Jusqu'à mille francs par an pour les jeunes de 18 à 25 ans qui habitent Genève et qui cherchent désespérément un travail, une mesure électoraliste? La solution proposée ce lundi par la Maire socialiste de la ville du bout du Léman, Christina Kitsos, s'adressera à près de 350 jeunes et sera lancée dès décembre. Elle entend permettre aux jeunes «d'agir sur leur futur».
Le budget de l'opération — 400'000 francs — n'a visiblement pas plu au conseiller aux Etats Mauro Poggia, issu des rangs du Mouvement citoyens genevois. Il s'est exprimé en ce sens sur ses profils Facebook et LinkedIn, ironisant sur «les lobbyistes de droite» qui eux au moins ne jetteraient pas l'argent du contribuable par la fenêtre, au contraire de «l'électoralisme de gauche».
Pour le politicien élu à Berne, les élections communales genevoises, qui se tiendront les 25 mars et 13 avril prochain, ne sont pas anodines dans le timing de cette annonce. Interview de l'ancien membre du Conseil d'Etat, à la tête du Département de l'emploi de 2013 à 2021.
Mauro Poggia, donner 1000 francs par an à 350 jeunes qui peinent à trouver du travail, ça part d’une bonne intention non?
Oui, tout à fait. C'est sûr qu'avoir 1000 francs dans la poche à la fin de l'année, c'est mieux que de ne rien avoir. Mais la mesure n'est pas adaptée au but recherché. Surtout que la Ville de Genève sort de plusieurs scandales de recrutements de gens qui viennent parfois de très loin en France.
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Que préconisez-vous à la place de cette nouveauté?
Il s'agit de travailler à mettre en place des mesures pour favoriser les emplois locaux et de redonner un sentiment de dignité au travail. Quand je me suis occupé de l'Office cantonal de l'emploi, j'ai mis en place des mesures de priorité à l'emploi pour les résidents genevois en 2014. Presque toutes les communes ont accepté, sauf la Ville de Genève.
Mais justement, ces 1000 francs favorisent les jeunes qui habitent Genève, et non les frontaliers. Cela ne suffit pas au MCG que vous êtes?
Non. Les jeunes n'ont pas besoin de 80 francs par mois. Ils ont besoin d'un emploi, et d'un coup de main pour le trouver. Donner à tout-va l'argent des autres, c'est très facile. Je ne critique pas les résultats de cette mesure. On verra quand elle sera mise en place. Mais à Genève, tout le monde a droit à un salaire minimum de presque 4300 francs par mois, soit près de 55'000 francs par année. Face à un vrai emploi, 1000 francs annuels, c'est de l'aumône.
Pour vous, on est uniquement devant un procédé électoraliste?
Je ne vois pas d'autre raison. C'est pareil que de donner 200 francs à chaque rentrée pour les fournitures scolaires. C'est une manière de dire: «Regardez comme je suis généreux!» D'autant plus que ça se limite à Genève, qui n'est pas la ville la plus populaire du Canton, mais reste celle qui vote le plus à gauche.
Donc ce serait problématique...
Oui, car un jeune de Meyrin, qui a souvent bien plus de difficultés financières qu'un Genevois du même âge, n'aura pas droit à cette mesure. Donc ça crée des disparités d'une commune à l'autre. Ce n'est pas aux communes de faire le travail de l'aide sociale, qui est là pour distribuer l'argent. Le politique utilise l'argent du contribuable pour plaire. Ces 1000 francs, c'est la politique de la simplicité.