Alors que le Tessin oscille entre tempêtes dantesques et son classique ensoleillement idyllique, le Festival du film de Locarno bat son plein jusqu'au 14 août. Avant la clôture, Blick vous propose ses coups de coeur. Avec un peu de chance, ceux-ci seront peut-être prochainement diffusés dans un cinéma près de chez vous.
«Il Legionario»
À Rome, l’histoire d’un flic anti-émeutes d’origine africaine devant participer au délogement d’un squat dans lequel habite sa famille. La scène d’intro donne le ton: des agents italiens suréquipés se font caillasser dans la fumée d’une manifestation qui dégénère. Un air du clip de No Church in the Wild. Cependant, l’action va vite retomber pour faire place à une tension dramatique, plus diffuse et bien amenée dont les thématiques rappellent parfois les Misérables de Ladj Ly.
Que va faire notre légionnaire au cœur de ce conflit de loyauté, un peu simple mais bien travaillé? Le scénario est à l'image de la réalisation, sobre mais efficace. Chaque ligne de dialogue compte pour mieux comprendre les personnages, qui échappent à la caricature malgré les apparences et qui participent à donner un ton très juste au film.
«Sis Dies Corrents»
Dans la Catalogne d’aujourd’hui, Moha, électricien et immigré marocain, a une semaine pour faire ses preuves dans une petite entreprise. Entre son insupportable collègue Valero, des clients déjantés et des amis qui le soutiennent peu, il aura fort à faire pour obtenir le poste.
Fous rires garantis dans les gradins, à Locarno comme ailleurs. Cette comédie populaire et légère qui sent bon le théâtre de boulevard vise juste, manie un humour tendre et malin tout en brossant intelligemment une galerie de personnages qui sert un propos social équilibré.
«Vortex»
La dernière création de Gaspar Noé surprend autant qu’elle touche, à condition de se laisser porter par ce film, à des années-lumières des images chocs et sulfureuses explorées d’habitudes par le cinéaste. Pour la 2e projection après le Festival de Cannes, le film a eu droit à une projection sur la Piazza Grande, avec une introduction du réalisateur sur scène.
Construit en style documentaire, l’histoire présente deux intellectuels âgés vivant leurs journées dans le petit milieu parisien. L'écran est séparé en deux et forme une paire de fenêtres parfaitement carrées, comme si la forme de «Mommy» de Xavier Dolan s’était dédoublée pour filmer «Amour» de Haneke.
Oui, l'intro est la seule partie du film qui ne soit pas double.
Par plusieurs jeux de mises en abîmes, que ce soit dans l’écriture ou dans l’image, le film et la vie — ou la fin de vie — se mélangent pour laisser place à un spectacle tantôt émouvant, tantôt pathétique. Une fois le premier tiers du film — qui prend son temps — passé, le deuxième installe réellement les enjeux pour laisser les émotions fleurir en dernière partie.
«Mad God»
Attention, là, c’est du très lourd. Comment définir un film réalisé pendant plus de 30 ans dans la cave et la maison du responsable des effets spéciaux de Star Wars, qui allie avec du stop motion et des images réelles un suspense sale et une horreur fantasque? Comme cela.
La bizarrerie des scènes ahurissantes de cette création unique, trip cauchemardesque et minutieux, lui promet sans doute un avenir culte parmi les amateurs d'ovnis du cinéma fantastique.