Jusqu'à présent, le ministre de la Santé Alain Berset était resté silencieux sur l'affaire des Corona Leaks, mais il est sorti de son silence mercredi. Un enquêteur spécial avait découvert par hasard que son ex-chef de la communication avait entretenu des contacts étroits avec Marc Walder, CEO du groupe Ringier, qui éditait également Blick, durant la pandémie.
Une commission de gestion (CdG) a été créée pour clarifier quelles «indiscrétions» se sont produites et si elles avaient donné lieu à des articles dans les médias. Résultat: rien de bien concluant. Dans une interview accordée aux journaux de Tamedia jeudi, Alain Berset revient sur ses contacts directs avec le CEO de Ringier Marc Walder pendant la pandémie de coronavirus. Il insiste toutefois sur le fait qu'aucune information confidentielle n'a été partagée.
«J'étais en partie présent»
«Je savais bien sûr qu'il y avait des contacts avec le CEO de Ringier. J'étais aussi parfois présent», explique le Fribourgeois. Il souligne que l'administration fédérale a toujours eu des contacts avec les milieux qui sont concernés par les décisions ou qui peuvent apporter leur perspective. «Il [Marc Walder] s'est beaucoup intéressé à la lutte contre la pandémie et est toujours venu vers nous avec des idées», souligne Alain Berset dans l'interview.
Par exemple, Marc Walder aurait avancé l'idée d'un projet pilote de vaccination dans les grandes entreprises. «La Zurich Assurance et Credit Suisse y participait aussi, il s'agissait de plusieurs dizaines de milliers d'employés», précise Alain Berset.
Son ancien chef de communication, Peter Lauener, n'a pas seulement eu des contacts avec Marc Walder, mais aussi avec de nombreux autres acteurs du pays, des conseillers d'Etat, des détaillants ou encore des clubs sportifs.
«Oui, il y a eu des erreurs»
La CdG a noté dans son audit qu'aucune preuve n'atteste du fait que Peter Lauener aurait donné des informations au préalable aux médias. «Il n'y a pas un seul élément dans le rapport qui appuie la thèse selon laquelle des informations auraient été utilisées dans la rédaction d'articles préliminaires», appuie le ministre de la Santé.
Dans l'interview de Tamedia, Alain Berset rappelle encore une fois l'intensité exceptionnelle de la période de la pandémie. «Nous avons travaillé jour et nuit, en plus des week-ends, sous une forte pression.» Il admet que certaines choses auraient pu être faites différemment. «Et oui, il y a eu des erreurs.»
«Les noms de mes enfants étaient mentionnés»
Mais la manière dont le cas de Peter Lauener a été traité n'était pas la bonne, selon lui. «Les conséquences médiatiques et les atteintes à la personnalité sont très significatives pour lui. Le résultat de l'enquête l'a disculpé.» Cela aurait dû être davantage souligné par la CdG, estime le conseiller fédéral.
Le président de la Confédération révèle dans l'interview que les indiscrétions ont eu en partie des répercussions directes sur sa vie privée. «Ma famille a été menacée.» Un ultimatum lui aurait été lancé pour qu'il renonce publiquement à une proposition. «Les noms de mes enfants étaient mentionnés, ainsi que notre adresse privée. Et désormais, on insinue sérieusement que j'aurais moi-même organisé des indiscrétions d'une manière ou d'une autre?» Son équipe aurait vu à quel point cela l'affectait personnellement.
Dans l'interview, Alain Berset critique franchement le travail de la CdG: «J'aurais attendu une enquête ouverte.» La tâche de la Commission de gestion est de proposer des améliorations systémiques. Mais le rapport se lit comme une tentative de prouver que toutes les indiscrétions provenaient du département de l'Intérieur. «Le rapport de la CdG n'apporte pas de nouvel éclairage sur la manière dont les indiscrétions se produisent.»