En démissionnant du Conseil fédéral le 15 janvier dernier, Viola Amherd ne se doutait probablement pas que lui trouver un remplaçant serait si... mou. Le Centre a eu toutes les peines du monde à motiver ses troupes, entre désistements et désintérêt.
Le 12 mars, le choix se portera ainsi soit sur Markus Ritter, conseiller national saint-gallois, soit sur Martin Pfister, conseiller d'Etat zougois. L'élu reprendra un département de la défense (DDPS) entaché de scandales et de fiasco, qui n'a pas paru intéresser les favoris du Centre.
Porte ouverte à tous les citoyens
Pourtant, des citoyens lambdas, sans parti ni expérience, ont envie de s'y frotter. C'est le cas du Genevois Alexandre Brahier et de la Fribourgeoise Ebby Guirao. Blick les a rencontrés pour en savoir plus sur leurs motivations.
On ne le sait pas forcément, mais la fonction est légalement accessible à tous les citoyens suisses. Et la marche à suivre est enfantine... Il suffit d'envoyer une lettre aux services du Parlement. La Chancellerie fédérale ne vérifie pas la validité des candidatures, puisqu'il n'y a qu'une seule condition: être suisse. Pas même besoin, par exemple, d'avoir un casier judiciaire vierge.
Par ailleurs, le contenu de la missive est totalement libre. «Certains candidats transmettent de gros dossiers, d'autres, une simple lettre, dévoile Karin Burkhalter, porte-parole des services du Parlement. Il n'y a pas de règle fixe. Ils reçoivent ensuite une confirmation.»
Indifférence générale
Cela peut sembler surprenant. Mais en réalité, la seule chose précisée dans la Constitution est que chaque Suisse et Suissesse peut candidater. Cette année, 40 indépendants l'ont fait. Et ils doivent tous se débrouiller pour faire connaître leur identité au public.
Les services du Parlement prennent le relai dès qu'un candidat obtient 10 voix. Là, son nom est rendu public. En dessous, les indépendants sont inclus dans un décompte intitulé «divers». Le jour de l'élection, les 246 députés des deux Chambres peuvent consulter les dossiers de ceux qui se lancent en solo, dans une pièce.
Mais les parlementaires ont-ils de la curiosité pour ces gens, constitutionnellement en droit de se présenter? Les dossiers sont-ils consultés, au moins par les plus appliqués des élus? Il paraîtrait que non. «Pour être franc, ces candidatures suscitent l’indifférence», confirme Olivier Feller, catégorique. Il se peut que quelques parlementaires, à titre individuel, en prennent connaissance le jour J», ajoute le conseiller national vaudois PLR, en poste depuis 13 ans.
L’expérience politique, passage obligé
Le libéral-radical développe: «L'enjeu d'une élection au Conseil fédéral n'est pas là. Beaucoup de parlementaires choisissent l'une des personnes proposées par les groupes. Ceux qui souhaitent s'écarter de ces propositions se tournent vers des personnalités qui ont une expérience politique à leur actif», assure Olivier Feller.
Son collègue socialiste Roger Nordmann, qui vient d'annoncer sa démission du Parlement après 20 ans de service, partage son avis. «Au Conseil fédéral, il faut des personnalités connues et expérimentées en politique. Ça ne peut pas être un égotrip, d'autant qu'il faut s'insérer dans une équipe».
Olivier Feller identifie également une contradiction dans l'idée de n'avoir jamais été élu, et de vouloir l'être... par des élus. Or, la Suisse n'est pas près d'ôter cette prérogative des mains de l'Assemblée fédérale. En 2011, une initiative de l'UDC proposait que le Conseil fédéral soit élu par le peuple. Peuple qui l'a rejetée à 76,3%.