Le texte «Non à l'élevage intensif», lancé par la présidente de la Fondation Franz Weber, Vera Weber, le conseiller national Bastien Girod (Verts/ZH) et Greenpeace, veut ancrer des normes bio dans la Constitution en matière de protection des animaux. Le texte demande à la Confédération de fixer des critères sur un hébergement et des soins respectueux des animaux, l'accès à l'extérieur, l'abattage et la taille maximale des groupes par étable.
L'agriculture suisse se caractérise par un niveau très élevé de bien-être animal, a affirmé le conseiller national Markus Ritter (Centre/SG) lors d'une conférence de presse à Berne. La loi sur la protection des animaux est d'une sévérité unique au monde.
Cette loi limite déjà les effectifs pour les poules, les porcs et les veaux. Il existe des programmes d'incitation très efficaces pour des étables particulièrement respectueuses des animaux et des sorties régulières en plein air, poursuit celui qui est également président de l'Union suisse des paysans.
Les normes seraient suffisantes
Dans la production d'oeufs, 85% des poules pondeuses profitent des sorties régulières en plein air. Chez les vaches, 60% sont détenues dans une étable à stabulation libre. Et 70% des porcs sont détenus dans un système de stabulation particulièrement respectueux des animaux ,50% disposant d'un parcours extérieur, a livré Markus Ritter. De plus, on trouve de nombreux labels allant encore plus loin, comme Demeter, et un système de contrôle efficace.
En plus de ces considérations éthiques, les opposants n'oublient pas de sortir les arguments économiques. Si elle est acceptée, l'initiative imposera à l'élevage de se conformer aux directives bio. Selon les produits, les aliments d'origine animale se renchériraient alors de 20 à 40%, soit une charge supplémentaire d'environ 1800 francs par an pour le porte-monnaie, a relevé la conseillère aux Etats Andrea Gmür (Centre/LU).
«Le choix des consommateurs est aussi parfois guidé par des possibilités économiques et en restreignant ce choix, on va avoir un sérieux problème vis-à-vis de toute une partie de la population qui ne peut pas se payer de la viande à un prix élevé», a constaté de son côté la conseillère aux Etats Johanna Gapany (PLR/FR).
Et d'accuser les initiants d'être trop éloignés de la réalité du terrain et d'avoir oublié un acteur central, à savoir les paysans, «qui se lèvent» pour nourrir la population suisse, «qui travaillent, qui innovent».
Une diminution de la production de viande
Autre problème, aux yeux du conseiller national Fabio Regazzi (Centre/TI): en cas de «oui», la Suisse connaîtrait une réduction draconienne du nombre d'animaux et donc une diminution de la production de viande. La demande resterait stable, il faudrait alors importer l'offre manquante.
Selon le président de l'Union suisse des arts et métiers, la production indigène diminuerait d'environ 50% pour ce qui est des porcs, et même jusqu'à 80% pour ce qui est des volailles. De quoi mettre des milliers d'emplois en danger, chez les fournisseurs et les prestataires de services, mais aussi les boucheries et les abattoirs ainsi que les marchands d'oeufs.
En matière d’importations, une «telle réglementation constituerait en outre une violation de nos engagements envers l'OMC, dont les règles interdisent les différences de traitement des produits à la frontière en fonction de leur mode de production», a aussi rappelé Christoph Mäder, président de la faîtière economiesuisse. Les revendications des initiants sont aussi contraires aux traités qu'a passés la Suisse avec l'UE et à ses autres accords de libre-échange.
La droite avait servi les mêmes arguments au Parlement, qui a largement refusé l'initiative et aussi enterré l'idée d'un contre-projet indirect du Conseil fédéral. Seuls les Verts et certains socialistes ont affiché un soutien sans réserve.
(ATS)