C’est une initiative de taille qui sera soumise au peuple le 25 septembre prochain. Au programme: abolir l’élevage intensif en Suisse et renforcer les mesures pour le bien-être animal. Outre la réduction du nombre d’animaux par exploitation, l’initiative exige, entre autres, la mise à disposition d’une litière et des sorties en plein air pour tous les animaux de rente ainsi qu’un meilleur contrôle du processus d’étourdissement lors de l’abattage. Le conseiller aux États socialiste Daniel Jositsch, la conseillère nationale des Verts Meret Schneider ou encore la conseillère nationale des Vert’libéraux Kathrin Bertschy soutiennent ces points.
À l’approche de la votation, les organisations à l’origine de l’initiative – Sentience, Vier Pfoten, la Fondation Franz Weber et Greenpeace – visent désormais les grands distributeurs. Grâce à leur pouvoir sur le marché, ceux-ci jouent un rôle clé dans le «système d’élevage intensif» et portent une grande responsabilité dans la production et la consommation de produits animaux, explique le responsable de la campagne Philipp Ryf: «Ils sont donc également en mesure de poser de nouveaux jalons.»
«Dignité animale partout!»
Les organisations à l’origine de l’initiative sur l’élevage intensif montrent clairement dans quelle direction les grands distributeurs devraient, selon elles, s’orienter avec la campagne «Dignité animale partout!».
Elles demandent aux détaillants de ne pas faire de publicité mensongère et enjolivée pour les produits animaux et de renoncer à l’avenir aux promotions sur la viande, les produits laitiers et les œufs. La campagne demande également que l’élevage industriel de volailles ne soit plus développé. Enfin, les associations invitent les détaillants à fixer des objectifs de réduction de la vente de produits animaux.
Publicité vs. réalité
Actuellement, les grands distributeurs multiplient les campagnes de publicité pour montrer leur engagement en faveur du bien-être des animaux, déclare Philipp Ryf. La réalité est tout autre: «Migros et Coop se parent notamment de marques propres comme Natura Beef – qui ne représentent en réalité qu’une petite partie de l’assortiment – tandis que les animaux, les hommes et l’environnement continuent de souffrir de la domination de la viande bon marché.»
Les organisations de protection des animaux ont voulu savoir quelles mesures prendront les grands distributeurs si l’initiative sur l’abolition de l’élevage intensif est acceptée par le peuple. Elles les ont contactés dans ce sens.
Coop et Migros se justifient
Blick a pu se procurer les réponses des détaillants. Coop affirme qu’elle s’engage depuis de nombreuses années en faveur de normes élevées en matière de bien-être animal et qu’elle est leader dans ce domaine. Avec des projets pionniers comme la poule de seconde vie ou les programmes de labellisation, elle mise sur des solutions particulièrement durables. Coop s’est en outre fixé pour objectif d’acheter d’ici 2026 environ 90% de ses produits animaux issus de productions présentant des «plus-values en matière de bien-être animal». D’une manière générale, Coop s’oriente vers les besoins de ses clients et leur offre la liberté de choix, «c’est pourquoi nous proposons, en plus des produits d’origine animale, de nombreux produits d’origine végétale».
Migros écrit qu’elle veille depuis plusieurs années à présenter l’élevage d’animaux de rente sur les affiches et dans les spots télévisés «pas de manière enjolivée ou exagérément idyllique». Les actions sont toutefois importantes pour pouvoir vendre autant que possible tous les morceaux de viande d’un animal. Migros réagit en principe à la demande avec son offre. En ce moment, la viande de volaille est très demandée: «Nous ne considérons pas qu’il est de notre devoir d’empêcher les consommatrices et les consommateurs de consommer du poulet.» En outre, le choix d’alternatives végétales à base de protéines ne cesse de croître dans les magasins du géant orange.
Pas de réduction de vente de viande prévue
Ce dernier point réjouit les défenseurs des animaux, mais ils considèrent les réponses des distributeurs décevantes. «Ils suivent effectivement l’air du temps en proposant plus d’alternatives végétales, reconnaît Philipp Ryf, mais en même temps, ils s’en tiennent au statu quo.»
Aucun grand distributeur ne se serait par exemple engagé à réduire son assortiment de viande. «Ils empêchent ainsi le changement qui est déjà en cours et rejettent entièrement la responsabilité sur les consommateurs.»
(Adaptation par Louise Maksimovic)