«La ville doit intervenir», a déclaré en septembre à Blick Naïm Hoxha, propriétaire du Legend Bar. Selon lui, la situation s'aggrave de jour en jour.
De plus en plus de dealers et de toxicomanes s'entassent désormais dans le centre de la 2e ville vaudoise. «Mes serveuses ont peur et demandent à être ramenées chez elles ou à leur voiture le soir, poursuit Naïm Hoxha. Pourtant, toute personne en Suisse devrait pouvoir aller et venir au travail sans craindre d'être agressée.»
«Tu peux crever sans que personne ne s'en soucie»
De jeunes hommes, dont beaucoup viennent de pays d'Afrique, s'arrêtent à proximité du théâtre Benno Besson. Ils se rassemblent sous le pavillon et se répartissent sur les bancs. Courent dans tous les sens. Ils auraient des attitudes «agressives», selon le propriétaire du bar. Les drogues en sont responsables, et en premier lieu: le crack. Cette substance composée de cocaïne et de bicarbonate de soude agit en quelques secondes. Certains toxicomanes la consomment plusieurs fois par jour. Au début, la drogue stimule le sentiment de bonheur, mais ensuite, c'est la déprime. Les consommateurs peuvent alors avoir des idées délirantes et devenir agressifs. «Si cela continue, j'envisagerai de fermer le soir ou même de vendre mon bar», confie Naïm Hoxha.
Katia, souffrant de toxicomanie, est également effrayée par ce changement. «Cela n'a jamais été aussi brutal qu'aujourd'hui. Depuis que le crack est consommé, il y a énormément de violence. Tu peux crever sans que personne ne s'en soucie», dit-elle à la SRF.
Des cachettes et des voies de fuite
«Il n'y a pas de réel danger pour la population», rassure Marc Dumartheray, commandant de la police du Nord vaudois. «Il est aujourd'hui extrêmement rare que des dealers ou des toxicomanes s'en prennent à des citoyens.» Selon lui, cela s'explique aussi par le fait qu'il y a plus d'agents en service autour du hotspot de la drogue. Malgré tout, les dealers n'ont pas disparu. Ils ont leurs chemins, leurs cachettes. «Il y a toutes sortes de moyens de transport ici. Des trains, des bus, des parkings pour les clients qui veulent acheter de la drogue. De plus, la place offre des cachettes et des voies de fuite.»
Les autorités tentent d'endiguer l'enfer du crack. Le tristement célèbre kiosque des Près-du-Lac, connu sous le nom de «kiosque rouge», a été fermé. Un important lieu de transbordement a ainsi disparu. Mais les dealers et les toxicomanes n'ont pas diminué pour autant.
Un lieu sûr pour les consommateurs
Ruben Ramchurn, ex-figure de l'Union démocratique du centre (UDC) vaudoise, veut changer cela. Le conseiller municipal a des projets radicaux et mène une véritable campagne de guerre sur la toile contre les personnes de nationalité étrangère qui se pressent sur la place. «Nous devons éloigner les dealers du centre-ville et mettre fin au tourisme de la drogue en limitant l'accès aux structures municipales aux habitants de la région et en engageant des services de sécurité privés qui n'ont pas peur du contact. Tant que la majorité de gauche en place refusera cela, rien ne changera», s'insurge-t-il dans un entretien avec Blick.
La municipalité a mis en garde contre de telles actions dans un communiqué publié mi-septembre. Faire appel à des entreprises privées pour mettre fin à la scène de la drogue par la force n'est pas la bonne approche. C'est également l'avis de Katia. Il est essentiel de créer un lieu sûr pour les consommateurs. «Avec un lieu dédié, on n'aurait pas tous les problèmes de la scène ouverte.»