Brigitte Hauser-Süess, l'incontournable
Viola Amherd a-t-elle démissionné à cause du départ de sa conseillère favorite?

La ministre de la Défense Viola Amherd a annoncé mercredi à la surprise générale sa démission du Conseil fédéral. Une décision qui survient quelques semaines seulement après le départ de son influente conseillère Brigitte Hauser-Süess. Dès lors, faut-il y voir un lien?
Publié: 06:15 heures
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Dernière mise à jour: 07:13 heures
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Depuis le mois de décembre dernier, la ministre de la Défense Viola Amherd doit se passer de son «ombre». Le départ de Brigitte Hauser-Süess a-t-il été l'élément déclencheur du départ de Viola Amherd?
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT
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Joschka Schaffner

Brigitte Hauser-Süess a quitté le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) il y a à peine deux semaines. Un retrait suivi mercredi par celui de son ancienne patronne, Viola Amherd, qui a annoncé mercredi qu'elle quitterait le Conseil fédéral au mois de mars. Faut-il dès lors lier le départ de la ministre de la Défense à celui de sa conseillère personnelle?

En 2018, année de l'élection de Viola Amherd au Conseil fédéral, Brigitte Hauser-Süess, alors conseillère de la ministre sortante Doris Leuthard, avait émis une première fois le souhait de prendre sa retraite. Issue du même canton qu'elle, le Valais, et du même parti, le Centre, la nouvelle conseillère fédérale l'avait toutefois convaincue de rester. Résultat des courses: Brigitte Hauser-Süess a conservé ses quartiers sous la Coupole fédérale pendant six ans de plus, avant de quitter définitivement ses fonctions, dans un climat de tension.

La Suisse centrale, le Valais, puis la Berne fédérale

Lucernoise d'origine, Brigitte Hauser-Süess s'est installée en Valais il y a un demi-siècle pour des raisons sentimentales. Au tournant du millénaire, elle a finalement fait ses bagages après avoir été lâchée par la section haut-valaisanne du Parti démocrate chrétien (PDC, ex-le Centre) en raison de son soutien de longue date à la proposition des délais en matière d'avortement.

«Lorsque le PDC du Haut-Valais ne m'a pas désignée pour les élections au Conseil des Etats, un changement s'imposait», a-t-elle déclaré plus tard au «Walliser Bote». Indésirable en Valais, Brigitte Hauser-Süess s'est alors installée à Berne, où elle a travaillé en tant que cheffe de la communication de l'Office fédéral des migrations, d'abord sous l'égide de la Conseillère fédérale PDC Ruth Metzler, puis sous celle du sulfureux ministre de l'Union démocratique du Centre (UDC) Christoph Blocher.

Après le départ de ce dernier en 2008, elle est devenue cheffe de l'information du Département de justice et police (DJP), alors dirigé par la conseillère fédérale du Parti bourgeois démocrate (PBD, intégré au Centre en 2020) Eveline Widmer-Schlumpf, qu'elle a ensuite suivi au Département fédéral des Finances (DFF).

Un départ en fanfare

Avec le départ d'Eveline Widmer-Schlumpf en 2015, elle est devenue la conseillère personnelle de Doris Leuthard. Un poste qu'elle a donc conservé lorsque la Conseillère fédérale argovienne s'est retirée pour laisser la place à Viola Amherd. Depuis, les deux Valaisannes ne se sont pas quittées d'une semelle, Brigitte Hauser-Süess accompagnant Viola Amherd dans quasiment tous ses déplacements.

L'influente conseillère s'est rendue indispensable au point de rendre toute perspective de retraite inenvisageable. Or, les employés de la Confédération sont obligés de se retirer à 70 ans, un âge atteint par Brigitte Hausser-Süess au mois de septembre dernier. Pourtant, Viola Amherd, s'est offert ses services durant trois mois supplémentaires, un choix qui a provoqué un petit scandale. Le DDPS – et donc le contribuable – ayant déboursé pas moins 1140 francs par jour pour rémunérer la conseillère.

Une affaire qui a fait du mal

«Madame Amherd ne peut manifestement pas se passer de sa conseillère Hauser-Süess», s'est alors insurgé Christoph Blocher dans l'émission «Teleblocher». Le paysage médiatique suisse s'est lui précipité sur les «généreuses» rémunérations des fonctionnaires fédéraux. Une affaire mal vécue par Brigitte Hauser-Süess, qui s'est dite «blessée» dans les pages du «Waliser Bote», peu avant son départ définitif en décembre.

Elle s'est ainsi défendue en assurant que tous les collaborateurs du DDPS étaient répartis dans la même classe de salaire. Selon ses dires, l'affaire n'aurait pas pris une telle ampleur si elle avait concerné un homme: «Devons-nous, nous les femmes, travailler gratuitement?», a-t-elle alors déclaré.

Si cette affaire ne peut expliquer la démission de Viola Amherd, elle ne l'a probablement pas poussée à continuer davantage. Quant au départ de Brigitte Hauser-Süess, il n'a probablement pas aidé non plus. Sans sa confidente la plus proche – son «ombre», diront certains – la ministre de la Défense et des Sports, grande passionnée de football féminin, n'aura pas tenu jusqu'à l'Euro 2025, que la Suisse accueillera l'été prochain.

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