Juger les autorités sur leur gestion de la pandémie de coronavirus: c’est ce que souhaitent les initiateurs d’un texte fleuve. La principale revendication: la Confédération doit créer un tribunal spécial pour poursuivre les délits et les crimes prétendument commis dans le cadre de la pandémie de Covid-19. Il s’agirait d’ajouter pas moins de cinq pages à la Constitution fédérale.
Les coronasceptiques et les opposants aux mesures sanitaires avaient déjà annoncé cette initiative populaire à l’été 2021. La collecte de signatures devrait débuter à la fin du mois, soit plus d’un an plus tard que prévu. Pourquoi? Il aura fallu près d’un an et demi à la Chancellerie fédérale pour examiner le texte, modifié à plusieurs reprises par les initiateurs, et le traduire en français et en italien. Habituellement, le processus ne prend que trois bons mois.
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Interrogée à ce sujet, la Chancellerie fédérale précise ne pas communiquer sur les initiatives qui n’ont pas encore été publiées officiellement.
Financé par des dons
Derrière ce texte se cache un comité dont un seul membre est connu du public pour l’instant: Patrick Hofer est, selon ses propres dires, un entrepreneur dans le domaine de l’informatique. Il a été actif dans le milieu des opposants aux mesures sanitaires. Lui et ses collègues avaient notamment déposé une plainte pénale contre la directrice de l’éducation zurichoise Silvia Steiner (Centre) pour protester contre l’obligation temporaire du port du masque dans les écoles.
Interrogé par Blick, il ne souhaite pas répondre aux questions concernant sa personne et les autres membres du comité. L’initiative est financée par des dons, et supervisée par des bénévoles, explique-t-il tout de même.
Alain Berset comparé à un officier d'Adolf Hitler
Patrick Hofer s’est exprimé publiquement en 2021 lors d’une manifestation à Coire (GR). «Les responsables doivent rendre des comptes», a-t-il lancé au micro, excédé. Qu’entendait-il exactement? Il a précisé sa pensée avec un montage photo posté sur un canal Telegram anti-mesures: une image du procès de Nuremberg après la Seconde Guerre mondiale. Mais à la place d’un officier de l’armée d’Hitler, on retrouve le ministre de la Santé Alain Berset.
Les initiateurs sont notamment convaincus que les mesures imposées par la Confédération n’ont pas permis de sauver des vies, mais qu’elles ont au contraire mené à des décès. Les coronasceptiques reprochent en outre aux autorités de dissimuler la véritable ampleur des complications à la suite de la vaccination.
Une feuille de signatures démesurée
Compte tenu du fait que le temps des restrictions sanitaires est révolu, il devrait être difficile pour les initiateurs de rassembler les quelque 100’000 signatures nécessaires. Les organisations critiques à l’égard des mesures, comme Mass-Voll ou les Amis de la Constitution, ont perdu en vitesse depuis la fin de la pandémie.
La longueur de l’initiative va également compliquer le processus. Le texte complet doit figurer sur les feuilles de signatures pour informer les citoyens. Problème: cette fiche, imprimée en recto verso, est aussi grande qu’un set de table dans le cas présent. Patrick Hofer a notamment précisé qu’il n’était pas possible d’imprimer chez soi le document… à cause de sa taille.