Avec la canicule qui sévit ces jours, une pénurie d’électricité et de gaz semble actuellement bien éloignée. Mais en coulisses, on s’active pour préparer une telle situation qui menace pour l’hiver prochain. Si le président russe Vladimir Poutine devait fermer le robinet de gaz à l’Europe, la Suisse ne manquerait pas seulement d’électricité cet hiver, mais à plus ou moins long terme. Car notre pays importe en masse l’électricité des centrales à gaz européennes.
Comme le rapportait Blick ce week-end, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) s’inquiète que Poutine envisage sérieusement de passer à l’action. Les conséquences seraient radicales: «Les entreprises suisses pourraient être confrontées à des difficultés existentielles», écrit le SRC dans un rapport.
Les rayons réfrigérés, gourmands en électricité
Dans les préparatifs visant à anticiper une éventuelle urgence, une question est au cœur des débats: qui doit renoncer à quoi en cas de manque d’énergie? Pour la première fois, des informations concrètes à ce sujet ont été diffusées. Selon la «Sonntagszeitung», Migros devrait par exemple fermer pas moins d’un magasin sur cinq en cas de pénurie d’électricité! Les rayons réfrigérés, les escaliers roulants ou encore les ascenseurs dans les magasins sont des installations qui consomment énormément d’électricité. Selon le journal alémanique, cela représente environ 130 magasins. Outre Migros, Coop et d’autres grands distributeurs devraient aussi se contenter de réduire leur consommation d’électricité en cas d’urgence.
Interrogé par Blick, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE), compétent en la matière, ne donne pas plus de détails. Les préparatifs d’un plan d’urgence sont en cours. La population devrait être informée de son contenu en août.
Il est toutefois certain que la Confédération prévoit un plan en quatre étapes: Tout d’abord, il y aura des appels à faire un maximum d’économie. Le Conseil fédéral demandera par exemple à la population d’utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur ou de débrancher les appareils électroniques lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
Différents niveaux de restrictions
Le deuxième niveau sera celui des restrictions de consommation. L’éclairage public pourrait par exemple être restreint. L’arrêt des remontées mécaniques sera également à l’ordre du jour. Ce n’est qu’au niveau 3 qu’interviendront les contingentements. Dans ce cas, Migros devra par exemple fermer des magasins sur ordre du Conseil fédéral afin de consommer moins d’électricité.
Ce n’est qu’au tout dernier niveau qu’il y aura des coupures de réseau, qui pourraient alors toucher directement les ménages privés. La Confédération veut éviter ce scénario, car il deviendrait problématique: Dans les régions concernées, la télévision, les lignes téléphoniques ou Internet seraient coupés. Même les appels d’urgence ne pourraient plus être passés. Les systèmes d’alarme seraient hors service et le risque de cambriolage ou d’agression augmenterait considérablement.
Mais avant cette phase critique, la pénurie d’électricité toucherait déjà diverses entreprises de plein fouet. Puisque les prix de l’électricité et du gaz augmentent, certaines d’entre elles ne pourront plus se permettre de faire fonctionner leur production.
Un été qui cache la menace
Pour éviter d’en arriver là, l’Europe veut s’éloigner le plus rapidement possible du gaz russe. La Suisse, par exemple, mise pour cela sur l’énergie hydraulique. La conseillère nationale UDC et entrepreneuse Magdalena Martullo-Blocher demandait il y a quelques jours dans Blick que la Confédération ordonne le remplissage des barrages afin d’éviter un black-out hivernal.
Mais l’été chaud et sec ne se montre pas favorable. Les barrages suisses sont certes encore bien remplis, mais il pleut moins que les autres années. Ainsi, une pénurie de gaz et d’électricité devient soudainement une réelle menace, alors même que nous sommes actuellement en quête de fraîcheur.
(Adaptation par Thibault Gilgen)