Repas de famille et politique
Candidat au Conseil fédéral, Martin Pfister nous accueille chez lui

Le conseiller d'Etat zougois Martin Pfister veut devenir conseiller fédéral pour le Centre. Son plus grand fan-club? Ses quatre enfants et sa femme Cacilda. Rencontre au coeur du foyer du candidat.
Publié: 05.03.2025 à 21:35 heures
«Nous sommes simplement une grande famille.» Martin Pfister entouré de sa famille élargie.
Photo: Kurt Reichenbach
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Jessica Pfister

Quelle famille! La table est dressée pour dix personnes, comme presque tous les dimanches lorsque la famille Pfister se retrouve à Allenwinden, dans le canton de Zoug. Une douce odeur de fromage flotte dans l'air, tandis que des grissini au manioc – une spécialité brésilienne – dorent dans le four. Une petite tête bouclée pique un quartier de pomme sur la table. «Vovô, tu veux une photo?», lance une voix de fillette. Vovô? C'est Martin Pfister.

«En portugais, ça veut dire grand-père», explique Cacilda Giacometti Pfister, née au Brésil, en tendant à son mari une pâtisserie. «Ma première phrase en portugais a été: 'Mon ventre est plein'», lance Martin Pfister en souriant. Avec sa femme, il parle généralement en allemand. «J'en veux aussi!», interrompt Enea, qui descend les escaliers en riant. A côté, sa fille Fabiola tient dans ses bras le plus jeune petit-fils de «Vovô», Joah, âgé seulement de huit semaines.

«Une entreprise qui n'a pas de chance»

Il y a quelques semaines seulement, le conseiller d'Etat zougois discutait de sa candidature au Conseil fédéral avec sa famille, autour de la table du salon, dans la maison familiale mitoyenne où il a grandi. Aîné d'une fratrie de trois enfants, Martin Pfister souhaitait avoir l'aval de ses proches. «Nous lui avons dit que nous le soutiendrions, quelle que soit sa décision», explique Fabiola Weibel. «Martin a bien réfléchi, comme tout ce qu'il entreprend dans la vie», ajoute sa femme Cacilda, qui tient un cabinet de massage médical à Zoug.

Le brunch dominical réunit toute la famille Pfister. En plus de la tresse, des croissants et du fromage, on y trouve aussi des grissini de manioc, une spécialité culinaire du Brésil.
Photo: Kurt Reichbach

Martin Pfister n’a déposé sa candidature à la succession de Viola Amherd que quelques heures avant la clôture des inscriptions, une démarche en accord avec sa manière de vivre. «Je voulais être sûr de ne pas m'engager dans une entreprise qui n'aurait aucune chance. C'est pourquoi j'y ai longuement réfléchi», explique Martin Pfister.

Parti comme outsider face au célèbre président de l'Union des paysans et conseiller national du Centre saint-gallois Markus Ritter, le Zougois se considère aujourd'hui comme un «challenger de taille». «Au début, le problème était que beaucoup de gens ne me connaissaient pas. Mais sur ce point, j'ai pu gagner du terrain.»

Il prend le train pour Berne le plus souvent possible afin de tisser des liens et de se rendre disponible pour tous les parlementaires. C'est d'ailleurs le principal conseil que lui a donné la conseillère aux États schwytzoise et ancienne cheffe du Parti libéral-radical (PLR), Petra Gössi: «Et surtout, ne pas me laisser impressionner.»

Martin Pfister joue du piano à queue depuis son plus jeune âge. Avec le trombone, il se produit au carnaval. «Cette année, je ne ferai qu'une brève visite.»
Photo: Kurt Reichenbach

Rencontré au carnaval

«Martin est le havre de paix de notre famille», confie Gabriela Giacometti, 32 ans, ingénieure en mécanique de formation. En se mariant à Cacilda, Martin a accueilli les deux filles aînées de son épouse. «Pour nous, il est notre deuxième papa. Que ce soit pour les devoirs ou le sport, il nous a toujours soutenues», confirme Fabiola. 

Il y a 27 ans, Martin Pfister a abordé sa future femme lors du carnaval de Baar et l'a invitée à prendre un café. Il parcourait alors les ruelles en jouant du trombone avec son groupe de guggens «Snäfuu». «En fait, je ne suis pas du tout fan du carnaval, c'est trop bruyant pour moi», raconte Cacilda. Cette Brésilienne d'origine a grandi dans l'Etat de Minas Gerais, au nord de Rio de Janeiro, et est arrivée en Suisse à l'âge de 23 ans. Au bout de trois mois, leur amitié s'est transformée en véritable amour.

