Ce mardi matin, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a rencontré l'ambassadeur suisse Christian Winter et son équipe, arrivés à 6h45 à l'aéroport de Berne-Belp. Ceux-ci ont été évacués du Soudan. La raison: la capitale du pays, Khartoum, est le théâtre de combats sanglants entre l'armée soudanaise et le groupe paramilitaire Forces de soutien rapide (FSR) depuis une semaine.
Après la rencontre avec le conseiller fédéral, une conférence de presse a débuté. «C'est un grand soulagement d'être ici à Berne-Belp ce matin et d'accueillir notre personnel», a déclaré Ignazio Cassis. L'opération de sauvetage n'a pas été facile, a encore évoqué le ministre. «Mais tout le monde va bien, c'est le plus important. Je tiens à remercier toutes les personnes impliquées pour leur bon travail.»
Escortés par les mitraillettes
La situation à Khartoum était en effet très tendue. «Ils chassent les habitants, pillent les magasins, volent de la nourriture», a raconté Christian Winter au sujet des combattants soudanais.
Au moment de l'évacuation, «nous n'avions pas beaucoup de temps et avons dû laisser presque tous nos biens derrière nous», explique encore l'ambassadeur. La France les a aidés à quitter le pays, car la délégation suisse n'en était pas capable.
Les rescapés se sont donc rendus à l'ambassade française en bus, avant d'atteindre une base de l'armée de l'air. Le groupe a été escorté par les FSR. Le tout à l'aide de mitraillettes.
Piégés au milieu des combats
Les descriptions de l'ambassadeur sont impressionnantes: «Samedi, il y a une semaine, j'étais dehors et j'ai entendu des coups de feu». Son épouse lui a alors dit qu'il devait retourner à la résidence immédiatement. «Nous étions alors avec notre voiture au milieu de la bataille.» Des frappes aériennes à l'aide d'avions de chasse se seraient rapidement produites. Et intensifiées de jour en jour.
L'ambassadeur et son équipe ont dû se barricader dans la résidence. Le réseau mobile s'étant partiellement effondré, la seule manière de communiquer était par talkie-walkie ou téléphone satellite.
«Nous étions dans la ligne de mire», a-t-il décrit. Christian Winter ne sait pas quelle partie a tiré sur l'ambassade de Suisse, mais il soupçonne les RSF.
Cessez-le-feu de 72 heures
En tout, dix personnes ont pu quitter le pays africain sur la mer Rouge avec l'aide de la France, et deux autres avec l'aide de la Croix-Rouge internationale (CICR). C'est ce qu'a annoncé lundi le Département fédéral des affaires étrangères.
Tous les employés de l'ambassade de Suisse ainsi que les membres de leur famille ont été évacués du pays.
De nombreux autres Etats retirent également leur personnel diplomatique du pays. Selon le Vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, plus de 1000 étrangers ont été mis en sécurité depuis le début de la campagne d'évacuation au Soudan.
Un cessez-le-feu de 72 heures conclu au Soudan sous l'égide des Etats-Unis est également entré en vigueur mardi après 10 jours de combats qui ont fait plusieurs centaines de morts et provoqué un exode massif, indique l'ATS.