Le Ministère public réclame sept ans de prison sans sursis contre le principal jeune accusé d'un enlèvement en lien avec des bandes rivales de Bienne et de La Chaux-de-Fonds (NE). Pour les six autres prévenus, il a requis entre 2 ans et cinq ans et demi de prison.
Pour les quatre prévenus de nationalité étrangère, la procureure Ludivine Ferreira Broquet a requis une expulsion de cinq ans du territoire suisse. «Cette escalade de violences est profondément choquante», a-t-elle déclaré mardi devant le Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz. «Ces jeunes ont eu une volonté claire d'en découdre et ont fait fi des conséquences.» Ils faisaient partie de la bande du 47, qui comptait une centaine de jeunes. «Avec l'effet de groupe, ils se sentaient invincibles», a ajouté la procureure.
Ce déferlement de violences entre bandes de différents cantons a occasionné quelques mois plus tard, soit en septembre 2021, la mort d'un jeune Loclois à Lausanne. Cela fera l'objet d'un autre procès.
«Ils minimisent leur implication»
«Les prévenus tentent de se dédouaner et de minimiser leur implication dans les événements, alors qu'ils étaient bien présents», soit à la gare de Neuchâtel, soit au parking du Châpeau-Râblé à La Chaux-de-Fonds, soit dans la cave d'un immeuble chaux-de-fonnier dans la nuit du 20 au 21 mars 2021. Selon le Ministère public, ils accusent les Biennois d'avoir commencé les hostilités ce jour-là. «Les prévenus ont fait corps pour se venger. Aucun ne s'est opposé à la violence et n'a appelé la police. Ils ont fait preuve d'omerta.»
Un des sept prévenus s'est toutefois dénoncé à la police. Il a par la suite reçu des menaces de mort de la bande et a déménagé à Neuchâtel. Pour cet accusé, la procureure a requis la peine la plus légère, soit deux ans de prison, avec un sursis de deux ans.
Agressé, menacé et kidnappé
Les sept prévenus étaient âgés entre 18 et 20 ans au moment des faits. Ils sont accusés d'avoir agressé en bande un jeune à la gare de Neuchâtel et de l'avoir placé de force dans le coffre d'une voiture jusqu'à La Chaux-de-Fonds. Là, la victime a dû retirer son pull, sa veste et ses chaussures, alors qu'il neigeait.
Menacée de mort, elle a été déplacée dans une cave. Elle a été contrainte de faire une vidéo à l'attention de la bande de Bienne, a été frappée à nouveau, avant d'être relâchée.
«Je vivais dans la rue»
Le principal accusé a déclaré qu'il «ne se rendait pas compte de ses actes». Actuellement détenu à la prison de La Chaux-de-Fonds, il a expliqué qu'il s'agissait d'erreurs de jeunesse. «Je veux les mettre de côté et avoir une vie normale avec une formation et un travail».
Outre l'enlèvement, le principal prévenu a participé à trois autres attaques entre septembre 2021 et en août 2022, selon l'accusation. Il est accusé de lésions corporelles pour une agression commise en février 2022 dans un bar. «A ce moment-là, j'étais dans une mauvaise passe et je vivais quasiment dans la rue», a-t-il expliqué.
Ce prévenu est accusé aussi d'avoir agressé et blessé un étudiant, domicilié dans le canton de Berne, dans le complexe de l'école professionnelle CIFOM au Locle. Il a contesté ces faits. Idem pour un autre prévenu, accusé également de l'agression locloise.
«Eviter une escalade»
Durant l'audience, la plupart des prévenus ont expliqué qu'ils n'avaient pas participé activement à l'enlèvement. Le principal accusé a expliqué qu'il a cherché à calmer les agresseurs «pour éviter une escalade de l'agression dans la cave».
Selon son avocat, Laurent Seiler, son client n'est pas impliqué dans l'enlèvement, car il n'était pas présent à la gare de Neuchâtel et au Châpeau-Râblé. «Le parquet lui impute des fautes qu'il n'a pas commises».
Pour la défense, une peine de sept ans de prison le priverait de toute possibilité de réinsertion. Son avocat réclame de limiter la peine privative de prison à six mois, soit la durée de la détention préventive.
L'un des accusés est absent du procès et sera jugé par défaut.
(ATS)