Hôpitaux bondés, port obligatoire du masque et pénuries de médicaments, voilà des situations auxquelles le système de santé est confronté depuis des années. Aujourd'hui, les experts parlent d'un nouveau défi: un nombre record d'infections aux mycoplasmes. Celles-ci peuvent entraîner des pneumonies, surtout chez les enfants.
«En juillet et en août, nous avons eu un nombre record d'infections à mycoplasmes à l'Hôpital de l'enfance de Zurich: 39 en juillet et 53 en août», explique à Blick Patrick Meyer Sauteur, infectiologue et directeur de recherche. «Avant la pandémie de Covid-19, nous avions environ dix cas positifs par mois pendant les épidémies de mycoplasmes qui survenaient tous les un à trois ans.» Pendant la pandémie, les infections ont presque totalement disparu. Rien d'étonnant à cela: le confinement, le port obligatoire du masque et d'autres mesures ont fait effet.
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Des infections plus fréquentes
Rien n'indique que les cas deviennent plus graves en termes de pourcentage. «Actuellement, seul un tiers, voire la moitié des cas doivent être traités en milieu hospitalier. Et ce, principalement en raison du besoin supplémentaire en oxygène», explique l'infectiologue.
Mais alors, pourquoi ces chiffres records? Le médecin de préciser: «En raison des nombreuses infections, nous voyons aussi plus d'hospitalisations.»
Ces nombreuses infections pourraient justement être expliquées par les fortes mesures prises pendant la pandémie de Covid. «Depuis l'été 2023, les mycoplasmes sont réapparus après trois ans et rencontrent une population dont l'immunité contre ces bactéries est affaiblie par la longue absence de l'agent pathogène», explique l'infectiologue.
«Tousser un peu ne suffit pas pour le transmettre»
Les mycoplasmes sont des bactéries qui se multiplient plus lentement que les autres agents pathogènes. C'est pourquoi ils ne réapparaissent qu'avec un certain retard. «Nous avons eu une recrudescence massive de cas en été, mais les chiffres actuels indiquent que la situation s'atténue ce mois de septembre», explique Patrick Meyer Sauteur. La situation est suivie de très près dans le monde entier. Pour l'instant, «il n'y a pas de raison de s'inquiéter».
L'agent pathogène n'est pas très contagieux. «La transmission nécessite un contact étroit et durable, tousser une fois ne suffit pas», explique l'infectiologue.
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Comment reconnaît-on une infection des voies respiratoires par des mycoplasmes? «Souvent, toute la famille tousse. Contrairement à d'autres pneumonies, la personne malade est relativement en forme, elle n'est pas clouée au lit», explique le médecin. De ce fait, les personnes se rendent plutôt tardivement chez le médecin. «La toux dure cependant très longtemps.»
Ce sont surtout les enfants, les adolescents et les jeunes adultes qui sont touchés par les pneumonies dues aux mycoplasmes. La raison pourrait en être une réaction immunitaire renforcée. Elles sont traitées par des antibiotiques.
Les antibiotiques ne sont pas toujours nécessaires
«Il y a encore suffisamment d'antibiotiques pour traiter les mycoplasmes, ils sont d'ailleurs tous encore disponibles actuellement», écrit le pharmacien Leo Grossrubatscher de la pharmacie Dr Andres Stadelhofen. Mais la Suisse est également touchée par la pénurie mondiale de médicaments.
Cependant, même si une pénurie devait se produire, tous les patients n'ont pas besoin d'antibiotiques. A l'Hôpital de l'enfance, les médecins ne donnent des antibiotiques qu'en cas d'état général réduit, d'évolution grave et si le patient doit être hospitalisé. L'infectiologue ajoute: «L'utilisation d'antibiotiques n'est pas toujours nécessaire, cela dépend beaucoup de la gravité de la maladie.»