La Suisse est-elle menacée d’une nouvelle vague de décès dus au Covid? C’est en tout cas ce que pense le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), si la couverture vaccinale stagne au taux actuel de 60%. Il estime que les hospitalisations devraient dépasser le niveau record de l’hiver 2020/21.
Pour éviter un tel fiasco, le Conseil fédéral prépare une dernière offensive vaccinale. Selon une source proche du Conseil fédéral, «il s’agit du dernier essai, et il doit faire mouche».
L’argent ne devrait pas manquer. Mercredi, le Conseil fédéral a approuvé une enveloppe de 100 millions de francs. L’objectif est ambitieux. Pour que les mesures de protection encore en vigueur puissent être levées, le taux de vaccination des plus de 65 ans doit passer à 93% et celui des 18 à 65 ans à 80%.
Mobiliser la population rurale
Pour tenir le rythme, les autorités doivent vacciner près d’un million de personnes. La véritable pièce maîtresse de l’offensive est la semaine de vaccination nationale, qui se déroulera dans toute la Suisse du 8 au 14 novembre. Le Conseil fédéral espère que cela permettra de mobiliser la population rurale à grande échelle.
Les projets concrets relèvent de la responsabilité des cantons. Ils ont jusqu’à mardi pour les présenter à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Dès le lendemain, les solutions seront passées au crible et mercredi soir, un premier concept devrait être prêt.
Information et prévention avant la séance de sport
Selon les éléments rassemblés par nos collègues du SonntagsBlick, les associations présentes dans les zones rurales seront au centre des efforts. L’accent sera mis sur les clubs de football, de hockey, de gymnastique et de tir.
Les entraîneurs et cadres des clubs auraient reçu pour consigne de faire passer des messages d’information et de prévention auprès de leurs membres. Dans certains cas, des experts pourraient être présents avant des séances d’entraînement.
Une piqûre après la prière du vendredi
Les associations culturelles et les mosquées sont également au premier plan. La raison? Le taux de vaccination des jeunes adultes et des migrants est considéré comme alarmant. Il convient donc de les aborder de manière encore plus spécifique.
Le modèle s’inspire de ce que propose le canton de Schaffhouse, où les fidèles peuvent se faire vacciner dans les environs de la mosquée directement après la prière du vendredi. C’est dans ce sillage que le canton d’Argovie a présenté les premières esquisses de son programme à l’OFSP vendredi, selon le directeur de la santé Jean-Pierre Gallati. Pour l’instant, il mise principalement sur la production de traductions de brochures d’information.
Les cantons se montrent critiques
Mais force est de constater que l’impulsion désirée par Berne n’a pas encore gagné tous les recoins de la Suisse. C’est ce qu’indiquent les informations rassemblées par SonntagsBlick auprès des 26 cantons.
L’objectif de vaccination du Conseil fédéral n’est pas réaliste, notamment en Suisse romande. Dans certains des cantons les plus peuplés, comme Berne et Zurich, les responsables politiques se montrent ouvertement sceptiques.
La Confédération paie, les cantons organisent
Il reste également à préciser comment le personnel médical doit être recruté pour venir appuyer cette semaine de vaccination nationale. Partout, le même son de cloche: «Les budgets du personnel sont épuisés.» La Confédération voit les choses différemment, en se basant sur le credo «Nous payons, vous organisez».
Il reste à savoir quand les millions promis seront transférés aux autorités cantonales. Cela ne devrait pas se faire avant l’année prochaine. Les Cantons espèrent pourtant obtenir le versement des aides cette année encore.
La Confédération paraît improviser plus que d’habitude dans ce scénario de la dernière offensive. Son objectif reste toujours de ne pas voir les hôpitaux surchargés dans les mois qui viennent. Elle garde en souvenir la deuxième vague de l’année dernière, durant laquelle près de 8’000 personnes sont décédées du Covid.