Damien Cottier, chef de file PLR
«L'erreur de calcul de l'OFS ne doit pas transformer notre défaite en victoire»

Le duel qui opposait le PLR au Centre pour le titre de troisième force politique de Suisse a été mouvementé. L'erreur de calcul de l'Office de la statistique a tout changé. De quoi faire rire jaune Damien Cottier, chef du groupe libéral-radical au Parlement. Interview.
Publié: 27.10.2023 à 18:40 heures
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Dernière mise à jour: 27.10.2023 à 19:33 heures
Damien Cottier (PLR/NE) a décidé de rire de l'erreur de l'OFS, mais trouve la situation bien fâcheuse.
Photo: Keystone
Léo Michoud

Le parti libéral-radical a vécu les montagnes russes en cette semaine post-élections. Avant mercredi, tout le monde politico-médiatique helvétique les catégorisait comme la quatrième force politique du pays, derrière Le Centre.

Mais une erreur de calcul est venue tout bouleverser. L'Office fédéral de la statistique (OFS) a corrigé les chiffres en milieu de semaine, après trois jours d'analyses faussées. Le Centre a perdu 0.52% de votes dans l'affaire, et le PLR seulement 0,13%. Résultat: le PLR est remonté sur le podium électoral.

L'erreur est vraisemblablement humaine et a poussé le département de l'Intérieur à ordonner une enquête administrative. Il semble que les trois demi-cantons de Glaris, d'Appenzell Rhodes-Intérieur et Extérieur sont à l'origine de la panne. Leurs résultats étaient transmis via un simple fichier Excel, et non à l'aide d'un système plus adapté. Et des erreurs de comptage s'y sont glissées. Pour la presse, c'est la confiance en la démocratie qui est en jeu.

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Ces rebondissements n'ont pas été du goût de Damien Cottier, élu à Neuchâtel et chef de file du groupe PLR aux Chambres fédérales. Celui-ci s'est fendu d'une publication sur X (anciennement Twitter), moquant les capacités de calcul de l'OFS. Il a répondu aux questions de Blick, au sujet de l'analyse à faire des résultats de son parti, a la suite de ces corrections.

Damien Cottier, est-ce que cette erreur de calcul vous amuse?
Non, mais j'ai essayé de la prendre avec humour en invitant par exemple l'OFS à suivre des cours de mathématiques à l'Université de Neuchâtel. Plus sérieusement, c'est problématique que les chiffres communiqués soient faux. C'est surtout regrettable qu'il ait fallu attendre trois jours pour les corriger et nous le dire. Les médias comme le monde politique ont commenté ces résultats dès dimanche soir sur la base d'une information erronée. Cela devrait faire partie des procédures standard que de vérifier des chiffres d'une telle portée. Après, l’erreur est humaine. Je voulais aussi souligner que ces mauvais calculs ne changent pas fondamentalement les choses.

Comment ça?
Cela ne change pas le résultat des élections au niveau des élus. Le fait que le PLR soit 0,2 points derrière ou 0,2 points devant Le Centre ne constitue pas une différence significative entre les deux partis, qui restent pratiquement à égalité. Les équilibres politiques n'ont pas été renversés. Donc ce n'est pas dramatique, mais c'est ennuyeux.

A la suite de ces rectifications minimes, le PLR n'est donc pas sorti vainqueur?
Non, clairement pas. C’est ennuyeux d'avoir été donné pour moins fort que nous l'étions. Mais l'analyse de fond reste la même: nous n'avons pas fait de bonnes élections. Nous avons perdu des voix et des sièges, parfois un peu bêtement. Nos objectifs étaient de progresser et nous régressons. Il faudra en tirer toutes les leçons. Il ne s'agit ni d'enjoliver la situation, ni de la peindre plus négative qu'elle ne l'est. On nous a fait passer derrière Le Centre en parlant d'un changement historique. En réalité, il n'en était rien. Il vaut mieux discuter de la dimension historique de ces résultats sur des bases exactes.

Le Centre peut-il toujours prétendre vous chiper un siège au Conseil fédéral?
Je pense qu’ils ne le pouvaient déjà pas avant. La pratique à l'Assemblée fédérale veut qu'un parti sorti vainqueur d'une élection confirme l'essai lors des prochaines élections. Ce fut le cas avec l'UDC, devenu le premier parti de Suisse en 1999 et qui a dû attendre 2003 pour obtenir son second siège. Le Centre devra confirmer son avancée dans quatre ans.

Reste que Le Centre comptera un siège de plus que le PLR au Conseil national. Cela ne fait-il pas d'eux la troisième force politique du pays?
Le PLR s'est toujours basé sur la force électorale des partis au Conseil national. Ce score, corrigé mercredi par l'OFS, indique le poids que les citoyennes et citoyens veulent donner à un parti au niveau suisse. Au fond, le nombre de sièges précis au Conseil national est moins significatif que le soutien de la population. Le groupe parlementaire du Centre était déjà plus grand que celui du PLR, parce qu'ils siègent avec les évangéliques.

Que pensez-vous des Vert-e-s, qui se sont notamment servi de cette erreur pour alléger le poids de leur défaite?
Chacun est responsable de sa communication. Dans cette situation, il ne faut pas transformer une défaite en victoire. Nous ne devons pas le faire, et les Vert-e-s non plus au vu du terrain perdu. Pareil pour les Vert'libéraux et les socialistes. Il ne faut ni enjoliver, ni péjorer la réalité, mais la voir telle qu'elle est.

Comment améliorer ces processus de comptage et éviter que cette situation ne devienne récurrente?
C’est à l’OFS et au Département fédéral de l'Intérieur de le dire. Je trouve pertinent qu'ils aient décidé d'ouvrir une enquête administrative, afin d'analyser ce qui a mal fonctionné. Ils venaient de changer le système, celui-ci n'a manifestement pas été suffisamment testé et contrôlé. Il faut se méfier de cette société dans laquelle la rapidité l’emporte sur la précision. Pour des résultats électoraux, attendre quelques heures est acceptable. Si son exactitude est garantie, on peut avoir le chiffre définitif le lundi. On a voulu publier très rapidement les résultats, puis on a attendu trop longtemps avant d'aller les vérifier. En termes de digitalisation, le fédéralisme continue de nous jouer des tours.

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