Le Parti libéral-radical (PLR) Suisse a lancé jeudi sa campagne contre «Pas de Suisse à 10 millions! (initiative pour le développement durable)», un projet tout droit issu de l'Union démocratique du centre (UDC) qui, contrairement à ce que laisse penser son titre, concerne bien l'immigration.
Abandonner la «voie bilatérale» créerait une incertitude supplémentaire dans une période déjà bien tumultueuse, comme l’a déclaré le président du parti Thierry Burkart à plusieurs médias.
Crise de la main-d'œuvre
Deuxièmement, une résiliation des accords bilatéraux I, ce que réclame l'UDC, «mettrait en péril la prospérité de la Suisse, notamment parce que notre pays dépend actuellement de nombreux travailleurs étrangers.», a averti le conseiller aux Etats PLR Damian Müller. Le député a d'ailleurs lancé une attaque virulente contre l'UDC: «Nous vivons déjà une crise de la main-d'œuvre. C'est de votre faute si les patients doivent attendre plus longtemps aux urgences de l'hôpital!»
Selon lui, il en va de même lorsque des restaurants et des commerces doivent fermer leurs portes, faute de personnel. «C'est aussi de la faut de l'UDC si le chauffage ou les toilettes défectueux ne sont pas réparés pendant plusieurs semaines, s'est insurgé Damian Müller. Même certains d'entre vous reconnaissent à demi-mot qu'ils devraient fermer leur commerce sans main-d'œuvre étrangère!»
Troisièmement, le PLR estime que l'initiative risque d'entraîner une immigration d'asile supplémentaire. L'expiration des accords bilatéraux rendrait également caduque la coopération Schengen/Dublin, ce qui offrirait à 10'000 demandeurs d'asile déboutés une chance de déposer leur demande en Suisse. La Suisse deviendrait ainsi un «îlot d'asile», au sens négatif du terme.
Un contre-projet? Inutile
Les libéraux-radicaux se sont également prononcés contre un contre-projet. En effet, le comité directeur du parti est unanime sur le fait qu'aucune solution susceptible de réunir une majorité sous la forme d'un contre-projet ne verrait le jour, a déclaré Thierry Burkart.
«La population suisse a prouvé à maintes reprises qu'elle était favorable aux accords bilatéraux. C'est pourquoi il est préférable de combattre directement et intensément cette initiative. Mais si un contre-projet susceptible de réunir une majorité devait être présenté par un autre parti, nous ne fermerons pas la porte.»
Avec son initiative, l'UDC veut empêcher que la population résidente permanente ne dépasse les dix millions de personnes avant 2050. En cas de nécessité, différentes mesures seraient prises, la dernière étant la résiliation de la libre circulation des personnes. Le PLR, quant à lui, estime que le Conseil fédéral doit remplir son devoir dans la lutte contre l'immigration illégale et demande en outre une approche plus sévère.