Au début de l’année, le Conseil fédéral a annoncé une grande offensive en matière de tests. Mais au niveau cantonal, les choses sont différentes. De nombreux cantons n’ont jamais mis au point les tests à grande échelle, et certains ont même décidé d’y mettre fin, comme le canton de Berne.
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La Confédération a réagi. Elle propose des tests groupés (aussi appelés «par pooling») à tous les écoliers de Suisse. Gieri Cathomas dirige la plateforme qui se trouve à l'origine du projet, «Together We Test», et qui est lié au groupe hospitalier Hirslanden. Il ne s'en cache pas: il n’a guère de sympathie pour les directeurs de l’éducation qui tergiversent et les pédiatres qui minimisent leur rôle.
À partir de la mi-octobre, la plateforme «Together We Test» proposera des tests pour le compte de la Confédération. Comment cela fonctionne-t-il concrètement?
Nous proposons des tests PCR à bas prix pour tous dans toute la Suisse, sous forme de tests groupés dans les pharmacies, les cabinets médicaux ou chez Spitex. Ceux-ci mélangent les échantillons individuels et les envoient à l’un des 23 laboratoires publics et privés avec lesquels notre plateforme coopère.
À qui s’adresse l’offre?
Surtout aux personnes non vaccinées, ce qui inclut également les enfants de moins de douze ans. L’offre s’adresse aux particuliers comme aux institutions. Les EMS, les entreprises et les écoles sont concernés.
Il est aussi possible d’effectuer des tests réguliers…
Les cantons peuvent proposer des tests réguliers et en couvrir les coûts. Mais certains cantons, y compris les plus grands, ne participent pas au financement de ces tests. Cette lacune est désormais comblée par une solution présente au niveau national. Toutes les écoles, entreprises et institutions de soins du pays peuvent participer aux tests en commun en coopération avec des prestataires de services tels que les pharmacies, indépendamment de la politique du canton respectif.
Imaginons que je sois un directeur d’école du canton de Berne, où le gouvernement cantonal est contre les tests réguliers. Que dois-je faire pour pouvoir tester mes enfants sur une base régulière?
C’est tout simple. À partir de la mi-octobre, vous pourrez vous inscrire auprès d’une pharmacie qui nous est affiliée. Ils vous aideront à organiser les tests. Les frais de la pharmacie seront compensés par la Confédération.
Le Conseil fédéral coupe l’herbe sous les pieds des cantons…
Les concepts cantonaux se poursuivent. Notre plateforme travaille déjà avec onze d’entre eux dans ce cadre. La nouvelle offre n’est pas destinée à entrer en concurrence avec les cantons, mais en complément.
Les particuliers peuvent également participer aux tests groupés. Est-ce qu’un résultat négatif avec ce genre de test suffit pour obtenir un certificat Covid?
Si le résultat est négatif, il est possible d’obtenir le certificat Covid dans les 72 heures après la remise de l’échantillon, si le canton en question le permet.
Et si le résultat est positif?
Dans ce cas, ce n’est bien sûr pas possible. Chaque participant doit alors décider s’il veut passer un test individuel complémentaire ou non pour savoir s’il est infecté.
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Dans un test groupé, les échantillons de dix personnes au maximum sont mélangés. N’est-ce pas risqué de me retrouver, en tant que personne saine, dans un résultat de groupe positif et que je craigne d’être la personne infectée?
C’est un calcul à effectuer. Le taux de positivité dans les tests de groupe après les vacances d’été était de 2 à 3%. J’ai donc une chance d’être testé positif sur une trentaine ou une cinquantaine de tests.
Combien coûte ce test?
Pour les établissements qui y participent, la Confédération couvre entièrement les coûts. Les personnes qui se font tester individuellement paient jusqu’à cinq fois plus, certains coûtant 160 francs ou plus.
Y a-t-il encore beaucoup de tests qui se font en Suisse?
Plus de 6’000 entreprises, écoles et établissements de santé sont désormais inscrits sur notre plateforme. Depuis la fin du mois de mars, nous avons évalué plus de 300’000 groupes d'échantillons. Cela correspond à plus de deux millions de tests individuels.
Les pharmacies et les cabinets médicaux participants doivent-ils se préparer à un afflux de personnes venant se faire tester?
C’est difficile à dire. Nous sommes en pourparlers et nous espérons que la plupart d'entre eux seront prêts d’ici la mi-octobre.
L’idée n’est-elle pas que, si un maximum de gens sont vaccinés, nous aurons moins besoin de tester?
La pandémie m’a appris qu’il faut se méfier de ce genre de logique. Nous avons déjà appris plusieurs choses en ce qui concerne les tests. Regardez ce qui s’est passé après la fin des vacances d’été: le nombre de cas a augmenté massivement. Un plus grand nombre de tests aurait sans doute été utile. Il est clair que nous voulons être prêts pour la fin des vacances d’automne. C’est particulièrement vrai pour les écoles. Plus les enfants non vaccinés seront testés régulièrement, mieux ce sera. À mon avis, les directions de l’éducation ont également un devoir à cet égard.
Certains cantons estiment que les tests réguliers pour les enfants sont inutiles. Ils sont encouragés par Pédiatrie Suisse.
Tester les enfants demande un certain investissement. Et l’évolution de la maladie chez les enfants est souvent asymptomatique. Mais c’est précisément là que réside le danger. Les enfants ne vivent pas entre eux, mais avec leurs parents. Cela signifie qu’ils transmettent le virus de l’école à leurs parents, et souvent à leurs grands-parents. Pour ceux-ci, l’évolution de la maladie est très différente. Un rapide coup d’œil aux unités de soins intensifs le montre. Les pédiatres doivent également en tenir compte.
Combien de temps proposez-vous les tests groupés?
Selon l’ordonnance, la Confédération paiera les tests répétitifs jusqu’à la fin mars 2022, date à laquelle il prendra une nouvelle décision.