Crise énergétique, vraiment?
L'UDC dénonce «un plan secret pour une dictature écologique»

La Suisse risque de manquer d'électricité cet hiver, notamment en raison de la guerre en Ukraine et des centrales fermées en France. Selon l'UDC, ce n'est pas la vraie raison: il s'agit d'une stratégie de la gauche et des Verts pour instaurer une «dictature écologique».
Publié: 21.07.2022 à 14:04 heures
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La ministre de l'Energie, Simonetta Sommaruga, s'attend à des pénuries d'électricité et de gaz l'hiver prochain.
Photo: Keystone
Daniel Ballmer

L'UDC ne nie pas du tout l'urgence énergétique. Chaos, pauvreté, faim, froid, mort: le parti n'a pas fait dans la dentelle jeudi matin pour présenter ce qui attendrait notre pays avec cette «crise énergétique d'une ampleur sans précédent, avec des conséquences horribles pour nous tous».

La Russie livre moins de gaz qu'avant et il n'est pas certain que les pays étrangers puissent nous fournir de l'électricité en hiver comme ce fut le cas jusqu'à présent. Ce constat a été fait par la Confédération elle-même devant la presse mercredi, avec un plan en quatre phases en cas d'éventuelle pénurie.

La stratégie du département de Simonetta Sommaruga est loin de séduire l'UDC. Le parti a donc convoqué les médias ce jeudi pour présenter son catalogue de revendications, pour la plupart déjà connues. «Ce qu'il faut maintenant, c'est une gestion claire et responsable plutôt que des rêveries roses-vertes», a résumé le président du parti, Marco Chiesa.

Un «général de l'électricité»?

L'homme fort de l'UDC exige la nomination par Simonetta Sommaruga d'un «général de l'électricité», chargé d'élaborer différentes solutions pour un approvisionnement sûr, indépendant et bon marché. Ce qui n'empêche pas d'investir: 20 milliards de francs doivent être injectés dans l'approvisionnement, demande l'UDC.

Ces investissements doivent être utilisés pour garantir l'électricité en hiver. Les murs des barrages doivent être rehaussés partout où cela est possible. Comme les organisations environnementales s'y opposent presque systématiquement, le droit de recours de celles-ci doit être provisoirement suspendu, selon le parti.

L'UDC est également prêt à sacrifier les objectifs climatiques de la Suisse, notamment pour construire des dépôts de gaz. L'approvisionnement «sûr et abordable» est plus important, à ses yeux. En outre, non seulement les centrales nucléaires existantes doivent continuer à être exploitées, mais des installations ultramodernes doivent être planifiées et construites.

Un «lockdown énergétique»

L'UDC ne goûte pas du tout au tournant énergétique. Pour le parti, les goulets d'étranglement ne sont pas dus seulement à la guerre en Ukraine: il s'agit en grande partie d'une conséquence de la politique rose-verte, la «vraie racine du mal».

Le parti avait déjà averti lors de la votation sur la Stratégie énergétique 2050 que cette dernière pouvait entraîner des soucis d'approvisionnement et des coûts élevés. Mais les autres formations politiques n'avaient fait que de rire au nez de l'UDC, ont rappelé les dirigeants du parti ce jeudi matin. Tout en omettant qu'une large majorité du peuple (58,21% des votants) a validé le projet en 2017.

L'omniprésence des questions énergétiques (et écologiques) n'arrange pas l'UDC. Le parti le sait, et accuse les socialistes et les Verts d'en faire des tonnes pour que le sujet reste à l'agenda. Il s'agirait même d'un «plan secret», selon Thomas Aeschi. Le conseiller national et président du groupe UDC à Berne en est convaincu: la gauche veut «rééduquer la population en développant une dictature écologique». À ses côtés, sa collègue Esther Friedli abonde: «Après le lockdown lié au Covid, ils préparent le lockdown énergétique pour la population et les entreprises l'hiver prochain.»

Le tournant énergétique? «Un échec complet»

Selon l'UDC, c'est par le porte-monnaie que le PS, les Verts et les Vert'libéraux veulent «rééduquer la population». L'augmentation des prix de l'essence et du mazout, l'interdiction des chauffages au mazout ou encore de la consommation de viande font partie de cette stratégie. Et peu importe si cela affecte en premier lieu les personnes aux revenus les plus faibles, explique Céline Amaudruz. Pour elle comme pour son parti, le tournant énergétique a «complètement échoué», mais la gauche et les Verts surfent sur la guerre en Ukraine pour continuer à «harceler la population avec des interdictions».

Outre ce feu nourri sur l'autre côté de l'échiquier politique, que propose l'UDC, concrètement? Pas grand-chose, si ce n'est l'organisation d'un sommet extraordinaire dès le début du mois d'août. Le Conseil fédéral y est invité à présenter un plan de mesures pour garantir l'approvisionnement énergétique du pays, à court comme à long terme. En quelque sorte, ce qui a été fait mercredi matin déjà...

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