Le 74e Festival du film de Locarno débute mercredi. Après l’édition hybride de l’année dernière, le public retrouve un festival «physique», avec une Piazza Grande à nouveau pleine. Retour aux marques qui ont fait la célébrité du festival dans le monde entier: un long parterre de chaises jaunes devant un écran énorme, sur le pavé et entre les balcons.
Alors que les responsables de la «Mostra de Venise», qui commence début septembre, n’excluent pas un nouveau renforcement de leurs mesures contre le Covid-19, au Tessin, on s’en tient aux précautions et réglementations prises. Seules les personnes munies d’un certificat Covid sont autorisées à entrer sur la Piazza, et un centre de test est installé près de Palexpo depuis vendredi et pour toute la durée du festival.
Les masques seront obligatoires à l’intérieur et les places dans les salles de cinéma devront être réservées. Le système laissera d’ailleurs systématiquement une place de libre entre deux réservations — personnes seules ou groupes de spectateurs — pour espacer un maximum le public. Le nombre de siège sera limité aux deux tiers de la capacité maximale.
Cette limitation des places inquiète d’ailleurs le COO Raphaël Brunschwig, qui s’attend à un déficit plus important pour 2021. L’année dernière, les réserves avaient été conservées grâce à plusieurs dons de la part des secteurs publics et privés.
Netflix entre en force sur la Piazza Grande
2021 est également une édition très spéciale pour Giona A. Nazzaro. Le nouveau directeur artistique du festival, âgé de 56 ans, a grandi à Zurich et vit à Rome. Il connaissait Locarno sous l’angle de la critique. Il présente aujourd’hui son premier programme et accueillera personnellement les invités lors de l’inauguration le 4 août sur la Piazza. «Je suis impatient et je me sens comme Romy Schneider en Sissi avant le grand bal du Kaiser», plaisante-t-il.
En film d’ouverture, «Beckett», un thriller avec John David Washington et Alicia Vikander et produit par Netflix, inaugurera l'édition. Contrairement à d’autres festivals, Locarno ne semble pas craindre la concurrence du géant du streaming et l’accueille comme n'importe quel distributeur. L’actrice française Laetitia Casta, sera la vedette du tapis rouge et recevra le prix d'excellence.
«Ne surtout pas s’ennuyer»
Le Léopard d’honneur de cette année reviendra au réalisateur américain John Landis, à qui on doit notamment les «Blues Brothers». Il sera présent au festival le 13 août lors de la projection de la comédie «Animal House» sur la Piazza. Giona A. Nazzaro, qui considère John Landis comme un «génie», explique que cette coming-of-age-story de 1978 illustre parfaitement son credo pour cette édition du festival: «ne surtout pas s’ennuyer».
Dans cet état d’esprit, on pourra voir plusieurs intenses classiques du cinéma moderne américain tels que «Heat» (12 août) et «Terminator» (7 août), également sur la Piazza Grande. Le biopic sur Aretha Franklin «Respect», avec Jennifer Hudson, clôturera le festival le 14 août.
Les films suisses également à l’honneur
Samedi prochain, le point culminant du Panorama Suisse sera la première mondiale du film de Stefan Jäger, «Monte Verità»: un drame sur un rassemblement d’artistes et de marginaux en Suisse au début du XXe siècle, avec les jeunes stars locales Max Hubacher, et Joel Basman, dans le rôle de Hermann Hesse. Le tournage a eu lieu l’été dernier dans des conditions difficiles à Locarno. Le festival sera donc un cadre de choix pour sa première.
Un film suisse pourrait également faire sensation dans la compétition internationale: «Soul of a Beast» de Lorenz Merz, avec les étoiles montantes Luna Wedler (âgée de tout juste 21 ans), et Ella Rumpf (âgée de 26 ans).
Tous les films sont «formidables»
En tout, 17 films sont en lice pour le Léopard d’or. Giona A. Nazzaro ne veut cependant pas trop s’avancer en matière de préférence personnelle, bottant en touche et déclarant lors d’un récent déjeuner de presse que chaque film est «formidable à sa manière».
Le thriller islandais «Leynilögga» de Hannes Halldórsson en est un bel exemple. Ce film d’action décalé mené tambour battant à travers Reykjakiv a été réalisé par… le gardien de but de l’équipe nationale de football. Cette année à Locarno, l’ennui ne devrait en effet pas poindre le bout de son nez.