Les portails de réservation en ligne sont incontournables pour les hôtels suisses. Deux nuitées sur cinq y sont réservées, le plus souvent sur des plateformes internationales.
Mais ce qui devait être à la base un outil de réservation parmi d'autres se révèle être une épine dans le pied de l'hôtellerie et constitue une forme de dépendance. Les grands portails comme Expedia ou Booking.com exigent une commission pouvant atteindre 15% de la réservation. De plus, les hôteliers suisses doivent s'engager à ne pas proposer de meilleurs prix sur leur site Internet.
Déjà interdit chez nos voisins
En Allemagne, en Autriche, en France et en Italie, de tels contrats limitants sont interdits. La Suisse veut leur emboîter le pas. Cette semaine, le Conseil fédéral a adopté un article de loi interdisant les clauses de fixation des prix dans les contrats entre les plateformes de réservation en ligne et les établissements d'hébergement.
«La nouvelle réglementation doit permettre aux hôtels d'être libres de fixer les prix qu'ils désirent», écrit le Conseil fédéral. Elle encourage en outre la réservation directe via les sites web des hôtels.
Du côté des portails de réservation, la décision n'a été que très peu appréciée. «Nous sommes déçus par cette proposition du Conseil fédéral», déclare un porte-parole de Booking.com. Le géant en ligne ne veut pas entendre parler de clauses de fixation des prix et préfère évoquer des «clauses de parité».
Booking.com se sent traité injustement
Le site de réservations s'estime injustement cloué au pilori. «Les clauses de parité sont indispensables pour éviter que les hôtels n'utilisent gratuitement tous les services proposés par Booking.com, puis proposent délibérément des prix plus élevés sur notre site afin d'encourager les clients à réserver directement auprès de l'hôtel».
Selon le porte-parole, cela est injuste et ce n'est pas dans l'intérêt des voyageurs. «Si les hôtels et autres établissement ne sont plus obligés de proposer des prix compétitifs sur notre plate-forme, les consommateurs pourraient finir par payer plus cher leur séjour», relève-t-il.
Garder la main sur les prix
Les hôteliers suisses voient les choses différemment. Ils estiment que la décision du Conseil fédéral aurait dû être prise depuis longtemps. Hotelleriesuisse estime toutefois que le projet ne va pas assez loin. L'association de la branche veut s'engager pour que toutes les clauses anticoncurrentielles soient interdites dans le nouvel article de loi, par exemple aussi en ce qui concerne la disponibilité de certaines catégories de chambres.
«Il est important que les hôteliers gardent la main sur les prix», déclare Andreas Züllig, président d'Hotelleriesuisse. Les entrepreneurs devraient être les seuls à pouvoir décider de tous les paramètres de l'offre.
(Adaptation par Alexandre Cudré)