toutefois considérée comme un faux pas par de nombreuses féministes. Selon elles, cela ne rend pas justice à la lutte pour l’égalité, au contraire…

Les Chinoises célèbrent la Journée internationale des droites des avec une danse.
Photo: imago/Xinhua

Dans l’Allemagne nazie, la journée des femmes était interdite. En effet, ce type d’événement était considéré comme une manifestation «communiste» qui contredisait l’idéologie selon laquelle la femme n’était rien d’autre que la gérante du foyer. Après 1945, elle n’a été célébrée qu’en République démocratique allemande. Après la réunification en 1989, la journée a connu une renaissance dans toute l’Allemagne.

Et les hommes alors?

Aujourd’hui, les hommes ont aussi leurs journées de lutte. Depuis 1999, la Journée internationale des hommes a lieu le 19 novembre. Soutenue par les Nations Unies, elle a pour but de «conduire à un plus grand équilibre entre les sexes», de promouvoir la santé des hommes et des garçons et de mettre en évidence les désavantages dont ils souffrent. Elle est célébrée à Trinidad-et-Tobago, en Jamaïque, en Australie, en Inde, aux États-Unis, à Singapour, à Malte, en Afrique du Sud, en Hongrie, en Irlande, au Ghana, en Autriche, au Canada, au Danemark et au Liechtenstein.

La Suisse en quelques chiffres

Depuis 2013, les personnes mariées peuvent conserver leur nom après le mariage. Cependant, près de la moitié (49,5%) des femmes qui se sont mariées entre 2013 et 2014 ont adopté le nom de famille de leur mari. Aussi, plus les mariés sont jeunes, plus la femme a tendance à prendre le nom de son mari. Et pour preuve, si le couple a entre 18 et 24 ans, plus de 70% des épouses prennent le patronyme de leur époux.

En parlant de mariage, ce n’est qu’en 1988 que le droit matrimonial a enfin considéré que la femme et son mari étaient égaux devant la loi. Eh oui, c'est là que le passage qui avançait que l’homme était le chef de famille et la femme devait s’occuper du ménage a été supprimé.

Si les femmes ne sont plus considérées comme étant les seules à pouvoir s’occuper des tâches ménagères, la charge mentale du foyer revient très souvent – si ce n’est tout le temps – aux dames. En parallèle, la gent féminine n'est plus active dans le monde professionnel qu’à une certaine époque. L’importance d’avoir une carrière pourrait dès lors expliquer pourquoi les femmes ont aujourd’hui moins d’enfants qu’auparavant. En 1950, une Suissesse avait statistiquement 2,4 enfants. En 2011, elle n’en avait plus que 1,42. Le nombre de naissances le plus bas a été atteint en 2001 avec seulement 1,38 enfant par femme.

En ce qui concerne la sphère professionnelle, notons que la Loi sur l’égalité est entrée en vigueur en 1996. Celle-ci a pour objectif d’éliminer les désavantages structurels des femmes dans la vie professionnelle (bas salaires, inégalité des chances d’embauche et de promotion, harcèlement sexuel). Il n’en reste pas moins que la Suisse a surtout traîné du pied au niveau politique. Eh oui, ce n’est qu’en 1990 que tous les cantons et communes ont introduit le droit de vote et d’éligibilité des femmes…

En 2011, la Suisse a connu pour la première fois une majorité de femmes au Conseil fédéral avec Micheline Calmy-Rey (de gauche à droite), Eveline Widmer-Schlumpf et Doris Leuthard, ainsi que Simonetta Sommaruga. Avec dans le collège (de gauche à droite) Ueli Maurer, Didier Burkhalter, Johann Schneider-Ammann, la chancelière de la Confédération Corina Casanova et Alain Berset.
Photo: Freshfocus

Aux études et au travail

Les dix apprentissages les plus prisés par les femmes en Suisse sont les suivants: employée de commerce, assistante en soins et santé communautaire, gestionnaire du commerce de détail, coiffeuse, assistante du commerce de détail, assistante dentaire, assistante médicale, assistante en pharmacie, assistante santé et social. De leur côté, les hommes se tournent plutôt vers les formations d’employé de commerce, d’installateur-électricien, d’informaticien, de polymécanicien, de gestionnaire du commerce de détail, de logisticien, de mécanicien automobile, d’agriculteur, de dessinateur et de cuisinier.

Actuellement, plus de 18% des femmes en Suisse terminent leurs études dans une haute école. Chez les hommes, la proportion est légèrement inférieure à 14%. Dans les écoles professionnelles pratiques, les hommes sont toujours plus nombreux que les femmes.

Actuellement, plus de 18% des femmes en Suisse terminent leurs études dans une haute école. Chez les hommes, la proportion est légèrement inférieure à 14 pour cent.
Photo: Reuters

En 1974, 63% des hommes, mais seulement 36% des femmes, possédaient un permis de conduire. Aujourd’hui, 88% des hommes et 76% des femmes ont un permis, selon l’Office fédéral de la statistique. Les femmes prennent en moyenne 29 leçons de conduite avant d’avoir le courage de passer l’examen, les hommes 20 (sondage réalisé auprès de 570 participants du portail Fahrlehrervergleich.ch).

(Adaptation: Valentina San Martin)

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