Jeune femme, la Bernoise Beatrice Keul (53 ans aujourd'hui) rêvait de faire carrière dans le mannequinat aux Etats-Unis et pourquoi pas de se retrouver un jour sous les feux de la rampe. Le rêve américain dans toute sa splendeur. En lieu et place, elle a vécu l'un des événements les plus sombres de sa vie.
Et pour cause. Le milliardaire américain Donald Trump — futur président des Etats-Unis — l'aurait embrassée et palpée contre sa volonté. L'opposition et la résistance de la jeune femme auraient laissé indifférent le célébrissime homme d'affaires, qui aurait poursuivi son agression 40 minutes durant.
C'est du moins ce qu'affirme aujourd'hui la Suissesse, qui s'est résolue trois décennies plus tard à rompre le silence, faisant ainsi la une des journaux du monde entier. Pour Blick, elle revient sur ces révélations fracassantes.
Une invitation pas comme les autres
Nous rencontrons Beatrice Keul à Berne, au sein du très noble hôtel Bellevue. Devant notre photographe, cette femme de 53 ans pose comme si elle était toujours mannequin. Pourtant, elle en a bel et bien fini avec cela, raconte-t-elle. A peine 24 heures se sont écoulées depuis la toute première révélation de ses accusations contre l'actuel candidat républicain à la Maison Blanche par un journal britannique.
Les faits remonteraient à 1993, soit une année après sa 3e place au concours Miss Suisse et sa qualification en finale du concours Miss Europe. Donald Trump aurait fait savoir à la Suissesse qu'il souhaitait la rencontrer et lui aurait fait parvenir une invitation. La Suisse raconte qu'elle a alors fait ses valises et qu'elle s'est envolée le 14 novembre 1993 pour le New Jersey. Là-bas, elle aurait rejoint le milliardaire, qui se trouvait à Atlantic City, dans le cadre de la promotion de son casino.
Donald Trump et Beatrice Keul se seraient ensuite rejoint l'hôtel Plaza, à New York. «Nous avons assisté à un déjeuner de presse avec une soixantaine d'invités», nous raconte la Bernoise. Le financier américain Jeffrey Epstein aurait également été présent. On apprendra que ce dernier était par ailleurs un criminel sexuel en série.
«J'étais aveugle»
Beatrice Keul explique que lors de l'événement, elle arborait une robe à paillettes qui lui arrivait juste au-dessus des genoux. «Soudain, un collaborateur s'est approché de moi et m'a dit que Trump souhaitait me voir en privé», raconte l'ancienne modèle. Comme elle avait déjà longuement discuté avec l'homme d'affaire, alors âgé de 47 ans, Beatrice Keul explique ne pas s'être méfiée outre mesure. «Trump était alors connu, je faisais confiance aux gens qui l'entouraient et j'étais aveugle.» Elle l'assure: il avait l'air très soigné dans son costume, et dégageait une aura particulière.
C'est alors que Donald Trump aurait pris la direction de l'ascenseur. «Je me suis dit, en bonne Suissesse, que ça allait être café et gâteau. Sérieusement.» Arrivée dans la chambre, elle dit avoir été «hallucinée» par la «méga-suite» du milliardaire. Mais en haut, ni café ni gâteau. «Je me suis tournée vers lui et c'est là que ç'a commencé. Il m'a tâtée et m'a embrassée», raconte la Bernoise. Elle lui aurait alors clairement opposé une fin de non-recevoir. Des décennies plus tard, elle peine toujours à retenir ses larmes.
«J'ai dû survivre encore une semaine»
Beatrice Keuls raconte qu'après l'avoir quitté, Donald Trump lui aurait demandé à plusieurs reprises si elle était en colère contre lui. Elle aurait répondu par la négative et n'en aurait plus parlé. «Finalement, je devais encore survivre une semaine. J'ai donc répondu ce que l'on voulait entendre.» Jusqu'à son départ, Trump aurait encore cherché plusieurs fois à la contacter et à s'enquérir de son état. «J'ai fait comme si de rien n'était. Puis je suis partie.»
Aujourd'hui, Beatrice Keul est de retour sous les projecteurs, après des décennies de silence. Ces derniers mois, la Suissesse a rédigé ses mémoires avec un journaliste romand. On ne sait pas encore quand le livre sera publié. Le fait que Beatrice Keul ait rendu publiques ses accusations d'abus à l'encontre de Trump une semaine à peine avant la présidentielle américaine a fait grincer de nombreuses dents. Elle le jure: elle ne soutient ni Donald Trump, ni Kamala Harris. Elle assure en outre qu'aucun parti américain ne l'a aidée, ni à titre de conseil, ni financièrement. «Je souhaite à Trump tout ce qu'il souhaite», déclare la Suissesse.
La porte-parole de Donald Trump, Karoline Leavitt, a contesté ces accusations. Elle a assuré au «Daily Mail» que ces allégations étaient «fausses» et qu'elles visaient uniquement à détourner l'attention d'accusations visant le mari de Kamala Harris, Doug Emhoff. «De fausses accusations comme celles-ci rendent un mauvais service aux femmes qui sont réellement victimes d'agressions, comme les femmes du passé de Doug Emhoff», a martelé Karoline Leavitt. Pour mémoire, l'homme de 60 ans est accusé d'avoir frappé sa petite amie de l'époque en mai 2012.