Nouveau plan pour contrer l'UDC
Le PLR veut faire payer les nouveaux arrivants en Suisse pendant 11 ans

Le PLR tente de convaincre le PS sur une nouvelle proposition délicate qui veut contrer l'initiative des 10 millions de l'UDC. L'idée? Obliger les personnes qui s'installent en Suisse à verser une contribution annuelle.
Publié: 16.03.2025 à 22:04 heures
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L'immigration en Suisse reste trop élevée au goût de certains partis.
Photo: Keystone
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Daniel Ballmer

Les derniers projets du Parlement pour limiter l’immigration risquent de susciter des remous à Bruxelles. La Commission européenne pourrait même ouvrir une procédure contre la Suisse.

Mais pour le PLR, Le Centre et les Vert’libéraux, une chose est claire : il faut un contre-projet direct à l’initiative de l’UDC sur le plafond des 10 millions d’habitants. Cette initiative populaire a de bonnes chances d’aboutir, car la question migratoire préoccupe une grande partie de la population. Si elle était acceptée, l’immigration de main-d’œuvre européenne chuterait brusquement, mettant en péril les accords bilatéraux avec l’UE.

Le PLR propose donc une nouvelle approche : une taxe sur l’immigration. L’objectif est de réguler l’arrivée de nouveaux travailleurs tout en récoltant des fonds destinés à la population suisse. Concrètement, toute personne s’installant en Suisse devrait verser 3% de son revenu pendant onze ans. Ce dispositif pourrait générer environ un milliard de francs par an, selon les estimations relayées par les titres de CH Media.

Le conseiller national PLR, Simon Michel cherche à constituer une large coalition contre l'initiative de l'UDC. Son modèle est inspiré de la taxe de remplacement du service militaire pour les hommes inaptes au service. L’application rétroactive de la taxe sur l'immigration serait exclue, et la réglementation entrerait en vigueur dès que la population suisse atteindrait 9,5 millions d'habitants, un chiffre également mentionné comme seuil par l'initiative.

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Les PME et autres entreprises dépendant des travailleurs qualifiés ne devraient pas être pénalisées
Le président du parti Thierry Burkart
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Le président du parti, Thierry Burkart, défend le concept: «Il est important qu'il y ait réellement un effet de régulation concernant l'immigration et que la mesure profite à la population suisse dans son ensemble. » De plus, les PME et autres entreprises dépendant des travailleurs qualifiés ne devraient pas être pénalisées. Quant à une éventuelle opposition de Bruxelles, il la considère pour l'instant avec sérénité: «Nous ne devons pas nous soumettre par avance à leurs exigences.»

L'UDC et les Vert-e-s se montrent sceptiques

Le PS reste réticent, et ne s'est pas encore positionné clairement. En revanche, les Vert-e-s rejettent fermement la taxe. La présidente du parti, Lisa Mazzone la qualifie de «monstre bureaucratique» et souligne la pénurie de travailleurs qualifiés dans des secteurs tels que la santé et la construction que la taxe provoquerait.

La taxe ne suffira pas selon l'UDC

L'UDC se montre également sceptique. Son président, Marcel Dettling, estime que la taxe est inappropriée pour réduire le «stress de densité» et la pénurie de logements: «Il faut intervenir principalement dans le domaine de l'asile et la croissance incontrôlée des emplois dans l'administration publique.»

De son côté, le Conseil fédéral considère qu'une contre-proposition à l'initiative de l'UDC n'est pas nécessaire. Le ministre socialiste de la Justice, Beat Jans, propose plutôt des mesures d'accompagnement: les procédures d'asile devraient être accélérées et les femmes expatriées mieux intégrées sur le marché du travail.

Cependant, le PLR, le Centre et les Vert'libéraux estiment que cela ne suffira pas, et doutent que la population soit impressionnée par ces propositions.

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