«C'est une honte ce qui se passe ici», lance Xavier Bagnoud, un Valaisan de 55 ans. Ce père de cinq enfants se tient près de sa maison à Leytron (VS). Sa mère y habitait déjà. Son foyer est isolé dans la forêt, et pour s'y rendre, il faut emprunter un chemin de terre non goudronné. Xavier Bagnoud s'occupe lui-même du service hivernal. «J'apprécie le calme et la proximité avec la nature que j'ai ici», confie l'œnologue.
Toutefois, le calme est une chose, et pourtant, l'homme a bien trop souvent des raisons de se fâcher. La raison en est le terrain de son voisin Fabrice P.*. Celui-ci ressemble littéralement à une décharge. Du bois, des déchets métalliques, des bidons d'huile, de vieilles voitures et bien d'autres choses encore s'y entassent. «C'est incroyable qu'une telle chose soit encore possible à notre époque», martèle Xavier Bagnoud.
Une nuisance depuis des années
Ce qui agace particulièrement Xavier Bagnoud, c'est que la décharge de son voisin ne date pas d'hier. «Cela fait 30 ans que ça dure et personne ne fait rien», s'agace-t-il. Le Valaisan a déjà informé plusieurs fois les autorités de la situation, il a même envoyé des photos. Rien n'a été fait.
Pour ce père de famille, il ne s'agit pas seulement de l'aspect non esthétique qu'offre le terrain de son voisin, «il y a là des substances comme du pétrole, qui peuvent contaminer le sol en cas de fuite». Mais ce qui l'intéresse en premier lieu, c'est la santé de ses enfants. Xavier Bagnoud montre du doigt sa fille Anouk, âgée de 18 mois. «J'ai peur pour la santé de ma fille!» L'enfant pourrait se blesser en jouant avec la ferraille ou mettre quelque chose de toxique dans sa bouche.
Procédure en cours
Xavier Bagnoud demande que les autorités agissent enfin et qu'elles imposent l'évacuation du terrain. En effet, la commission cantonale valaisanne des constructions est chargée de l'affaire. En raison de la procédure en cours, il n'est pas possible de donner plus d'informations, a-t-on répondu au Blick.
Le président de la commune de Leytron, Joseph Ramuz, renvoie également à la procédure en cours. Il précise toutefois que l'évacuation de décharges illégales est souvent un processus long et coûteux. Christine Genolet-Leubin, la cheffe du Service de l'environnement, ne peut non plus pas s'exprimer sur le cas concret. «Mais de manière générale, il n'est pas légal de stocker des déchets dans la nature.» Et même, certains déchets comme les pneus, les bidons, les véhicules hors d'usage doivent être stockés sur une surface étanche et à l'abri des intempéries. «Dans le cas contraire, ils peuvent représenter un danger pour l'environnement», explique la plus haute gardienne de l'environnement du Valais.
Le voisin veut faire le ménage
Pendant ce temps, Fabrice P. se montre compréhensif. «Je sais que mon terrain n'est pas très beau», déclare-t-il à Blick. C'est pourquoi il veut commencer à éliminer correctement les déchets dans un avenir proche. Il veut notamment construire un entrepôt. L'homme a déposé une demande de permis de construire dans ce sens.
Pour son voisin Xavier Bagnoud, il a toutefois quelques mots marquants à dire. «Au lieu de me montrer constamment du doigt, celui-ci ferait mieux de s'occuper de ses affaires.» Selon lui, l'œnologue n'a pas le droit de pénétrer en permanence sur sa propriété. «C'est une violation de propriété et c'est interdit», conclut Fabrice P. à Blick.
* Nom modifié