Dans le salon, Martin Pfister sort son trombone. Même avec ce cuivre, le politicien d'1,90 mètre joue avec douceur, préférant le jazz du maître Abdullah Ibrahim, dont il apprécie aussi écouter sa musique. Dans sa bibliothèque, outre les romans de Zadie Smith ou de T. C. Boyle (ndlr: l'écrivain préféré de Martin Pfister), on trouve des dizaines de livres historiques. «Chaque soir, avant de dormir, je lis une demi-heure. En ce moment, je lis le dernier roman de Joël Dicker pour améliorer mon français», explique Martin Pfister, qui a étudié la Germanistique et l'Histoire à l'université de Fribourg et a ensuite travaillé comme collaborateur scientifique auprès de l'expert du Conseil fédéral Urs Altermatt.

Le père de Martin Pfister – ancien rédacteur du journal catholique et conservateur «Zuger Nachrichten» – était historien. «J'ai passé la moitié de mon enfance dans des musées, cela m'a certainement marqué», raconte Martin Pfister. «Papa est une encyclopédie ambulante», résume sa fille Isabel, qui étudie le droit à l'université de Berne. Son fils Samuel acquiesce. «Si on pointe une étoile, il nous dit à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur l'astronomie.»

«La distance entre la fermeture éclair et le revers est correcte», explique le colonel Martin Pfister. Son fils Samuel vient d'achever son cours de répétition.
Photo: Kurt Reichenbach

Le jeune homme de 23 ans vient de terminer son premier cours de répétition. Précédemment, il a effectué un an et demi de service dans l'infanterie et est aujourd'hui officier – son père porte le grade de colonel. «J'aime beaucoup être dans l'armée. Mais comme il y a des problèmes au niveau de l'équipement, beaucoup de gens sont mécontents», déplore Samuel. Il espère que son papa devienne le prochain chef du DDPS. «Le plus urgent, c'est de rétablir notre capacité de défense au plus vite, argumente Martin Pfister. C'est aussi essentiel pour ceux qui effectuent leur service et qui seraient en première ligne en cas d'urgence.»

Et quelle est sa motivation pour le poste de conseiller fédéral? «J'ai toujours aimé prendre des responsabilités!» Chez les scouts, Martin Pfister, alias Hecht, a dirigé à 18 ans un camp de 90 participants. A l'armée, il a été chef de l'aide en cas de catastrophe dans la division territoriale 3. «J'ai appris à penser de manière systématique et à gérer la pression, ce qui m'a beaucoup aidé, notamment lors de la pandémie.» L'ex-chef du Parti démocrate-chrétien zougois (PDC, fusion en 2021 avec le PBD pour créer le Centre), qui dirige la direction de la santé depuis 2016, l'a vécue de près. Il a reçu, à l'époque, des éloges pour son travail de la part du conseiller fédéral Alain Berset en personne.

Voiture électrique et panneaux solaires

Les politiciens zougois font confiance à Martin Pfister pour occuper le poste de conseiller fédéral, et même au-delà des frontières des partis. «C'est un type réfléchi et impassible en qui on a confiance», déclare le conseiller aux États PLR Matthias Michel, qui a siégé au gouvernement avec Martin Pfister. Au sein d'un comité, il a un effet (r)assembleur: il construit les ponts nécessaires entre et avec les cantons.

«Martin Pfister est un homme très sociable. J'apprécie chez lui le fait qu'il mène une politique relativement calme», déclare Luzian Franzini, conseiller cantonal et coprésident de l'Alternative – les Vert-e-s. Ce qui lui plaît moins, c'est qu'il est un défenseur obstiné de la politique fiscale zougoise. «La politique fiscale zougoise est vieille de 100 ans, elle a donc sa propre histoire», précise Martin Pfister en montant dans sa Volkswagen électrique. «Ce qui compte, c'est de garantir un équilibre, même dans un canton économiquement prospère. Cela passe notamment par des primes d'assurance maladie relativement basses, un enjeu pour lequel je me mobilise.»

«A Zoug et à Baar, les gens me motivent comme si je participais aux matches olympiques», confie Martin Pfister en faisant son jogging sur la tour de la boucle de Baar.
Photo: Kurt Reichenbach

Martin Pfister se rend à Schlaufensteg Baar pour un jogging. Il raconte comment il a rénové sa maison pour améliorer son efficacité énergétique et installé des panneaux solaires sur son toit. Pour évacuer la pression de la politique, Martin Pfister essaie de courir deux fois par semaine pendant 45 minutes. Avec sa femme, il aime se promener sur le Zugerberg ou à Einsiedeln. Cet été, il a également prévu de faire un long voyage au Brésil. «Bien sûr, ce voyage est incertain», confie Martin Pfister. Et les dimanches avec la famille élargie? «Vovô» veut les conserver, même s'il devient conseiller fédéral.

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