Les hôpitaux disparaissent les uns après les autres à la frontière allemande, entre le lac de Constance et Bâle. Rien que depuis 2017, trois des sept hôpitaux de la région ont déjà fermé leurs portes. Deux autres suivront bientôt. Et deux derniers feront place à de nouveaux bâtiments.
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Mais côté Suisse, la situation des hôpitaux est différente. On trouve ainsi une ribambelle d'hôpitaux à Bâle, à Rheinfelden ainsi qu'à Laufenburg. Le district de Zurzach, dans le canton d'Argovie, dispose également d'un hôpital, tout comme Schaffhouse et son hôpital cantonal.
Pour les frontaliers allemands, il est donc logique de se faire soigner en Suisse. D'autant plus que ça ne leur coûte pas plus cher, s'ils disposent d'une assurance prenant en charge certaines prestations.
Plus de 10% des patients sont allemands
Des milliers de citoyens allemands traversent ainsi chaque année la frontière pour se rendre dans l'un de ces centres de santé. Selon de récents chiffres, la part des patients allemands dans les hôpitaux du Fricktal et à Laufenburg en Argovie représentait environ 12% des patients en 2023. Sur 9335 patients, 1039 étaient donc d'origine allemande.
Toujours en Argovie, la moyenne des dernières années était de 16% à Leuggern, comme l'explique Oliver Blum, responsable Marketing & Communication. À Schaffhouse, 3500 patients allemands au total se sont fait soigner, dont 3000 en ambulatoire. Des chiffres restés relativement stables ces dernières années. Mais la courbe est en constante augmentation dans d'autres régions.
Les femmes enceintes sont particulièrement représentées au sein de la population allemande soignée dans les hôpitaux suisses. À l'hôpital de Leuggern par exemple, le pourcentage de mères allemandes hospitalisées pour un accouchement s'élevait à 40%. L'année dernière, 430 bébés sont également nés à la clinique gynécologique de Rheinfelden. Et environ un quart des patientes, soit 105 femmes, venaient d'Allemagne: «Les patientes et patients allemands viennent pour des troubles ou des maladies très différents, leur répartition est donc très large sur l'ensemble des cliniques et des spécialités», explique une porte-parole.
Les patients suisses se soignent rarement en Allemagne
Pour se faire soigner dans un hôpital suisse, il faut soit être assuré auprès d'une caisse maladie suisse, soit disposer d'une couverture complémentaire pour la Suisse. Sans cette couverture complémentaire, la situation doit être clarifiée au préalable avec la caisse allemande pour garantir une prise en charge des coûts. Certaines de ces caisses couvrent même les naissances en Suisse.
Comme l'explique Sibylle Augsburger Hess, responsable communication et Marketing, la prise en charge des coûts ne pose aucun problème, notamment pour les frontaliers. Ces derniers peuvent même faire assurer les membres de leur famille qui ne vivent ou ne travaillent pas en Suisse.
Malgré l'augmentation du nombre de patients, il n'y a pas de pénurie de places dans les hôpitaux suisses. Mais les caisses maladie préconisent que les patients suisses se fassent soigner en Allemagne afin de réduire les coûts. Un équilibre encore loin d'être atteint: le nombre de patients suisses à la clinique de rééducation de Bad Säckingen, par exemple, «se compte sur les doigts d'une main», explique Simone Calabrese, responsable du secteur Développement de l'entreprise et organisation.