C’est l’histoire d’un apéro politique signé Union démocratique du centre (UDC), qui se solde par une pluie de cailloux, lancés sur les politiciens par une bande de jeunes venus en découdre avec le parti bourgeois. C’est du moins le récit que relate un communiqué de l’UDC Genève, publié jeudi. Un élu — le député-suppléant Daniel Noël — aurait particulièrement été pris pour cible.
Voici la version des faits du parti conservateur. Nous sommes le mercredi 4 octobre, il est environ 20h. L’élu précité arrive à l'«apéro-échanges» organisé par la section genevoise de sa famille politique, dans le cadre de la campagne pour les élections fédérales du 22 octobre. L’événement a lieu dans un restaurant situé vers l’Esplanade des Récréations, à Meyrin. Daniel Noël n’est pas en avance. Il repartira escorté par des agents de police.
Blick a recueilli son témoignage. «À la fin de l’événement, je reste papoter avec les personnes présentes, glisse-t-il au bout du fil. Il n’y a plus grand monde, à ce stade. D’un coup, j’entends quelqu’un crier: 'ils sont où les politiciens?'… » La surprise, puis l’inquiétude. «Je me retourne et me rends compte qu’un jeune homme casqué se tient à trois mètres de moi. Il se rapproche d’un air déterminé, en proférant des menaces. Je ne me souviens plus exactement de ce qu’il a dit.»
Daniel Noël continue son récit: «Quelques secondes plus tard, je me retrouve vraiment nez à nez avec cet individu. Je fais un pas en arrière, je me mets de biais pour éviter ce face-à-face.» Toujours selon lui, les personnes présentes auraient alors tenté de maîtriser la situation: «Quelqu’un lance à l’intrus: 'calme-toi, ils sont tous partis, les politiciens'.» L’injonction, mensongère mais dissuasive, semble fonctionner: après avoir entendu ces mots, le groupe se serait éloigné.
Des cailloux et des jeunes
Mais l’incident ne se serait pas arrêté là. La bande serait revenue à la charge… avec des cailloux. «Quatre ou cinq minutes plus tard, des petites pierres nous arrivent dessus, raconte encore le député-suppléant. J’en reçois sur le pantalon, un collègue est touché à la tête.» La troupe aurait ensuite pris la fuite. Pour de bon, cette fois. Plus de peur que de mal, au final. Mais l’épisode n’est pas anodin.
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«Notre premier réflexe a été d’appeler la police municipale, embraie Daniel Noël. Comme elle a tardé à venir, on a contacté les agents du canton. Lorsqu’ils ont débarqué, la bande était déjà partie. Les policiers m’ont donc simplement escorté hors du quartier — j’avais peur de retomber sur les malfrats en rentrant chez moi.»
Masqués et mineurs?
Qui étaient ces individus? Ont-ils revendiqué quelque chose? «Je peux seulement vous dire qu’ils étaient six ou sept.» Tous «casqués», d'après le communiqué de l'UDC. «Ils avaient l’air d’être très jeunes, estime Daniel Noël. Je pense que la personne qui m’a menacé, en particulier, était un mineur.»
Contactée, la police de Genève confirme être intervenue le mercredi 4 octobre sur l’Esplanade des Récréations. Sa porte-parole Tiffany Cudré-Mauroux précise: «Peu avant 21h30, nos services ont été requis sur les lieux […] en raison d’individus ayant des comportements menaçants. Ceux-ci auraient jeté des pierres sur les personnes présentes sur la terrasse d’un établissement public. Trois véhicules de police se sont rendus sur place. À leur arrivée, les individus avaient déjà quitté les lieux. Une enquête est en cours. Elle permettra d’éclaircir les événements ayant eu lieu.»
À noter que dans le communiqué de presse qui traite de l’incident, l’UDC Genève dénonce par ailleurs une tentative de «lapider» Daniel Noël et un autre membre du parti. Celui qui est aussi suppléant du Bureau du Conseil municipal à Vernier a quant à lui des mots moins hyperboliques. Il regrette surtout que «ces jeunes n’aient pas mieux à faire». Cette présumée attaque aux cailloux ne l’a pas laissé indifférent, quant au sort des ados des quartiers périphériques de Genève: «Tout ça m’a donné l’impulsion de relancer l’idée d’un espace réservé à la jeunesse, y compris la plus démunie, à Vernier.»