Avec Nicolas Rimoldi comme figure de proue
Le groupe coronasceptique Mass-voll à la conquête du Conseil national

Les coronasceptiques se présentent aux élections parlementaires dans plusieurs cantons. Plusieurs groupements se sont associés. Le Zurichois de Mass-Voll Nicolas Rimoldi est notamment candidat. Et ses chances d'obtenir un siège au Conseil national ne sont pas nulles.
Publié: 09.04.2023 à 12:32 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2023 à 14:47 heures
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Nicolas A. Rimoldi manifeste devant le Palais fédéral. Il veut bientôt faire de la politique au Palais fédéral.
Photo: keystone-sda.ch
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Fabian Eberhard

Pendant près de trois ans, les opposants aux mesures Covid ont lutté dans la rue contre les restrictions. Mais désormais, ils aspirent à s'engager en politique.

Le meneur de jeu est le même que durant la pandémie. Il s'agit du combattant de la liberté autoproclamé Nicolas Rimoldi, leader du groupe Mass-voll. Le jeune homme âgé de 28 ans est candidat au Conseil national du canton de Zurich. Il est en première place sur sa propre liste. «Oui, je me présente aux élections, confirme-t-il à Blick. Je veux entrer au Parlement.»

Or, en octobre 2022 encore, Nicolas Rimoldi excluait catégoriquement d'aller à Berne. Lors d'une manifestation à Winterthur, il avait crié au micro: «Mass-voll est et restera une opposition extraparlementaire. Il n'y aura pas de listes électorales. Et moi-même, je ne me présente pas!»

Référendum réussi contre la prolongation de la loi Covid

Selon Nicolas Rimoldi, on ne pouvait pas combattre un système «et vouloir soi-même avoir une part du gâteau». Mais aujourd'hui, il tient un discours très différent. «En tant que militant des droits civiques, je me sens obligé de m'engager pour le bien du pays», affirme celui qui est la figure de proue du mouvement Mass-Voll.

Selon ses propres dires, il se présenterait aux élections de cet automne pour garantir que les droits fondamentaux soient appliqués sans condition «et que la Constitution ne soit pas constamment violée de manière non démocratique par le droit d'urgence, comme durant la crise du Covid ou [le sauvetage de] Crédit Suisse».

La déclaration de guerre de Mass-voll intervient à la fin d'une semaine turbulente pour Nicolas Rimoldi et ses compagnons de lutte. Ce mardi, la Chancellerie fédérale a annoncé que le référendum contre la prolongation de la loi Covid avait abouti. Pour Mass-voll et les amis de la Constitution qui l'avaient lancé ensemble, c'est un succès important.

Cette semaine, Nicolas Rimoldi avait déjà fait les gros titres dans toute la Suisse après que la conseillère nationale des Vert-e-s Meret Schneider a posté un tweet ironique sur le coronasceptique. Alors que ce dernier demandait qu'on autorise le port dissimulé d’armes pour se défendre, la Zurichoise lui a répondu sur Twitter qu’en cas de légitime défense, elle le poignarderait «avec un couteau de poche».

Une ex-PS candidate dans le canton de Thurgovie

Une «plaisanterie» qui a mal passé. Le Zurichois a porté plainte contre la politicienne verte pour menaces. Or, tous deux pourraient désormais bientôt siéger ensemble au Parlement. Car les chances de Nicolas Rimoldi ne sont pas si mauvaises. D'un point de vue purement mathématique, il faut 2,8% des voix pour obtenir un siège au Conseil national dans le canton de Zurich. Lors des élections cantonales de février, Aufrecht, un groupe issu, comme Mass-voll, des opposants aux mesures, a obtenu 2,2%. Mais contrairement à Aufrecht, Mass-voll et surtout Rimoldi sont nettement plus connus.

Mais les militantes et militants autour de Nicolas Rimoldi ne font pas seulement pression sur le parlement du canton de Zurich. Blick le sait: le mouvement se présente dans plusieurs cantons. Et il est parfois représenté par des figures célèbres.

En Thurgovie, Barbara Müller, qui fait de la politique depuis plus de dix ans au parlement cantonal, est candidate. Après être intervenue comme oratrice lors de manifestations contre les mesures anti-Covid et avoir refusé de porter un masque dans le cortège, elle a été exclue du PS en mars 2022. Interrogée, elle déclare: «Je partage mes valeurs et la position de base de Mass-voll. Nous ne sommes pas un parti, mais un mouvement.» Elle précise encore que ces mouvements ne peuvent pas être classés sur l'échiquier politique: ils ne sont «ni à gauche, ni à droite», assure-t-elle.

Contre les «mesures de contrainte fascistes»

Dans le canton de Vaud, Mass-voll s'associe avec la juriste Michelle Cailler, qui est en première ligne dans la lutte contre la loi Covid, et en Argovie avec Roland Bühlmann, coprésident des Amis de la Constitution. «Il faut un vent de fraîcheur à Berne!», a martelé ce dernier. Des questions de détail concernant sa candidature sont certes encore ouvertes. Mais la collaboration des Amis de la Constitution avec Mass-voll a fait ses preuves.

En arrière-plan, les opposants aux mesures mènent les dernières discussions sur le nom de leur liste électorale. Selon les participants, il s'agit d'une désignation qui mentionne les deux organisations: Mass-voll et les Amis de la Constitution.

La candidature la plus prometteuse reste toutefois celle de Nicolas Rimoldi, le porte-parole des sceptiques du Covid. En cause: la notoriété que le jeune homme a acquise au niveau national pendant la pandémie. Le coronasceptique n'avait pas hésité à dire qu'il souhaitait mettre le Conseil fédéral en prison. Il fantasmait aussi sur un «soulèvement populaire» contre les «mesures de contrainte fascistes». Autant d'affirmations extrêmement engagées qui avaient fait parler du Zurichois.

Les protestataires ne forment pas un front uni

En novembre 2022, le tribunal de district de Lucerne l'a condamné, entre autres, pour avoir participé à des manifestations non autorisées et pour avoir empêché un acte officiel. Nicolas Rimoldi a fait appel de la décision et a tweeté: «Sous le régime anticonstitutionnel de Covid, ce jugement honteux est une distinction, une louange, un honneur!»

Aujourd'hui, le leader de Mass-voll souligne que le thème du Covid n'est qu'une partie de son activisme. À côté de cela, il s'engage contre la surveillance, pour des baisses d'impôts, «le démantèlement de l'administration surdimensionnée et surpayée» ainsi que pour la souveraineté de la Suisse. En fait, Nicolas Rimoldi faisait déjà de la politique avant la pandémie de Corona. Et a déjà fait des vagues à l'époque. En 2021, il a quitté le PLR après que celui-ci s'est prononcé en faveur du certificat Covid. Il s'était déjà brouillé avec le parti auparavant.

On ne sait pas encore si Mass-voll s'associera à d'autres partis. Selon Nicolas Rimoldi, on est «ouvert à cela». Mais il déclare aussi: «Nous ne sommes pas des pourvoyeurs de voix pour d'autres partis.»

Le fait que le milieu des coronasceptiques ne se présente pas uni aux élections pourrait être fatal à Mass-voll. Dans le canton de Zurich, par exemple, Aufrecht veut se présenter aux côtés de Mass-voll. Les groupes pourraient se prendre des voix les uns aux autres et finir par se cannibaliser eux-mêmes.

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