C'est la victoire la plus importante de la carrière d'Albert Rösti jusqu'à présent. Ce dimanche, 68,7% des Suisses et tous les cantons ont soutenu sa loi sur l'électricité. Le conseiller fédéral a également gagné contre son propre parti, qui avait décidé de s'opposer à l'initiative.
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Le prochain grand thème concernant l'énergie s'annonce en revanche bien plus serré. Bientôt, Albert Rösti présentera au Conseil fédéral le contre-projet à l'initiative Blackout. D'après les informations de Blick, le Bernois veut supprimer l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. Plusieurs sources proches du dossier le confirment.
De nouvelles centrales nucléaires?
L'initiative Blackout exige que l'approvisionnement en électricité soit garanti à tout moment et que l'électricité soit produite dans le respect de l'environnement et du climat. A cet effet, «tous les modes de production d'électricité ménageant le climat doivent être autorisés».
Le motif qui se cache derrière la formule n'est pas un secret: les initiateurs, dont font partie des politiciens de l'UDC, du PLR et du Centre ainsi que des experts en énergie, veulent donner la possibilité de construire à nouveau des centrales nucléaires. Cela n'est plus possible depuis 2017, car la Suisse avait alors dit oui à la stratégie énergétique 2050, qui comprenait leur interdiction.
Majorité probable au Conseil fédéral
Albert Rösti souhaite désormais assouplir la loi. Il l'avait déjà évoqué de manière très voilée fin décembre dans une interview accordée à Blick. Avec la loi sur la protection du climat, le conseiller fédéral a reçu un mandat à long terme de la part de la population: s'éloigner au maximum des énergies fossiles. «Pour cela, toutes les technologies doivent être prises en considération», précisait le Bernois, sous-entendant donc que l'énergie nucléaire peut être une solution.
Au Conseil fédéral, Albert Rösti devrait obtenir une majorité. Mais au Parlement, il pourrait en être autrement. Certes, l'UDC et le PLR, à l'exception de quelques dissidents, seront favorables à la suppression de l'interdiction des centrales nucléaires. Il est en revanche impensable que les Vert'libéraux, les Vert-e-s et le PS approuvent ce retour en arrière. Au Centre, les avis devraient diverger, mais les voix seront décisives.
Le président du parti, Gerhard Pfister, a déclaré à Blick que sa base était opposée à 70% à de nouvelles centrales nucléaires. Mais cela signifie aussi que 30% sont pour ou indécis – ce qui pourrait faire basculer certains politiciens du Centre du côté d'Albert Rösti. Certains d'entre eux sont convaincus que la suppression de l'interdiction ne serait de toute façon qu'une mesure de façade: personne ne construira de nouvelles centrales, peu importe ce que dit la loi.
Même un Vert soutient Rösti
Cet argument rencontre de l'écho même chez les Vert-e-s, le parti antinucléaire par excellence. «De mon point de vue, on peut supprimer l'interdiction des centrales nucléaires de la loi», déclarait mi-mai le conseiller d'Etat zurichois Vert-e-s Martin Neukom au «Tages-Anzeiger». Pour lui, une telle interdiction est superflue: «Aucun particulier n'investirait de l'argent dans une centrale nucléaire.»
Le socialiste Roger Nordmann est d'un tout autre avis: la suppression de l'interdiction serait «dévastatrice», estime le Vaudois. Au lieu de mettre toutes ses forces dans la mise en œuvre de l'extension des énergies renouvelables confirmée dimanche, «la discussion serait bloquée pendant des années par un faux débat», alerte-t-il.
Le camp antinucléaire a, quoi qu'il en soit, pris la mesure de l'importance du sujet. La Fondation suisse de l'énergie a déjà lancé un appel dimanche dans lequel Rösti est «instamment» prié de respecter la volonté de la population de sortir du nucléaire.