«Beaucoup ne savent pas où garer leur voiture à l'avenir»
Les habitants d'un quartier de Bienne se révoltent contre la suppression de places de parc

À Bienne, la suppression prévue de 22 places de stationnement bleues suscite l'émoi. D'autant plus qu'il avait été promis de n'en supprimer que la moitié. Les riverains montent aux barricades.
Publié: 08.11.2024 à 13:27 heures
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Ces places de stationnement à la Krähenbergstrasse à Bienne (BE) font actuellement l'objet de nombreuses discussions.
Photo: Gina Krückl
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Gina Krückl

De nombreux citadins possédant une voiture connaissent ce problème. Après une longue journée de travail, on se réjouit de passer une soirée agréable, sur son canapé. Mais la galère se prolonge! En cherchant une place de parking, c'est déjà la troisième fois que vous passez devant votre logement… Stephan Grötzinger vit à Bienne (BE). Il ne connaît que trop bien cette situation. Et bientôt, les conditions de stationnement dans son quartier pourraient encore se détériorer.

Mi-septembre, le Conseil municipal, l'exécutif de la ville de Bienne, a annoncé la suppression de 22 places de stationnement en zone bleue de la Krähenbergstrasse, dans le quartier des Tilleuls. La raison? La rue est trop étroite pour que les voitures et les cyclistes puissent se croiser sans danger.

Comme un «itinéraire de confort pour vélos» doit y passer à l'avenir, la circulation à sens unique pour les vélos va être supprimée. Ce changement nécessite de la place, c'est pourquoi les places de stationnement vont disparaître, selon la justification de la conseillère municipale Lena Frank (Vert-e-s), directrice des travaux publics, de l'énergie et de l'environnement de la ville de Bienne. La politicienne n'y voit pas de problème, elle insiste sur l'existence d'environ 300 cases de stationnement bleues dans le quartier des Tilleuls, ainsi que 800 places de stationnement privées.

«La sécurité routière est un argument fallacieux»

Stephan Grötzinger s'étrangle face à cette justification. «Dans le périmètre concerné, il n'y a que 78 cases de stationnement bleues pour environ 165 ménages qui n'ont pas de place de stationnement privée.» Selon lui, si la situation est si tendue, c'est parce que 21 places de parc ont déjà été supprimées il y a trois ans.

Le Biennois n'est pas non plus d'accord avec le nombre total de places de stationnement mentionné dans le quartier. Selon son propre comptage, il y a environ 230 places de stationnement bleues, soit environ 70 de moins que ce que la ville indique. Sans compter les seules places de parking autour du quartier autour de la Krähenbergstrasse qui vont être détruites.

Autrement dit, les malchanceux doivent traverser tout le quartier des Tilleuls pour trouver une place libre. Pour les riverains comme le retraité Robert Favre, âgé de 87 ans, les longs trajets à pied sont contraignants. Il habite le quartier depuis 40 ans déjà. «Le stationnement a toujours été difficile ici, mais ça n'a jamais été aussi grave que maintenant», confie-t-il à Blick.

La solution de Stephan Grötzinger à ce dilemme est simple: la Waldrainstrasse, parallèle à la piste cyclable prévue, est bien mieux adaptée, car elle n'a pas de places de stationnement ni de sens unique pour les vélos. «C'est pourquoi tout le monde y circule à vélo», lance-t-il. Le riverain en est persuadé, «la sécurité routière est un argument fallacieux pour supprimer de manière générale des places de stationnement à Bienne – peu importe si cela a un sens.» Il estime que la «piste cyclable de confort» prévue à partir de 2035 devrait être déplacée dans l'autre rue.

Les riverains déçus par une promesse non tenue

Cet été encore, la commune promettait de supprimer au maximum onze des places de stationnement de la Krähenbergstrasse. L'accord entre les fonctionnaires du département des travaux publics de la ville et les représentants de l'association de quartier a été consigné dans une note officielle. On y lit: «On estime qu'au maximum la moitié des 22 cases de stationnement devront être supprimées.» Le projet de décision soumis au Conseil municipal parle lui aussi de onze places de stationnement et exclut explicitement la suppression des 22 places.

Roland Eggli-Aerni, riverain et conseiller municipal, a participé aux négociations. Il est déçu de la décision du Conseil municipal. Certes, le Parlement de la ville a décidé que les places de stationnement publiques devaient être réduites d'un tiers au cours des dix prochaines années. Mais il s'agissait principalement de places de stationnement dans le centre-ville. «Il n'a jamais été question de repousser les places de stationnement de l'espace public vers les jardins privés!»

C'est pourtant ce qui risque de se produire, selon Stephan Grötzinger. «Si les places de parking publiques disparaissent, je devrais transformer mon petit jardin en une place de parking.» Mais tout le monde n'aurait pas cette possibilité. «Beaucoup de riverains ne savent pas où ils pourront garer leur voiture à l'avenir.»

Bienne maintient sa décision

La conseillère municipale Lena Frank regrette le mécontentement des riverains. Mais pour le reste, elle conteste tout comportement fautif, la note du département des travaux publics n'étant pas juridiquement contraignante. «En outre, la réduction des places de stationnement à Bienne ne concerne pas explicitement le centre-ville.» Une adaptation du tracé de l'itinéraire cyclable ne serait pas non plus de son ressort. «L'itinéraire a été élaboré dans le cadre d'un processus et approuvé par le canton.»

Malgré tout, l'association de quartier veut continuer à se battre, elle a même lancé une pétition que plus de 500 personnes ont déjà signée. Plus de 30 plaintes de différents riverains ont été déposées auprès de la préfecture. «La ville doit s'en tenir aux accords passés et répondre enfin aux besoins de ses citoyens», conclut Stephan Grötzinger.

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