La crise énergétique guette
La population pourrait devoir baisser le chauffage cet hiver

La Russie livre moins de gaz et il n'est pas certain que les pays étrangers puissent continuer à fournir de l'électricité à la Suisse en hiver. C'est donc un véritable plan de bataille qu'ont présenté les autorités à Berne ce mercredi.
Publié: 20.07.2022 à 12:59 heures
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Dernière mise à jour: 20.07.2022 à 13:28 heures
La ministre de l'Energie, Simonetta Sommaruga, s'attend à des pénuries d'électricité et de gaz l'hiver prochain (ici près du barrage du Vieux Emosson).
Photo: KEYSTONE
Sophie Reinhardt

Il y a un côté ironique à parler de pénurie de chauffage à l'heure où l'Europe brûle et les records de chaleur sont battus presque quotidiennement en Suisse. C'est pourtant une conférence de presse au ton très sérieux qui s'est déroulée ce mercredi au centre de presse du Conseil fédéral.

«Le risque de pénurie d'électricité est réel et important», a déclaré d'emblée Michael Frank, directeur de l'Association des entreprises électriques suisses (AES). Le ton est donné, et tout le monde est concerné: la population est appelée à consommer moins d'électricité: «Chaque kilowattheure compte!»

La population peut par exemple économiser de l'électricité dès maintenant en réduisant sa consommation d'eau chaude ou à partir de l'automne en réduisant son chauffage, a appelé le directeur de l'AES. Car l'«effet porte-monnaie» ne se fait pas vraiment sentir en Suisse: contrairement à ce qui a été constaté en Allemagne, la consommation d'électricité n'a pas baissé avec la récente hausse des prix.

Un rationnement évoqué

Si une pénurie de gaz ou d'électricité devait se produire en hiver, la Confédération a un plan pour agir. Les experts en énergie l'ont détaillé devant la presse.

Tout commence «en douceur» avec des appels à économiser. Selon Bastian Schwark, responsable du secteur énergie de l'approvisionnement économique du pays, il suffit que chacun réduise la température de chauffage pour que cela ait un effet. Un degré de moins ferait déjà une bonne différence.

Les spécialistes du secteur s'attendent à ce que ces appels fassent baisser la consommation en Suisse d'environ 5%. Si cela ne suffit pas, il est prévu d'ordonner la conversion des installations bicombustibles du gaz au mazout.

En cas de besoin, des directives contraignantes concernant les températures dans les bâtiments publics ou les bureaux pourraient être édictées. Des propositions en ce sens à l'attention du Conseil fédéral sont actuellement en cours d'élaboration.

Un contingentement — la quatrième étape du plan — n'est prévu que si les autres mesures sont épuisées et n'ont pas assez d'effet. Des mesures similaires sont prévues pour l'électricité.

«Tout le monde sera touché»

Selon Urs Meister, directeur de la Commission fédérale de l'électricité (Elcom), la sécurité d'approvisionnement de la Suisse est actuellement assurée. Mais en raison de la guerre en Ukraine et de la possible interruption des livraisons de gaz en Europe qui en découle, ainsi que des centrales nucléaires à l'arrêt en France, l'approvisionnement en électricité pourrait être tendu l'hiver prochain.

Si le gaz russe continue d'arriver en Europe, il estime que le risque de pénurie est plutôt faible. «Mais si l'hiver est très froid, la consommation d'électricité augmentera dans toute l'Europe», avertit-il. La France en particulier, qui possède de nombreux chauffages électriques, aura alors besoin de beaucoup d'électricité. La Suisse pourrait alors elle aussi être menacée de pénurie.

«Si la crise survient, nous serons tous fortement touchés. Mais il ne faut pas céder à la panique pour autant», rassure Michael Frank.

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