Fin novembre, le monde entier a reçu ce qui semblait être une terrible nouvelle: des chercheurs sud-africains venaient de découvrir un nouveau variant du coronavirus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) lui donna le nom d'«Omicron». Les premières données indiquaient que cette nouvelle évolution du virus était plus contagieuse que les précédentes.
Quelques semaines plus tard, le variant domine l’actualité en Suisse. Parce que le Conseil fédéral assouplit les mesures sanitaires, et ce en dépit d'un nombre record de contaminations. Comment expliquer ce retournement de situation? Blick vous résume les derniers rebondissements de la pandémie.
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Omicron, le variant doux
«Omicron est moins pathogène que ses prédécesseurs», explique le virologue Andreas Cerny. Le variant atteint moins profondément dans les poumons que ses cousins Alpha et Delta. «Nous voyons un nombre comparativement faible de patients infectés avec Omicron dans les unités de soins intensifs ou à l’hôpital en général», rapporte le spécialiste. Selon lui, c’est la raison principale pour laquelle la Suisse – et d’autres pays – peut se permettre un nombre de cas aussi élevé.
Des études menées en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud viennent étayer ces observations: Omicron provoquerait environ 25% de cas graves en moins que Delta.
«Omicron a changé les règles du jeu, avance Andreas Cerny, car en très peu de temps, de nombreuses personnes ont acquis l’immunité.» Le virologue estime donc que la levée de la quarantaine et de l’obligation de travailler à domicile est la bonne voie.
Peut-on affirmer que la fin de la pandémie est proche? «Je l’espère bien!», lance le virologue. Mais en fin de compte, cela dépendra de la dangerosité des nouvelles évolutions du virus. Une certitude: «Omicron ne sera pas le dernier variant.»
Taux de vaccination
La Suisse a longtemps été considérée comme un mauvais élève en termes de taux de vaccination. Depuis, plus de 70% des Suisses ont reçu au moins une dose de vaccin. L’objectif d’environ 80%, évoqué au début de la pandémie, est encore loin d’être atteint.
Christoph Berger, président de la Commission fédérale pour les vaccinations, est néanmoins satisfait de la campagne de vaccination menée jusqu’à présent. Selon les chiffres de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), près de 91% des personnes de plus de 65 ans sont doublement vaccinées. 75% d’entre elles ont déjà reçu le booster. «Notre objectif principal a toujours été de pouvoir inciter le plus grand nombre possible de personnes vulnérables à se faire vacciner. Nous y sommes parvenus», se félicite Christoph Berger.
La vaccination est l’arme la plus efficace dans la lutte contre les pandémies. Les personnes triplement vaccinées sont celles qui ont le moins de risques d’être hospitalisées. De fait, la grande majorité des patients aux soins intensifs actuellement ne sont pas vaccinés.
Le variant Omicron parvient, certes, à contourner partiellement la protection vaccinale, «mais il est prouvé que le booster contribue à éviter de surcharger le service hospitalier», souligne le président de la CFV.
Immunité collective
Après presque deux années de pandémie, l’OFSP recense près de 2,3 millions de cas de Covid-19 confirmés et près de 6 millions de personnes entièrement vaccinées. «Pour revenir en mode de vie normal, il faut compter sur une immunité étendue», rappelle l’épidémiologiste Christian Althaus. Les personnes qui ne sont pas vaccinées seront tôt ou tard infectées par Omicron ou un nouveau variant qui se développerait, selon le spécialiste.
Les personnes vaccinées et guéries peuvent quand même être infectées par le coronavirus, mais à moindre risque. D’après une étude allemande, une infection post-vaccinale renforcerait encore davantage la réponse immunitaire.
Actuellement, la pandémie se caractérise par des vagues d’infection. Le virus ne va pas disparaître de nos radars de sitôt mais nous pourrions passer à une phase endémique comme d’autres maladies respiratoires. C’est-à-dire que les infections seraient limitées localement et temporellement. «Avant l’année prochaine, il est impossible d’affirmer que nous entrons maintenant dans une phase endémique», tempère Christian Althaus.
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Deux ans sous tension
Au-delà des malades, personne n’a été aussi touché par la pandémie que le personnel soignant des unités de soins intensifs. Depuis des mois, ils font des heures supplémentaires et sont confrontés à des situations difficiles. Mais il y a enfin de la lumière au bout du tunnel. «Dans l’ensemble, la situation se détend légèrement», rapporte la Société suisse de médecine intensive. Dans toute la Suisse, le nombre de nouvelles hospitalisations a diminué de moitié en l’espace de deux mois.
Mais alors que de nouveaux assouplissements sont envisagés par le Conseil fédéral, les médecins s’inquiètent de la pénurie de personnel spécialisé qui pourrait en découler.
Le poids des associations professionnelles
«Nous exigeons la levée immédiate de toutes les mesures contre le Covid. De nombreuses branches ainsi que la population souffrent énormément», avait lancé une large alliance d’associations professionnelles la semaine dernière lors d’une conférence de presse. Le Conseil fédéral a-t-il cédé devant ces pressions?
«Non, répond le politologue Claude Longchamp à Blick. Le Conseil fédéral est tout de même allé nettement moins loin que ce que demandait l’Union suisse des arts et métiers.» Avant de redéfinir les mesures Covid, la Confédération consulte à chaque fois les cantons mais aussi les associations économiques et la Task Force scientifique dédiée à l’étude du Covid.
«Les associations économiques ont gagné en influence durant cette phase de la pandémie», avance le politologue. Mais il ne perçoit pas le Conseil fédéral comme influençable: «Il reste fidèle à sa voie médiane, même avec ses dernières décisions.»
(Adaptation par Jessica Chautems)