Séquestration et enlèvement, agression, menaces, contrainte, possession d’arme ou encore de tir à proximité des habitations: la liste des chefs d’accusation est longue. Le Ministère public neuchâtelois vient de renvoyer douze membres des gangs de La Chaux-de-Fonds et Bienne devant le tribunal criminel pour des événements remontant au printemps 2021, dévoilait Blick ce mardi. Les prévenus, présumés innocents, risquent plusieurs années de prison, voire l’expulsion, pour les six étrangers parmi eux.
Différentes procédures sont encore en cours dans les cantons de Neuchâtel, de Berne et de Vaud. Cette guerre a déjà fait deux morts. En attendant les procès, et au moment où la situation semble apaisée, Blick vous invite à vous pencher sur six dates clés pour comprendre ce conflit sanglant.
Sur les gangs de Bienne et La Chaux-de-Fonds
2019: naissance des deux gangs sur fond de rap game
Tout commence en 2019. «Il ressort des déclarations des personnes entendues dans le cadre des procédures que ces bandes se seraient initialement formées pour faire de la musique», explique la procureure neuchâteloise Ludivine Ferreira Broquet dans une interview accordée à Blick, publiée ce mercredi. Petit à petit, à travers des clips de rap diffusés sur YouTube, les groupes auraient commencé à se provoquer, puis à se donner rendez-vous, via les réseaux sociaux, pour en découdre.
«La question de l’identité géographique apparaît dans l’intitulé des bandes [...], mais il ne s’agit apparemment pas d’une guerre de territoire liée à du trafic de stupéfiants», écarte-t-elle. Pour mémoire, le gang des Montagnes neuchâteloise se nomme le «47», soit l’addition des premiers chiffres des codes postaux de La Chaux-de-Fonds (2300) et du Locle (2400). Le collectif biennois s’appelle le «2CZ». Une abréviation de «deux-cinq-zéro», en référence au NPA de la cité bilingue bernoise (2500).
Novembre 2020: premier mort
C’était un samedi soir. Ce 15 novembre 2020, un ado de 15 ans meurt, happé par un train à la gare de Sugiez, dans le canton de Fribourg. Son décès est accidentel, mais il aurait été précédé par une longue dispute entre les deux gangs, comme le racontait «20 minutes». Quelque temps auparavant, le «47» et le «2CZ» auraient organisé une rencontre pour se battre à cet endroit-là.
Printemps 2021: scènes hallucinantes à La Chaux-de-Fonds
La tension et la violence montent d’un cran au printemps 2021. Selon les extraits des actes d’accusation en possession de Blick, le «47» aurait enlevé, séquestré, tabassé et menacé un Biennois — un ancien membre du gang rival — qui attendait son train à la gare de Neuchâtel, dans la nuit du 20 au 21 mars.
En représailles, le «2CZ» se serait rendu à La Chaux-de-Fonds, le 11 avril. Là, des Biennois auraient d’abord tiré des feux d’artifice en direction d’une voiture occupée par des adversaires. Une rixe aurait éclaté et un tir de pistolet d’alarme serait parti dans un bus des transports publics locaux, en service. Sans toutefois faire de blessé parmi les occupants.
Les Biennois auraient ensuite enlevé, séquestré, menacé et tabassé un Chaux-de-Fonnier. Avant de l’abandonner dans le Jura bernois, sur la commune de Douanne, à une quarantaine de kilomètres de la Métropole horlogère. S’ensuit une vague d’arrestations. Douze jeunes hommes, tout juste majeurs au moment des événements, sont en attente de leur jugement.
Septembre 2021: un deuxième mort à Lausanne
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2021, un jeune Chaux-de-Fonnier, ressortissant congolais, meurt après s’être fait poignarder lors d’une rixe, dans le célèbre quartier du Flon, à Lausanne. Cette fois, la bagarre ne semblait pas planifiée. L’auteur présumé est arrêté. La procédure est en cours, l’affaire n’a pas encore été jugée.
Mai 2022: des Biennois contre un Biennois
Début mai 2022, des membres du «2CZ» auraient séquestré durant plusieurs heures l’un de leurs anciens camarades biennois, selon «Arcinfo». Son tort supposé: avoir été en contact avec deux Chaux-de-Fonniers, dont on ignore s’ils faisaient partie du «47».
2023: l’accalmie, mais pour combien de temps?
En 2023, les attaques et vengeances sanglantes ont laissé la place à une désescalade. «Il semble que le travail des différentes polices cantonales et des autorités judiciaires des adultes et des mineurs a contribué à réduire sensiblement la dynamique de ces bandes, analyse la procureure neuchâteloise Ludivine Ferreira Broquet, interrogée par Blick, à la tête de l’opération anti-gangs 'Loulou'. On peut ainsi dire que la situation est aujourd’hui apaisée. Il est toutefois impossible de savoir combien de temps va durer cette accalmie.»