L'UDC et les associations économiques pourront compter sur les agriculteurs le 24 novembre. La semaine dernière, l'Union suisse des paysans a décidé de dire oui à l'extension de l'autoroute. Et l'association est puissante! Le camp dans lequel elle se range pourrait être décisif pour l'issue de la votation. Surtout que, selon le premier sondage, les électeurs suisses ne penchent que de justesse derrière le projet.
Pour l'Union suisse des paysans, le oui est toutefois délicat – et entraîne un déchirement au sein de la base. Le long des projets autoroutiers, les paysans doivent céder des terres cultivables. L'Office fédéral des routes (OFROU) estime qu'environ 53 hectares de terres seront durablement bétonnés, dont environ 8 hectares de surfaces d'assolement, c'est-à-dire de terres arables particulièrement précieuses.
«Une grande partie des agriculteurs voteront non», prédit le conseiller national UDC et agriculteur Alois Huber. Ceux qui sont directement concernés par l'extension, mais aussi les autres. «Par peur que la prochaine extension ne les touche.» Tant l'Union suisse des paysans que l'UDC doivent donc être conscients qu'au sein de leur base, beaucoup diront non.
Mécontentement de la base
Blick s'est entretenu avec plusieurs agriculteurs directement concernés par l'extension de l'autoroute. Beaucoup d'entre eux ont le sentiment que l'Union suisse des paysans et ses sections cantonales les poignardent dans le dos. Mais aucun ne veut s'exprimer en son nom.
Des critiques sont également émises dans les propres rangs de l'Union des paysans. «Je me demande si nous ne faisons pas de la politique en passant à côté de notre base et de nos propres objectifs si nous décidons de dire oui», a par exemple déclaré Colette Basler, politicienne socialiste (PS) et vice-présidente de l'Union des paysans argoviens. Anne Challandes, présidente de l'association des femmes rurales, s'était engagée pour la liberté de vote. «Pour moi, il s'agit du principe de protéger les terres agricoles. Je ne peux donc pas me ranger derrière un oui», dit-elle.
Alliance argent et lisier
Certaines sections cantonales ont déjà fait défection. L'Union des paysans genevois et valaisans ont décidé de voter non. En Valais, on estimait par exemple que la protection des sols agricoles n'était pas suffisamment prise au sérieux.
Selon les critiques, le oui est aussi une conséquence de la collaboration avec l'économie – qu'ils appellent volontiers «l'alliance argent et lisier». L'Union suisse des paysans a conclu un accord avec les associations économiques il y a deux ans.
L'agricultrice Eva Fuhrimann de Bützberg (BE) n'y va pas de mains mortes. «Pour des raisons politiques, l'Union suisse des paysans monte dans l'express économique et laisse les paysans concernés sur le bord de la route.» Elle s'engage dans une communauté d'intérêts contre l'extension de l'autoroute.
«Autonome et du point de vue de l'agriculture»
Le président des paysans Markus Ritter souligne que la position a été élaborée de manière autonome et du point de vue de l'agriculture. Dans les régions rurales, on dépend aussi du bon fonctionnement des transports routiers. «Les embouteillages actuels entraînent une augmentation des coûts pour nous et un trafic d'évitement très gênant.»
Markus Ritter explique qu'il fallait être prudent lors de la prise de position. Comme l'utilisation des terres cultivables est minimisée et que les compensations n'ont pas lieu sur des terres cultivables, le mot d'ordre a été donné par 56 voix contre 28 et deux abstentions. Il part du principe qu'une majorité d'agriculteurs voteront oui.
Pour les agriculteurs concernés, le vote reste toutefois une partie de plaisir. Le ministre des Transports Albert Rösti veut leur proposer des terres pour les surfaces d'assolement, mais il reconnaît que ce n'est «peut-être pas possible en tous points», car la Confédération est tributaire du soutien des cantons dans ce domaine.