«Il ne faut pas juste compter sur les ressources gazières non russes: celles-ci ne vont tout simplement pas suffire en volume pour remplacer les livraisons de Russie», souligne Fatih Birol, dans un article publié par son organisation. Le spécialiste s'est dit «inquiet pour les mois qui viennent».
«Et ce même si l'offre de Norvège et d'Azerbaïdjan afflue à capacités maximum, même si les livraisons d'Afrique du Nord approchent leur niveau de l'an dernier, et même si la croissance des flux de GNL garde son rythme du premier semestre».
Moscou a déjà commencé à fermer le robinet et les Européens craignent une rupture totale des livraisons en réaction aux sanctions prises contre l'invasion de l'Ukraine. Pour Fatih Birol, c'est «une alerte rouge» pour l'UE.
Stockage pas assez rapide
L'économiste constate «des progrès» pour s'affranchir de la dépendance russe, «mais pas assez, surtout du côté de la demande, pour éviter que l'Europe ne se retrouve aujourd'hui dans une situation incroyablement précaire».
Selon une analyse de l'AIE, le continent devrait stocker dans les trois mois 12 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires (de quoi remplir 130 méthaniers de GNL), pour se mettre à l'abri avec des stocks remplis à 90%.
Mais cela suppose aussi que le gazoduc Nord Stream, principale voie de livraison par la mer Baltique et actuellement en maintenance, soit bien redémarré par les Russes jeudi 21 juillet, et ce jusqu'à début octobre. S'il ne l'était pas, la situation serait encore plus compliquée. Or «on ne peut écarter un arrêt complet», dit M. Birol.
Une série de mesures préconisées
Face à cela, l'AIE préconise en urgence des mesures telles que des systèmes d'enchère pour la vente de gaz aux industriels, privilégier temporairement d'autres sources d'électricité y compris charbon ou pétrole, ou encore lisser les pics de consommation en gaz et électricité via une coordination européenne accrue.
La demande électrique peut être réduite en fixant des normes dans la climatisation par exemple, bâtiments publics en tête, ajoute Fatih Birol, qui appelle les «gouvernements à préparer les populations» via des campagnes, car «chaque action compte. Des gestes simples comme baisser le chauffage de quelques degrés peuvent économiser la même quantité de gaz que celle fournie par Nord Stream sur un hiver.»
(ATS)