Le 24 novembre prochain, le peuple suisse se prononcera sur l'extension du réseau autoroutier – un projet à 5 milliards de francs. Alors que le scrutin se rapproche, une opposition massive se forme parmi les spécialistes: plus de 340 experts en mobilité s'opposent dans une pétition au plan du ministre des Transports Albert Rösti.
Dans un document de deux pages, les spécialistes déroulent leurs arguments: l'extension prévue ignore totalement l'évolution à long terme du trafic global. Ils critiquent l'absence de mention des alternatives possibles, telles que le mobility pricing. Et surtout, il manque une coopération directe avec les villes et les agglomérations concernées.
A lire sur la votation
Un élargissement des voies contraire aux prévisions
Le projet est en contradiction avec les propres bases de planification de la Confédération, comme le plan sectoriel des transports, critiquent les pétitionnaires. Selon eux, la Confédération prévoit elle-même un recul du trafic automobile à partir de 2030. Le projet n'en tient pas assez compte. Les investissements élevés dans l'extension «mobilisent des moyens financiers qui pourraient être consacrés à des projets de transport plus efficaces et plus durables», peut-on lire dans le texte.
«Il existe de bien meilleures possibilités de résoudre les problèmes de mobilité sans les conséquences écologiques et sociales négatives d'une extension des autoroutes», déclare au «Tages-Anzeiger» le professeur Yves Delacrétaz de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale. L'expert était auparavant directeur de l'Office des transports de Genève.
Un soutien important en l'espace de quelques jours
Outre Yves Delacrétaz, de nombreux autres spécialistes qui planifient l'avenir des transports dans les communes ou les offices cantonaux ont signé la pétition. Parmi eux, les coprésidents de l'Association suisse des professionnels de la mobilité et des transports – mais à titre privé.
«L'écho a été énorme», déclare le planificateur des transports zurichois et politicien vert'libéral Thomas Hug. Il a lancé l'appel avec son collègue de parti et spécialiste Marc Vetterli. Les 342 signatures ont été récoltées en quelques jours. De nombreux spécialistes ont ressenti le besoin de s'exprimer sur le projet, explique Thomas Hug.
Et tous mettent en garde! Plus de voies signifie plus de voitures – même dans les villes et les villages. Ils renvoient à des études démontrant que les aménagements n'apportent un soulagement qu'à court terme. A long terme, cela conduit à nouveau à des embouteillages et à une augmentation du trafic.
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L'OFROU se défend
Le comité du OUI, mené par l'Union des arts et métiers, tient un tout autre discours. Il attend de l'aménagement une amélioration de la qualité de vie dans les villes et les villages. Le trafic doit être fluidifié et réduit.
Et l'Office fédéral des routes (OFROU) défend lui aussi ses propres plans. Contrairement aux critiques des experts en transport, l'extension est coordonnée avec d'autres projets de transport et intégrée dans des concepts supérieurs, souligne le porte-parole de l'OFROU Thomas Rohrbach.
Pour ce faire, on travaille sur la numérisation du trafic routier et sur des modèles de tarification de la mobilité. Pour ce dernier, des études de faisabilité sont en cours d'achèvement et seront résumées dans un rapport, fait savoir Thomas Rohrbach. «Sur la base de ce rapport, le Conseil fédéral décidera de la marche à suivre.»