«Ça m'énerve de voir tous ces déchets!»
Des pollueurs utilisent une forêt valaisanne mythique comme dépotoir

Des inconnus jettent d'énormes quantités de déchets dans la réserve naturelle du Bois de Finges, en Valais. Ce n'est pas nouveau. Chaque année, des bénévoles doivent se rendre sur place pour nettoyer. Reportage.
Publié: 05.05.2023 à 06:19 heures
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Dernière mise à jour: 05.05.2023 à 07:50 heures
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Il semble que les restes de la rénovation d'un bâtiment aient été «éliminés» illégalement.
Photo: DR
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Martin Meul

Bouteilles en plastique, emballages, pièces métalliques, pneus de voiture, armoires entières… On trouve de tout dans la forêt de Finges, en Valais. En cause: des pollueurs, qui ont pris l’habitude de se débarrasser de leur matériel dans ces bois. Le directeur du parc naturel Pfyn-Finges, Peter Oggier, n’en peut plus de mettre en place des systèmes pour la nettoyer. Il a dû faire appel depuis quelques années à des gardes-forestiers.

Chaque année, c'est la même rengaine. Pourtant, le Bois de Finges n’est pas n’importe quel endroit, rappelle-t-il. Il s'agit de l’une des plus grandes forêts de pins d’un seul tenant des Alpes. Ce lieu emblématique sépare le Bas-Valais du Haut-Valais et fait donc aussi office de frontière linguistique. Jadis, des brigands y guettaient les voyageurs. Cette zone chargée d’histoire, placée sous protection en 1997, est aussi appréciée des randonneurs et des personnes qui souhaitent se reposer.

De gros efforts

Comment le directeur du parc naturel Pfyn-Finges lutte-t-il contre ce littering? Depuis plusieurs années, le parc s'occupe de la zone protégée sur mandat du Canton du Valais. Il a décidé d'employer des garde-forestiers, qui sont chargés de veiller à ce que la forêt reste propre.

Le Canton a lui-même aussi pris des mesures, en installant des barrières sur de nombreux chemins forestiers. Mais dissuadent-elles vraiment ces malfaiteurs? «Elles rendent quand même la tâche un peu plus difficile aux pollueurs qui veulent se débarrasser de leurs déchets avec des véhicules sans être vus», soutient Peter Oggier, le directeur du parc.

«Je ne comprends pas»

Mais cela ne suffit pas à arrêter les pollueurs, soupire-t-il. Car il existe encore des routes et des chemins sur lesquels les véhicules peuvent facilement circuler. La forêt est trop grande pour être surveillée par des caméras. Et il n’existe aucune base légale correspondante.

Le directeur est désemparé. «Je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens font autant d’efforts pour contourner ce que nous mettons en place, soupire-t-il. Éliminer les déchets convenablement n’est pourtant pas si cher!» Le trajet en camionnette dans la forêt comprend aussi des obstacles. Et si quelqu’un surprend les pollueurs, ces derniers risquent d’être dénoncés par la commune compétente.

Pourquoi la forêt de Finges est-elle toujours prise pour une décharge géante par certains Valaisans? «Pendant des années, c’était une sorte de zone de non-droit, tente d’expliquer Peter Oggier. De nombreuses personnes avaient pris l’habitude d’y balancer leurs déchets sans la moindre conséquence.»

Pneus de voiture, restes de métal, emballages en plastique

Or, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Mais pour éliminer les adeptes de ce littering, il faut à Peter Oggier une armée de bras. Depuis de nombreuses années, des dizaines de volontaires se rendent sur place en avril pour passer la forêt au peigne fin.

Samedi dernier, plus de 80 personnes sont venues de tout le pays pour aller nettoyer la forêt à Loèche (VS). De là, les volontaires ont parcouru les bois en groupes pour ramasser les déchets, armés de sacs-poubelle, de gants et de grandes pinces en bois. Les bénévoles ont déposé les sacs pleins au bord du chemin, où ils ont été récupérés par des collaboratrices du parc.

«Ça m’énerve»

La journée de nettoyage dans la forêt a été dirigée par Émilie Berberat. Cette jeune naturaliste spécialisée dans l’environnement est employée par le parc naturel Pfyn-Finges. «Ça m’énerve de voir tous ces déchets dans la forêt», tonne-t-elle auprès de Blick.

Toute la matinée, la jeune femme a sillonné la forêt avec un minibus, ramassant les sacs-poubelle pleins et les amenant aux points de collecte centraux. Les grandes bennes ont été rapidement remplies et des tonnes de déchets se sont accumulées au bout de quelques heures seulement.

Depuis cette énième action bénévole, la réserve naturelle est un peu plus propre. Mais l’équipe de nettoyage sait bien qu’elle devra sans doute remettre la main à la pâte l’année prochaine.

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