Cette méthode fait jaser
Des entreprises engagent des proches aidants et leur versent un salaire

Soignez un membre de votre famille, et des entreprises privées comme Spitex ou Asfam pourraient vous engager comme proche aidant et vous verser un salaire. Au Parlement, cette procédure suscite des critiques.
Publié: 01.06.2023 à 06:01 heures
|
Dernière mise à jour: 01.06.2023 à 06:53 heures
1/7
Lorsque des proches soignent des membres de leur famille, ils peuvent se faire embaucher par une entreprise. Ils reçoivent ainsi un salaire.
Photo: keystone-sda.ch
Bruggmann Tobias

Si un membre de la famille est âgé, fragile ou physiquement handicapé, ce sont souvent les proches qui s'en occupent. Beaucoup d'entre eux le font gratuitement. Ils réduisent leur temps de travail dans leur emploi habituel pour aider. Il en résulte des pertes de salaire et de prévoyance vieillesse.

Kenny Kunz a voulu aider et a fondé Asfam. Cette organisation privée emploie des proches aidants. Ainsi, lorsque la mère est soignée, le fils obtient un contrat de travail et un salaire. Les entreprises qui se cachent derrière facturent ensuite les prestations de soins aux caisses d'assurance maladie et à l'État. De telles embauches sont également possibles dans les services d'aide et de soins à domicile.

Des marges élevées

On pourrait penser ce système prometteur. Mais il ne convainc pas tout le monde. Au Parlement, le conseiller aux États schaffhousois Hannes Germann (UDC), entre autres, critique la répartition inégale des fonds: «Les entreprises privées encaissent l'essentiel des recettes et ne versent qu'une petite partie aux membres de la famille qu'elles emploient.» Choquant, selon lui.

Le conseiller national du Centre Benjamin Roduit argumente dans le même sens: «Ces entreprises ne doivent ni payer le transport des proches, ni prendre en charge les frais de formation. C'est pourquoi il est injuste qu'elles reçoivent autant d'argent en plus.» Le conseiller national même parti Lorenz Hess est, lui aussi, très sceptique. «Que des proches soignent leurs parents est en fait le cas idéal. Mais il ne faut pas qu'ils soient utilisés comme de faux employés», déclare-t-il. Les détracteurs de ce système ont donc déposé des interventions au Parlement.

En réalité, Asfam verse aux proches un salaire brut de 34,30 francs de l'heure. Ce qui est payé, c'est ce qu'on appelle les soins de base, c'est-à-dire l'aide pour manger, boire, se laver et s'habiller. Asfam reçoit toutefois 52,60 par heure de la part de la caisse d'assurance maladie et de l'État – les contributions pouvant varier d'un canton à l'autre. «Nous avons besoin de cet argent supplémentaire. La marge nous permet de financer notre infrastructure et d'engager du personnel soignant diplômé qui garantit la qualité», explique le fondateur de l'entreprise.

Inquiétudes quant à la qualité

À cela s'ajoutent les inquiétudes concernant la qualité des soins. «L'assurance qualité n'est pas assez réglementée», déclare Lorenz Hess. L'élu centriste Benjamin Roduit propose que les proches reçoivent quelques heures de formation de base: «Nous ne devons pas créer de grands obstacles.»

Toute personne qui se fait engager par Spitex doit suivre au moins un cours d'aide-soignant. C'est également le cas chez Asfam. En revanche, les entreprises qui ne font pas partie de l'association des organisations privées d'aide et de soins à domicile ne sont pas obligées d'imposer une telle formation.

Les proches sont contrôlés lors des soins. «Chaque personne nécessitant des soins est attribuée à une infirmière formée. Cette dernière a un contact avec la famille au moins toutes les deux semaines», explique Kenny Kunz. Ces directives ont été fixées par le Tribunal fédéral.

Le Conseil fédéral analysera la pratique

Chez Spitex, on voit des chances et des risques dans cette solution d'engagement. «Les proches fournissent un travail incroyable en matière de soins à la famille», déclare le co-directeur Cornelis Kooijman. Néanmoins, chaque organisation d'aide et de soins à domicile décide de manière autonome d'engager ou non des proches soignants: «L'un des avantages est que l'aide et les soins à domicile peuvent être dispensés rapidement, de plus les proches aidants savent quand ils atteignent leurs limites.» Une nuance, toutefois: «Il est important que les soins puissent être dispensés conformément aux exigences de l'aide et des soins à domicile, car c'est nous qui en sommes responsables en dernier ressort.»

En réponse aux interventions des parlementaires, le Conseil fédéral annonce un rapport pour analyser cette pratique. Il ne considère pas les marges élevées des entreprises comme un problème.

Une chose est également claire: l'urgence des soins en Suisse est aiguë. Aujourd'hui déjà, les proches aidants fournissent un travail considérable, les politiques s'accordent d'ailleurs sur ce point. «Mais le fait qu'ils reçoivent une indemnisation minimale pour leurs prestations dans le cadre de contrats de travail ne contribue pas vraiment à améliorer leur propre situation», déclare Hannes Germann.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la